La nouvelle est tombée comme un couperet en début de matinée du samedi dernier. Une embarcation avec à son bord six personnes dont le député-maire de Grand-Bassam a chaviré, alors qu’elle était en partance pour Ebrah, localité proche de cette cité balnéaire.
Lorsque nous arrivions à Moossou, dans la matinée de ce samedi, pour en savoir davantage, la voix nouée par l’émotion, le chauffeur de taxi qui nous conduisait au domicile familial n’a pu s’empêcher de nous parler. « Je sais que vous venez pour le député-maire.
Nous osons espérer qu’il est encore en vie sinon ce serait un vrai drame et une grande perte pour la région ». Lorsque nous descendons du taxi pour nous diriger vers la maison, à Bloussoué 2ème quartier, l’atmosphère était lourde. Femmes tout le monde avait les larmes aux yeux. On entendait tantôt des cris stridents, tantôt des sanglots ponctués de phrases en langue du terroir : « Pourquoi, pourquoi ! Pourquoi lui ! ». Nous nous frayons un chemin parmi les véhicules des Sapeurs pompiers militaires, du Samu, des agents de la Direction générale des affaires maritimes et portuaires, de la Croix rouge et de nombreux curieux venus aux nouvelles. Nous allons directement au lieu d’embarcation. Une foule dense est massée aux abords de la lagune. Renseignement pris, l’embarcation avait à son bord six personnes dont le député-maire Jean-Michel Moulod. Quatre personnes ont pu s’extraire des eaux et deux sont introuvables. Il s’agit du député-maire de Grand-Bassam et d’un mécanicien de l’embarcation. Mais comment ce drame a-t-il pu se produire ? Selon les informations recueillies auprès des riverains, ce samedi, entre 08h et 9h, Jean-Michel Moulod et cinq personnes décident de se rendre à des funérailles à Ebrah, précisément aux obsèques de Moulot Marguérite Thérèse née Abido, une parente du député-maire. Ce n’est pas à bord d’une pinasse que doit s’effectuer la traversée mais à bord d’une embarcation qui est en fait une pirogue motorisée (voir photo). Avant le départ déjà, des pépins sont constatés. Le moteur ‘‘ne répond pas’’ indique notre informateur. Finalement c’est un moteur de 40 chevaux qui est posé au lieu de 20 chevaux pour une telle embarcation. Le mécanicien du nom de Konan Kouassi Joël se joint donc aux voyageurs pour parer à d’éventuelles pannes. Tout est prêt, le moteur vrombit et la pirogue s’élance sur la lagune. Mais vu la puissance du moteur, la pirogue motorisée démarre en trombe. Elle file sur la lagune sur une distance de 7 à 10 mètres, mais vu la puissance du moteur, se met à tournoyer sur elle-même. Les passagers tiennent fortement l’embarcation qui finit par chavirer avec à son bord, ses six passagers.
C’est alors le sauve-qui-peut. Selon des témoignages recueillis en début d’après-midi du samedi, quatre personnes, à savoir Watta Abodji (protocole du député-maire), Allingué Jean-Thomas (neveu du maire), Sehr Arcadius (conducteur), Michel Tanoh (coursier) parviennent tant bien que mal à regagner la rive. Mais il nous a été difficile de les voir. Reste le député-maire, Jean-Michel Moulod et le mécanicien, Konan Joël. Le maire de Grand-Bassam à en croire certaines sources parvient à sortir la tête de l’eau et à s’agripper à la pirogue. Mais contre toute attente, il est saisi par les pieds par le mécanicien qui, dans un élan de sauvetage, se débattait sous l’eau. La nage étant une activité qui met en exergue les bras et les pieds, le maire eut toutes les peines du monde à se défaire de l’emprise du mécanicien et à nager. « C’est dans ces circonstances que s’est produit l’irréparable. Notre maire n’a pu alors sortir à nouveau la tête de l’eau surtout que le courant était très fort. », relate notre source. Le tambourineur de la génération Bloussoué, deuxième quartier, Réné Tanoh, frappe sur le tam-tam parleur. « Je demande aux ancêtres de nous aider à retrouver notre maire.
Nous espérons le voir sortir de l’eau. », pleure-t-il, le regard vers la lagune. Les équipes de secours continuent de se relayer et l’on note la présence du colonel Adama Coulibaly du Gspm (Groupement des sapeurs pompiers militaires). L’armée française et l’Onuci sont également sur les eaux. Nous apercevons, sur la rive, la veuve (Kouakou Akissi Estelle) du mécanicien, le visage hagard, les yeux remplis de larmes et scrutant la lagune. Au domicile familial du maire, situé à quelques encablures du lieu d’embarcation, c’est la consternation.
Chapelet en mains, l’on implore la Vierge Marie et le Tout-puissant. Les pleurs fusent de partout. Les enfants de l’ancien ministre des Infrastructures économiques essaient de contenir leur peine. Les personnalités politiques se succèdent au domicile du maire de Grand-Bassam. Marcel Amon-Tanoh, Ezan Akélé, Guikahué, François Amichia, etc. Idem pour les familles alliées. « Le maire a toujours utilisé la voie lagunaire pour se rendre à Ebrah.
Ce n’est pas la première fois. Qu’est-ce qui a pu bien se passer pour qu’aujourd’hui ce drame survienne ? L’Afrique a ses mystères et nous ferons tout pour savoir la vérité », indique un homme d’une cinquantaine d’années, sortant du domicile des Moulod. Et un autre de renchérir : « En passant par Bingerville, pour se rendre à Ebrah, ce n’est pas moins d’une heure, avec en sus l’impraticabilité de la route. Par voie lagunaire, c’est au plus 45mn. Et il en avait l’habitude. Vraiment dommage ». Ce samedi lorsque nous quittions les lieux, aux environs de 17h30mn, le monde continuait d’affluer au domicile de l’ancien Directeur général du Port autonome d’Abidjan. Lui qui, avant d’embarquer avait demandé à son chauffeur de lui prendre les journaux du jour pour qu’ils les lisent, ne pourra jamais le faire. A son arrivée, son patron était déjà sous les eaux. Et Jean-Michel Moulod ne pourra jamais lire ces périodiques.
Le destin en a décidé autrement. Une perte non seulement pour le monde politique mais aussi pour le monde économique, car il était un expert des affaires maritimes et portuaires.
Porté disparu, il part, laissant derrière lui trois enfants (deux filles et un garçon) et une veuve inconsolable (Odile Moulod). Le garçon, informé, présentement en mission au Tchad est confronté aux aléas des vols des compagnies aériennes.
Jean Eric ADINGRA
Lorsque nous arrivions à Moossou, dans la matinée de ce samedi, pour en savoir davantage, la voix nouée par l’émotion, le chauffeur de taxi qui nous conduisait au domicile familial n’a pu s’empêcher de nous parler. « Je sais que vous venez pour le député-maire.
Nous osons espérer qu’il est encore en vie sinon ce serait un vrai drame et une grande perte pour la région ». Lorsque nous descendons du taxi pour nous diriger vers la maison, à Bloussoué 2ème quartier, l’atmosphère était lourde. Femmes tout le monde avait les larmes aux yeux. On entendait tantôt des cris stridents, tantôt des sanglots ponctués de phrases en langue du terroir : « Pourquoi, pourquoi ! Pourquoi lui ! ». Nous nous frayons un chemin parmi les véhicules des Sapeurs pompiers militaires, du Samu, des agents de la Direction générale des affaires maritimes et portuaires, de la Croix rouge et de nombreux curieux venus aux nouvelles. Nous allons directement au lieu d’embarcation. Une foule dense est massée aux abords de la lagune. Renseignement pris, l’embarcation avait à son bord six personnes dont le député-maire Jean-Michel Moulod. Quatre personnes ont pu s’extraire des eaux et deux sont introuvables. Il s’agit du député-maire de Grand-Bassam et d’un mécanicien de l’embarcation. Mais comment ce drame a-t-il pu se produire ? Selon les informations recueillies auprès des riverains, ce samedi, entre 08h et 9h, Jean-Michel Moulod et cinq personnes décident de se rendre à des funérailles à Ebrah, précisément aux obsèques de Moulot Marguérite Thérèse née Abido, une parente du député-maire. Ce n’est pas à bord d’une pinasse que doit s’effectuer la traversée mais à bord d’une embarcation qui est en fait une pirogue motorisée (voir photo). Avant le départ déjà, des pépins sont constatés. Le moteur ‘‘ne répond pas’’ indique notre informateur. Finalement c’est un moteur de 40 chevaux qui est posé au lieu de 20 chevaux pour une telle embarcation. Le mécanicien du nom de Konan Kouassi Joël se joint donc aux voyageurs pour parer à d’éventuelles pannes. Tout est prêt, le moteur vrombit et la pirogue s’élance sur la lagune. Mais vu la puissance du moteur, la pirogue motorisée démarre en trombe. Elle file sur la lagune sur une distance de 7 à 10 mètres, mais vu la puissance du moteur, se met à tournoyer sur elle-même. Les passagers tiennent fortement l’embarcation qui finit par chavirer avec à son bord, ses six passagers.
C’est alors le sauve-qui-peut. Selon des témoignages recueillis en début d’après-midi du samedi, quatre personnes, à savoir Watta Abodji (protocole du député-maire), Allingué Jean-Thomas (neveu du maire), Sehr Arcadius (conducteur), Michel Tanoh (coursier) parviennent tant bien que mal à regagner la rive. Mais il nous a été difficile de les voir. Reste le député-maire, Jean-Michel Moulod et le mécanicien, Konan Joël. Le maire de Grand-Bassam à en croire certaines sources parvient à sortir la tête de l’eau et à s’agripper à la pirogue. Mais contre toute attente, il est saisi par les pieds par le mécanicien qui, dans un élan de sauvetage, se débattait sous l’eau. La nage étant une activité qui met en exergue les bras et les pieds, le maire eut toutes les peines du monde à se défaire de l’emprise du mécanicien et à nager. « C’est dans ces circonstances que s’est produit l’irréparable. Notre maire n’a pu alors sortir à nouveau la tête de l’eau surtout que le courant était très fort. », relate notre source. Le tambourineur de la génération Bloussoué, deuxième quartier, Réné Tanoh, frappe sur le tam-tam parleur. « Je demande aux ancêtres de nous aider à retrouver notre maire.
Nous espérons le voir sortir de l’eau. », pleure-t-il, le regard vers la lagune. Les équipes de secours continuent de se relayer et l’on note la présence du colonel Adama Coulibaly du Gspm (Groupement des sapeurs pompiers militaires). L’armée française et l’Onuci sont également sur les eaux. Nous apercevons, sur la rive, la veuve (Kouakou Akissi Estelle) du mécanicien, le visage hagard, les yeux remplis de larmes et scrutant la lagune. Au domicile familial du maire, situé à quelques encablures du lieu d’embarcation, c’est la consternation.
Chapelet en mains, l’on implore la Vierge Marie et le Tout-puissant. Les pleurs fusent de partout. Les enfants de l’ancien ministre des Infrastructures économiques essaient de contenir leur peine. Les personnalités politiques se succèdent au domicile du maire de Grand-Bassam. Marcel Amon-Tanoh, Ezan Akélé, Guikahué, François Amichia, etc. Idem pour les familles alliées. « Le maire a toujours utilisé la voie lagunaire pour se rendre à Ebrah.
Ce n’est pas la première fois. Qu’est-ce qui a pu bien se passer pour qu’aujourd’hui ce drame survienne ? L’Afrique a ses mystères et nous ferons tout pour savoir la vérité », indique un homme d’une cinquantaine d’années, sortant du domicile des Moulod. Et un autre de renchérir : « En passant par Bingerville, pour se rendre à Ebrah, ce n’est pas moins d’une heure, avec en sus l’impraticabilité de la route. Par voie lagunaire, c’est au plus 45mn. Et il en avait l’habitude. Vraiment dommage ». Ce samedi lorsque nous quittions les lieux, aux environs de 17h30mn, le monde continuait d’affluer au domicile de l’ancien Directeur général du Port autonome d’Abidjan. Lui qui, avant d’embarquer avait demandé à son chauffeur de lui prendre les journaux du jour pour qu’ils les lisent, ne pourra jamais le faire. A son arrivée, son patron était déjà sous les eaux. Et Jean-Michel Moulod ne pourra jamais lire ces périodiques.
Le destin en a décidé autrement. Une perte non seulement pour le monde politique mais aussi pour le monde économique, car il était un expert des affaires maritimes et portuaires.
Porté disparu, il part, laissant derrière lui trois enfants (deux filles et un garçon) et une veuve inconsolable (Odile Moulod). Le garçon, informé, présentement en mission au Tchad est confronté aux aléas des vols des compagnies aériennes.
Jean Eric ADINGRA