C’est devenu une réalité. Ce rêve longtemps caressé par l’équipe du président Guy M’Bengue, de l’Apexci, vient de prendre forme. La Côte d’Ivoire est à nouveau éligible à l’Agoa (African Growth and opportunity act) après l’avoir perdue en 2004 suite aux évènements socio-politiques de cette période. Guy M’Bengue, Coordonnateur de la Taskforce Côte d’Ivoire back to Agoa et négociateur en Chef pour la partie ivoirienne voit ainsi ses efforts récompensés. Son message, soutenu par l’équipe du président Alassane Ouattara a été entendu par les autorités américaines. Et le mardi dernier sous le coup de 18h Gmt, le président Obama a signé un décret autorisant la Côte d’Ivoire à figurer sur la liste des pays éligibles à l’Agoa, en même temps que le Niger et la Guinée-Conakry. Mais que gagne la Côte d’Ivoire avec cette éligibilité ? Selon plusieurs experts du monde du commerce, les entreprises ivoiriennes pourront exporter à nouveau vers le marché américain avec des tarifs préférentiels. La Côte d’Ivoire réapparaît automatiquement dans les radars des investisseurs internationaux. Surtout les américains avec la banque Eximbank qui s’occupe de l’import-export. Les Etats Unis s’ouvrent ainsi à la Côte d’Ivoire et c’est en cela que la certification de l’aéroport internationale Félix Houphouët-Boigny va booster les échanges et les Américains entendent s’y impliquer selon certaines indiscrétions. La (re) éligibilité de la Côte d’Ivoire est un avantage inestimable pour un pays dont l’économie a été sinistrée par neuf années de crise. Les pays admissibles peuvent exporter des milliers de produits aux États-Unis en franchise de droits de douane. La loi couvre près de 6.500 produits, allant des vêtements aux automobiles en passant par les chaussures et les fruits. Tout cela va faciliter l’intégration de la Côte d’Ivoire dans l’économie mondiale. En 2002, la Côte d’Ivoire qui bénéficiait de l’Agoa avait réalisé, près de 49 millions de dollars américains d’exportation vers les Etats Unis (environ 25 milliards de FCFA). Avec les exportations des produits vers les États-Unis hors tarifs de douane, l’Agoa devient une mesure incitative pour l’amélioration du climat général des affaires et des investissements. Donc une réduction de la corruption (tout le monde aura les yeux rivés sur la Côte d’Ivoire), le renforcement des infrastructures et l’harmonisation des normes commerciales afin que les entreprises ivoiriennes puissent devenir plus concurrentielles sur le marché mondial. C’est aussi un signal fort pour le retour de plusieurs institutions et organismes internationaux en Côte d’Ivoire. Si les Américains acceptent de commercer avec la Côte d’Ivoire, qui d’autre refusera de le faire. Il faudrait donc s’attendre assez rapidement par exemple au retour de la Bad, l’Icco (Organisation internationale du cacao à et l’Oiac (Organisation interafricaine du café) en Côte d’Ivoire parce que beaucoup de négociations sont en cours. La Côte d’Ivoire dont l’industrie textile occupe une place prépondérante en Afrique de l’Ouest pourra aussi jouir de ses tarifs préférentiels. L’admission de la Côte d’Ivoire se traduira donc par une meilleure compétitivité et des retombées importantes en termes d’emplois. Une aubaine pour l’économie ivoirienne, pour le développement de la Côte d’Ivoire. Les secteurs privé et public, dans le cadre d’investissement direct étranger pourraient bénéficier d’une centaine de milliards de nos francs pour le renforcement des capacités. L’éligibilité de la Côte d’Ivoire à l’Agoa ouvre aussi de bonnes perspectives pour l’éligibilité au Millenium challenge corporation (Mcc), une autre initiative américaine de soutien aux pays africains. La Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (Agoa), promulguée le 18 mai 2000 par le Président Bill Clinton, permet à des pays d’Afrique subsaharienne d’exporter vers les Etats-Unis d’Amérique, sans douane ni contingent, des produits répondant aux règles d’éligibilité et d’origine définies. Les critères d’éligibilité sont, entre autres, la pratique d’une économie de marché, le respect de la loi et du pluralisme politique, une bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme et de ceux des travailleurs, l’équité de l’appareil judiciaire, l’élimination des barrières au commerce et à l’investissement américains et les efforts de lutte contre la corruption. L’élection présidentielle a donc été un facteur important dans cette décision, tout comme l’implication personnelle du président Ouattara. Cependant, il faudrait reconnaître le travail de fourmi abattu par Guy M’Bengue et son plaidoyer à travers les différentes rencontres au Ghana, Zambie et même Etats Unis. Un lobbying et un vrai ‘‘corps à corps’’ qui ont finit par porter leurs fruits.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA