«Dans le cœur de l’homme fourmille mille projets, mais le dessein de Dieu s’accomplit», disent les Saintes écritures. On a beau tout prévoir dans la vie. Mais lorsqu’on a rendez-vous avec le destin, on n’y peut rien. Cette vérité implacable, le commandant Séka Yapo Anselme l’a appris à ses dépens. Dans cet article, nous revenons sur le film de son arrestation et ceux qui y ont grandement contribué.
Samedi 15 octobre 2011. Il est 8 heures à l’aéroport d’Accra. Le commandant Séka Yapo Anselme s’apprête à embarquer sur le vol la compagnie A Sky pour la capitale de la Guinée, Conakry. Le voyage est un peu retardé. L’avion prévu pour le voyage a un problème technique. Les responsables de la compagnie aérienne ne veulent prendre aucun risque. L’appareil est purement et simplement mis à hangar pour un contrôle. Qu’à cela ne tienne. Les voyageurs veulent coûte que coûte aller à Conakry. La compagnie décide de faire voyager les passagers dans un autre aéronef. Quelques heures plus tard, après les formalités de départ, les passagers à destination de Conakry, embarquent. Le commandant Séka Anselme est du voyage. Assis en classe économique. Il a réussi à franchir les barrages sans problème grâce à de faux passeports. Deux passeports qu’il a en sa possession qui ne portent pas sa vraie identité. Tout semble bien se passer pour l’ancien aide camp de Simone Gbagbo. Sur son visage se lit une sorte de calme et de sérénité. Séka Séka est convaincu d’avoir tout prévu. Pour lui, personne ne peut l’identifier dans cet avion. Il s’est laissé pousser la barbe et a pris un peu de kilos. Le voyage se poursuit tranquillement jusqu’à l’approche des frontières ivoiriennes. Autour de midi, l’avion survole le territoire ivoirien. C’est en ce moment que les choses commencent à se gâter pour l’officier de l’armée ivoirienne. Un message est lancé à l’intention des passagers. Un imprévu est annoncé. Changement d’itinéraire. Pour des raisons techniques, l’avion doit faire une escale à l’aéroport d’Abidjan. Des plaintes fusent de partout dans l’avion. Les passagers ne sont pas contents de ce changement. En tout cas, pas du tout. Surtout l’ex-aide de camp de l’ancienne Première dame dont l’éventualité de s’arrêter pendant quelques minutes ne l’enchante pas. Il le fait savoir bruyamment. C’est l’erreur qu’il ne fallait pas commettre. Car dans l’appareil, est assis non loin de lui, un gendarme avec lequel il a fait les classes. Malgré la barbe grisonnante qui lui mange le visage, il reconnait le commandant de gendarmerie, son condisciple. L’avion, en dépit des vives protestations de quelques passagers atterrit à l’aéroport international d’Abidjan Port-Bouët. Le condisciple du commandant Séka Anselme descend ainsi que d’autres passagers. Il hésite entre laisser le chef des escadrons de la mort continuer son trajet ou le dénoncer. Après les premiers moments de tergiversation passés, son devoir de citoyen prend le dessus. Il décide d’informer les autorités. Après avoir traversé tous les postes de contrôle, le voilà dehors. Il prend rapidement son téléphone portable et compose le numéro d’un responsable politique qu’il connait bien, membre influent du parti au pouvoir. A l’autre bout du fil, son interlocuteur croit dans un premier temps à un canular. Mais sur l’insistance du condisciple du commandant Séka Séka, il commence à prendre l’information au sérieux. Son interlocuteur est, au moment du coup de fil, en compagnie d’un officier supérieur de la gendarmerie nationale. Ca tombe bien. Il lui passe le téléphone. Le gendarme qui a reconnu Séka Séka lui répète l’information, cette fois-ci, avec force détails. L’officier sent qu’il a affaire un vrai informateur et décide de vite agir. Il appelle aussitôt au commandement supérieur et demande à un commando de se rendre immédiatement à l’aéroport. Dans le même laps de temps, les autorités policières de l’aéroport sont alertées. L’ordre est lancé pour que l’avion soit immobilisé au sol. Le commissaire Touré et ses hommes appuyés de gendarmes investissent le tarmac, montent l’échelle de coupée. Ils font irruption dans l’avion sous les regards à la fois surpris et apeurés des occupants. Après quelques minutes de fouille, le commandant Séka Yapo Anselme est formellement identifié. Il est prié de descendre de l’avion. Après quelques hésitations, il s’exécute. A 14 heures, la nouvelle de son arrestation fait rapidement le tour de l’aéroport. Des badauds accourent de partout pour venir voir celui dont le nom est associé à beaucoup de crimes de sang en Côte d’Ivoire. Le passager d’Accra est emmené au poste police de l’aéroport. Il est mis nu et fouillé comme l’exige la procédure. On trouve en sa possession la forte de 10 mille euros, soit environ 7 millions de FCFA. Après les premières modalités au commissariat de la police de l’aéroport, l’ex-aide de camp de Simone Ehivet Gbagbo est conduit manu militari hors de l’espace aéroportuaire. Sous bonne escorte pour une destination gardée sécrète. La cavale de l’un des hommes les plus recherchés en Côte d’Ivoire venait de prendre ainsi fin. Désormais, il appartient à la justice qui a lancé contre lui un mandat d’arrêt international, de faire toute la lumière sur les nombreux crimes dont il est accusé.
Jean-Claude Coulibaly
Samedi 15 octobre 2011. Il est 8 heures à l’aéroport d’Accra. Le commandant Séka Yapo Anselme s’apprête à embarquer sur le vol la compagnie A Sky pour la capitale de la Guinée, Conakry. Le voyage est un peu retardé. L’avion prévu pour le voyage a un problème technique. Les responsables de la compagnie aérienne ne veulent prendre aucun risque. L’appareil est purement et simplement mis à hangar pour un contrôle. Qu’à cela ne tienne. Les voyageurs veulent coûte que coûte aller à Conakry. La compagnie décide de faire voyager les passagers dans un autre aéronef. Quelques heures plus tard, après les formalités de départ, les passagers à destination de Conakry, embarquent. Le commandant Séka Anselme est du voyage. Assis en classe économique. Il a réussi à franchir les barrages sans problème grâce à de faux passeports. Deux passeports qu’il a en sa possession qui ne portent pas sa vraie identité. Tout semble bien se passer pour l’ancien aide camp de Simone Gbagbo. Sur son visage se lit une sorte de calme et de sérénité. Séka Séka est convaincu d’avoir tout prévu. Pour lui, personne ne peut l’identifier dans cet avion. Il s’est laissé pousser la barbe et a pris un peu de kilos. Le voyage se poursuit tranquillement jusqu’à l’approche des frontières ivoiriennes. Autour de midi, l’avion survole le territoire ivoirien. C’est en ce moment que les choses commencent à se gâter pour l’officier de l’armée ivoirienne. Un message est lancé à l’intention des passagers. Un imprévu est annoncé. Changement d’itinéraire. Pour des raisons techniques, l’avion doit faire une escale à l’aéroport d’Abidjan. Des plaintes fusent de partout dans l’avion. Les passagers ne sont pas contents de ce changement. En tout cas, pas du tout. Surtout l’ex-aide de camp de l’ancienne Première dame dont l’éventualité de s’arrêter pendant quelques minutes ne l’enchante pas. Il le fait savoir bruyamment. C’est l’erreur qu’il ne fallait pas commettre. Car dans l’appareil, est assis non loin de lui, un gendarme avec lequel il a fait les classes. Malgré la barbe grisonnante qui lui mange le visage, il reconnait le commandant de gendarmerie, son condisciple. L’avion, en dépit des vives protestations de quelques passagers atterrit à l’aéroport international d’Abidjan Port-Bouët. Le condisciple du commandant Séka Anselme descend ainsi que d’autres passagers. Il hésite entre laisser le chef des escadrons de la mort continuer son trajet ou le dénoncer. Après les premiers moments de tergiversation passés, son devoir de citoyen prend le dessus. Il décide d’informer les autorités. Après avoir traversé tous les postes de contrôle, le voilà dehors. Il prend rapidement son téléphone portable et compose le numéro d’un responsable politique qu’il connait bien, membre influent du parti au pouvoir. A l’autre bout du fil, son interlocuteur croit dans un premier temps à un canular. Mais sur l’insistance du condisciple du commandant Séka Séka, il commence à prendre l’information au sérieux. Son interlocuteur est, au moment du coup de fil, en compagnie d’un officier supérieur de la gendarmerie nationale. Ca tombe bien. Il lui passe le téléphone. Le gendarme qui a reconnu Séka Séka lui répète l’information, cette fois-ci, avec force détails. L’officier sent qu’il a affaire un vrai informateur et décide de vite agir. Il appelle aussitôt au commandement supérieur et demande à un commando de se rendre immédiatement à l’aéroport. Dans le même laps de temps, les autorités policières de l’aéroport sont alertées. L’ordre est lancé pour que l’avion soit immobilisé au sol. Le commissaire Touré et ses hommes appuyés de gendarmes investissent le tarmac, montent l’échelle de coupée. Ils font irruption dans l’avion sous les regards à la fois surpris et apeurés des occupants. Après quelques minutes de fouille, le commandant Séka Yapo Anselme est formellement identifié. Il est prié de descendre de l’avion. Après quelques hésitations, il s’exécute. A 14 heures, la nouvelle de son arrestation fait rapidement le tour de l’aéroport. Des badauds accourent de partout pour venir voir celui dont le nom est associé à beaucoup de crimes de sang en Côte d’Ivoire. Le passager d’Accra est emmené au poste police de l’aéroport. Il est mis nu et fouillé comme l’exige la procédure. On trouve en sa possession la forte de 10 mille euros, soit environ 7 millions de FCFA. Après les premières modalités au commissariat de la police de l’aéroport, l’ex-aide de camp de Simone Ehivet Gbagbo est conduit manu militari hors de l’espace aéroportuaire. Sous bonne escorte pour une destination gardée sécrète. La cavale de l’un des hommes les plus recherchés en Côte d’Ivoire venait de prendre ainsi fin. Désormais, il appartient à la justice qui a lancé contre lui un mandat d’arrêt international, de faire toute la lumière sur les nombreux crimes dont il est accusé.
Jean-Claude Coulibaly