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Politique Publié le jeudi 20 octobre 2011 | Notre Voie

Arrestation du commandant Séka sans mandat d’arrêt : L’Etat de non droit s’accentue

Le commandant Anselme YapoSéka dit SékaSéka, ci-devant aide de camp de la Première dame Simone Ehivet Gbagbo, a été arrêté, le samedi 15 octobre, à l’aéroport d’Abidjan Port-Bouet. Si on peut dénoncer le caractère illégal de son arrestation en ce sens qu’il n’était pas sous mandat d’arrêt, alors qu’il était en transit, on peut, en revanche, espérer que cela apporte un éclairage sur tous les crimes dont on l’accuse sans la moindre preuve les tenants du pouvoir d’Etat.

L’actualité a été marquée en fin de semaine dernière par l’arrestation spectaculaire du commandant Anselme Séka Yapo dit Séka Séka à l’aéroport d’Abidjan Port-Bouet. L’ex-aide de camp de la première dame Simone Ehivet Gbagbo était en transit en Côte d’Ivoire quand il a été extrait de l’avion. Il était en partance pour Conakry, la capitale guinéenne. Evidemment, l’évènement, dont se réjouit le pouvoir en place, fait les choux gras de la presse pro-Ouattara. Le procureur de la République, Simplice Koffi Kouadio a même déclaré, sur les antennes de Radio France Internationale (RFI), que le commandant Séka était le militaire ivoirien le plus recherché.

On peut s’étonner de la révélation faite par le procureur de la République indiquant que l’ex-aide de camp de la première dame Simone Ehivet Gbagbo, était le militaire le plus recherché, dans la mesure où cet officier supérieur de la gendarmerie ne faisait pas l’objet de mandat d’arrêt. Au-delà même du commandant Séka, aucun militaire ivoirien ne fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la part de la justice de Côte d’Ivoire. Tous les militaires ivoiriens qui ont fui le pays après l’enlèvement du président Gbagbo par l’armée française, l’ont fait pour leur propre sécurité, et non parce qu’ils étaient particulièrement recherchés. Et le commandant Séka fait partie de ceux-là. Par contre, ce que l’on sait, c’est que le pouvoir Ouattara a engagé des négociations avec tous les militaires qui sont hors du territoire national. Ces négociations sont conduites par le ministre délégué à la défense Paul Koffi Koffi. C’est dans le cadre de ces négociations qu’une délégation de militaires en exil et conduite par le capitaine de vaisseau major, Boniface Konan, ci-devant commandant du théâtre des opérations pendant la guerre, est arrivée à Abidjan il y a plus de deux mois. L’accord qui doit être signé à ce sujet avec le gouvernement, pour permettre aux militaires en exil de rentrer, stipule que le gouvernement doit prendre une loi d’amnistie, faire la main levée sur les comptes saisis, libérer les militaires incarcérés, arrêter les poursuites judiciaires, régularité la situation administrative et financière des militaires, garantir leur intégrité physique, garantir la reprise de leurs fonctions et la mise en place d’un dispositif de sécurité pour l’accueil des militaires à la frontière.

Cet accord qui concerne également le commandant Séka, au même titre que tous les militaires exilés, n’est pas encore conclu. C’est la raison pour laquelle tous ces militaires exilés dont le commandant Séka ne sont pas encore rentrés. En attendant que cet accord soit signé, ils sont libres dans leurs mouvements à l’étranger où ils sont. C’est donc au nom de cette liberté de circuler que le commandant Séka se rendait en Guinée.
Il va sans dire que l’arrestation du commandant Séka qui était en transit en Côte d’Ivoire, et donc en zone internationale parce qu’il n’était pas sorti de l’avion, est la preuve manifeste que le pouvoir Ouattara n’est pas sincère avec les militaires avec qui il est en négociation. Et pourtant la sincérité dans les propos et le respect des engagements que prennent les uns et les autres, notamment les gouvernants doivent être des piliers importants sur lesquels la réconciliation doit reposer.
Mais malgré le caractère illégal et inélégant de l’arrestation du commandant Séka, on peut espérer qu’elle permette de faire enfin la lumière sur toutes ces affaires scabreuses de tueries dont on accuse, sans la moindre preuve, le couple Gbagbo. Car en associant le nom de l’ancien aide de camp de la première dame Simone Ehivet Gbagbo à l’affaire dite des escadrons de la mort et à l’affaire Kieffer, du nom du journaliste franco-Canadien supposé porté disparu, c’est bien le couple Gbagbo qui est visé.
On se souvient en effet que dans l’affaire dite des escadrons de la mort, le président Gbagbo avait gagné le procès qu’il avait intenté contre le journal français qui l’avait accusé sans preuve.
En tout état de cause, si la volonté du président Gbagbo était de tuer pour se maintenir au pouvoir, pourquoi choisirait-il de tuer des gens qu’on pourrait considérer, malgré tout le respect qu’on doit à leur mémoire, de menu fretins dans la famille du RDR. A savoir, le comédien Camara Yêrêfê dit H, le docteur Benoît Dacoury-Tabley et Emile Téhé. En quoi la mort de ces hommes de moindre importance lui garantirait son maintien au pouvoir? Il ressort de cette analyse que l’affaire dite des escadrons de la mort ressemble fort bien à un montage pour salir le couple Gbagbo.

Et la présomption d’innocence ?

Mais il faut pour cela une justice impartiale qui inspire confiance à tous les citoyens. Or, les conditions de l’arrestation du commandant Séka et le traitement qui lui est infligé n’augurent pas d’une justice impartiale. Dès qu’il a été arrêté dans l’avion, l’officier supérieur de la gendarmerie a été déshabillé jusqu’au slip comme un vulgaire bandit. Et pourtant, son grade de commandant et les fonctions qu’il a occupées dans ce pays commandent qu’il soit traité avec un minimum de dignité dans le respect de ses droits les plus élémentaires. Que non ! Ceux qui l’ont appréhendé étaient plus tôt préoccupés par la meilleure façon de l’humilier. Pire le commandant Séka a été déjà condamné avant d’être jugé. Outre les anciennes affaires déjà connues dont il est accablé, on l’accuse maintenant de vouloir faire libérer le couple Gbagbo avec la complicité de la Guinée. Et avant même que sa culpabilité ne soit établie par la justice, le commandant Séka est déjà condamné. Et pourtant, tout citoyen même mis aux arrêts, est toujours supposé innocent jusqu’à ce qu’il soit reconnu coupable par le juge. Cela s’appelle la présomption d’innocence. Mais cela a-t-il encore de l’importance dans une Côte d’Ivoire où la justice est plus que jamais au service des vainqueurs de la crise post-électorale ?

BogaSivori
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