Certes, elle souffre parfois du sabotage de certains agents de santé ou de l’indiscipline de faux malades qui privent de soins les vrais. Mais le véritable mal de la gratuité des soins se trouve dans l’insuffisance des mesures d’accompagnement.
Le fossé continue de se creuser entre le vœu du chef de l’Etat et la réalité de la gratuité des soins instituée à la fin de la crise post-électorale. Chaque jour, on assiste à des difficultés d’application de la mesure ici et là : insuffisance des personnels de santé pour accueillir le nombre de plus en plus croissant de patients, manque de médicaments et d’équipements dans les hôpitaux publics. Le cri de détresse du directeur du Centre hospitalier régional (Chr) de Yamoussoukro, en est une autre preuve. A cela s’ajoute un problème qui n’est pas souvent évoqué, mais dont les conséquences sont énormes. Il s’agit de l’irrégularité de l’appui aux centres de santé communautaires. Fruits des efforts conjugués de l’Etat et des municipalités qui les accueillent, ces hôpitaux, malgré leurs missions sociales, ont un fonctionnement privé. D’ordinaire, l’essentiel de leurs ressources viennent de leurs recettes quotidiennes. Ce qui leur permet bon an mal an de couvrir leurs charges. Dans le cadre de la gratuité, selon les informations fournies par des responsables de centres de santé communautaires, et attestées par des sources officielles, l’Etat aurait demandé à ces hôpitaux de prendre en charge gratuitement les malades au même titre que les hôpitaux étatiques. En raison de leur multiplicité et leur proximité d’avec les populations, ces centres communautaires étaient, en effet, indispensables dans l’application de la politique de gratuité. Autrement, les malades auraient préféré payer les soins dans leur quartier que de débourser des frais de transport plus onéreux pour des soins gratuits dans les grands hôpitaux généralement éloignés des quartiers pauvres. Pour compenser les recettes auxquelles on leur a demandé de renoncer, les patrons des hôpitaux de proximité doivent régulièrement déposer leurs états auprès de la tutelle pour être payés. Dans la pratique, la procédure de décaissement forcément interministérielle, prend parfois du temps. Conséquence, les centres communautaires sont régulièrement à cours de ressources. Cette semaine encore, des agents du centre de santé communautaire d’Attécoubé nous approchaient pour se plaindre de leurs arriérés de salaires. Aussi bien dans cette commune qu’ailleurs, cela conduit à un dysfonctionnement de la gratuité : des personnels absents, une pénurie de matériels de soins, même les plus élémentaires comme des gants ou des compresses. Ne parlons pas de médicaments.
L’argent manque
Derrière les lourdeurs administratives, se cache sans doute une insuffisance des ressources disponibles. Rien que pour les deux premiers mois (mi-avril ,mi-juin), le coût de la politique a été évalué à plus de 4 milliards de Fcfa. Des milliards pleuvent sur le régime Ouattara, mais il se trouve aussi devant une montagne de dépenses. Après avoir renoncé à 34 milliards d’impôt, au titre de l’année 2011, le pouvoir doit à la fois reconstituer une administration détruite par la guerre, et rélancer l’économie. Sur 144,8 milliards de dette intérieure dont il a hérité, il a déjà payé 80 milliards et les fournisseurs sont appelés à la patience pour les 64,8 milliards restants. Une bonne partie de l’administration redéployée attend encore le minimum pour fonctionner. La tension de trésorerie est ressentie jusqu’au sommet de l’Etat. Le Premier ministre, Guillaume Soro, le disait récemment : « certains ministres n’ont même pas encore de véhicules de service.» La situation appelle donc au réalisme.
Cissé Sindou
Le fossé continue de se creuser entre le vœu du chef de l’Etat et la réalité de la gratuité des soins instituée à la fin de la crise post-électorale. Chaque jour, on assiste à des difficultés d’application de la mesure ici et là : insuffisance des personnels de santé pour accueillir le nombre de plus en plus croissant de patients, manque de médicaments et d’équipements dans les hôpitaux publics. Le cri de détresse du directeur du Centre hospitalier régional (Chr) de Yamoussoukro, en est une autre preuve. A cela s’ajoute un problème qui n’est pas souvent évoqué, mais dont les conséquences sont énormes. Il s’agit de l’irrégularité de l’appui aux centres de santé communautaires. Fruits des efforts conjugués de l’Etat et des municipalités qui les accueillent, ces hôpitaux, malgré leurs missions sociales, ont un fonctionnement privé. D’ordinaire, l’essentiel de leurs ressources viennent de leurs recettes quotidiennes. Ce qui leur permet bon an mal an de couvrir leurs charges. Dans le cadre de la gratuité, selon les informations fournies par des responsables de centres de santé communautaires, et attestées par des sources officielles, l’Etat aurait demandé à ces hôpitaux de prendre en charge gratuitement les malades au même titre que les hôpitaux étatiques. En raison de leur multiplicité et leur proximité d’avec les populations, ces centres communautaires étaient, en effet, indispensables dans l’application de la politique de gratuité. Autrement, les malades auraient préféré payer les soins dans leur quartier que de débourser des frais de transport plus onéreux pour des soins gratuits dans les grands hôpitaux généralement éloignés des quartiers pauvres. Pour compenser les recettes auxquelles on leur a demandé de renoncer, les patrons des hôpitaux de proximité doivent régulièrement déposer leurs états auprès de la tutelle pour être payés. Dans la pratique, la procédure de décaissement forcément interministérielle, prend parfois du temps. Conséquence, les centres communautaires sont régulièrement à cours de ressources. Cette semaine encore, des agents du centre de santé communautaire d’Attécoubé nous approchaient pour se plaindre de leurs arriérés de salaires. Aussi bien dans cette commune qu’ailleurs, cela conduit à un dysfonctionnement de la gratuité : des personnels absents, une pénurie de matériels de soins, même les plus élémentaires comme des gants ou des compresses. Ne parlons pas de médicaments.
L’argent manque
Derrière les lourdeurs administratives, se cache sans doute une insuffisance des ressources disponibles. Rien que pour les deux premiers mois (mi-avril ,mi-juin), le coût de la politique a été évalué à plus de 4 milliards de Fcfa. Des milliards pleuvent sur le régime Ouattara, mais il se trouve aussi devant une montagne de dépenses. Après avoir renoncé à 34 milliards d’impôt, au titre de l’année 2011, le pouvoir doit à la fois reconstituer une administration détruite par la guerre, et rélancer l’économie. Sur 144,8 milliards de dette intérieure dont il a hérité, il a déjà payé 80 milliards et les fournisseurs sont appelés à la patience pour les 64,8 milliards restants. Une bonne partie de l’administration redéployée attend encore le minimum pour fonctionner. La tension de trésorerie est ressentie jusqu’au sommet de l’Etat. Le Premier ministre, Guillaume Soro, le disait récemment : « certains ministres n’ont même pas encore de véhicules de service.» La situation appelle donc au réalisme.
Cissé Sindou