Le Président de la République effectuera prochainement une visite officielle à l’ouest. En prélude à cette visite, le fils cadet de feu le Général Robert Guei sort de sa réserve. Dans l’entretien, Ruffin Guei parle de l’assassinat de son père, ainsi que de leur dernière rencontre. Il se prononce également sur la responsabilité de l’ex- chef de l’Etat Laurent Gbagbo dans cette tragédie, des premiers pas du Président de la République, Son Excellence Alassane Ouattara.
Vous êtes un des enfants de feu le Général Robert Guei, mais vous êtes très peu connu. Qui êtes-vous au juste ?
Je m’appelle Rufin Guei, le fils cadet du général Robert Guei, d’une famille de huit enfants au total.
Quels sont vos rapports avec vos frères?
Je n’ai de problème avec aucun d’eux, puisqu’ils sont tous mes aînés. Nous avons de bons rapports familiaux mais comme toutes les grandes familles, il existe quelques petits problèmes de temps en temps pas plus.
Un de vos frères, Franck Guei, a collaboré avec le président Laurent Gbagbo. Cela a –t-il créé des problèmes au sein de votre famille ?
Par rapport à certaines réalités, moi, je ne pouvais en aucun cas soutenir ou collaborer avec le président Laurent Gbagbo. Cependant, je ne peux pas parler à la place des autres, parce qu’il s’agit d’une question de conviction. Je ne me permettrai donc pas de juger la position de mon frère dont vous parlez. Il est libre de ses convictions, en fonction de ses idéaux. Mais, son choix nous a un peu éloignés l’un de l’autre parce que l’argent est certes important, mais ma dignité et l’honneur de ma famille d’abord.
Que devient Franck Guei et de quoi parlez-vous lorsque vous vous rencontrez ? Où est-il au juste ?
J’ai quelques nouvelles de lui, et Dieu merci il va bien. Franchement, je ne saurai vous dire avec exactitude où il se trouve physiquement compte tenu de la situation actuelle qui lui est défavorable, du fait de ce que vous savez.
Quelles sont ces convictions qui vous ont empêché de soutenir en son temps le président Laurent Gbagbo ?
L’assassinat de mon père et de 18 autres personnes restera à jamais gravé dans ma mémoire. Pour cette raison, je ne pouvais en aucun cas, moi Rufin Guéi, soutenir le président, même pour des raisons alimentaires. Et même s’il m’avait proposé des centaines de milliards, j’aurais refusé pour ma dignité. Ce, pour la simple raison que j’ai besoin que mes enfants soient fiers de moi plus tard. Car, je n’aurai jamais supporté que mes enfants me reprochent d’avoir soutenu quelqu’un sur qui pèse un lourd soupçon du meurtre de leur grand-père, encore moins pour de l’argent. Des propositions, j’en ai eu de la part de certains proches du président déchu dans le but de les soutenir ouvertement comme l’a fait mon frère ainé Franck Guéi. J’ai agi de sorte à ne pas avoir de cas de conscience.
En tant que cadet de ses enfants, vous avez été particulièrement affligé par l’assassinat de votre père, dont vous étiez forcément proche. Aujourd’hui, avec du recul, pouvez-vous révéler les circonstances exactes de sa mort ?
Mon père est un homme de conviction qui aimait beaucoup son pays. Et son vœu le plus cher était de voir les ivoiriens unis, même dans l’adversité. C’est pourquoi, après les élections de 2000, à la faveur d’un mouvement de protestation, il a accepté de se retirer pour éviter que le sang des innocents coule. C’est cela la marque des grands hommes. Malheureusement, à la suite d’un coup d’Etat manqué dans la nuit du 18 au 19 Septembre 2002, mon père sera pointé du doigt ipso facto par le camp de l’ex- chef d’Etat Monsieur Laurent Gbagbo, absent miraculeusement ce jour là. Mon père, pour éviter la furie des hommes de Gbagbo et pour épargner la vie de son épouse, de son personnel, des gardes et des civils, il s’est rendu seul dans la demeure du seigneur c’est-à-dire à la cathédrale Saint Paul du plateau pour y trouver refuse. Malheureusement sur insistance de Monseigneur Agré alors en Italie aux côtés du président Gbagbo, les hommes de celui-ci accentueront la fouille de ce lieu saint pour dénicher mon père caché dans un carton .Conduit manu militari à la résidence du président Gbagbo pour être interrogé et torturé .Pendant que son épouse rose doudou Guei et 17 autres personnes (gardes ,personnel de maison et visiteurs) étaient aux mains du capitaine Seka Seka Anselme dirigé par le colonel Dogbo blé .Ceux-ci ont été froidement abattus. Mon père subissait au même moment un interrogatoire musclé sous la responsabilité de paul dokui, au nez et à la barbe de maitre Bahi patrice, de Lida kouassi Moise. C est bien après cette torture selon des témoignages des hommes présents ce jour que mon père va être lâchement assassiné d’une manière tellement atroce que je me retiens de rappeler ici. Je tiens à remercier du fond de mon cœur les personnes qui, de par leur courage, ont permis, malgré la situation chaotique, de recueillir la dépouille de mon défunt père dont le but de ses bourreaux étaient de la faire disparaitre.
Certains de vos frères s’étaient accaparés la tombe de votre père, en empêchant même l’actuel chef d’Etat d’y avoir accès. On se demande aussi si c’était réellement votre père qui se trouvait dans cette tombe, etc. Qu’en est-il exactement ?
J’ai effectivement un frère qui avait du mal à dissocier les sujets politiques des questions de famille. Il a voulu agir ainsi pour faire plaisir à son patron(Gbagbo), tout en oubliant la dimension de notre père qui fut chef de l’Etat. A ce titre, sa tombe appartient à toute la Nation, pas seulement à la famille Guei. Pour preuve, son caveau a été construit par l’argent de l’Etat et non de la famille. M-ais, très vite, mon frère Francis, ma sœur Mireille et moi avions pris nos responsabilités afin d’éviter une humiliation au président de la République et l’ensemble de la délégation du Rhdp que je remercie au passage pour leur engagement, malgré toutes les menaces et les craintes et plus particulièrement le ministre Mabri et le président de la République. Nous avons dignement honoré la mémoire de notre regretté père. C’est une réalité que mon frère refusait de comprendre à l’époque. Mais, avec le temps, les choses sont rentrées dans l’ordre, et chacun de nous a sûrement fait son examen de conscience. N’empêche que dans une famille, il y a toujours des malentendus de ce genre. Certains ont des convictions par rapport à leurs intérêts personnels, et d’autres par rapport à leurs idéaux.
Quand avez-vous rencontré votre père pour la dernière fois, et qu’est-ce qu’il vous a confié ?
Je l’ai rencontré pour la dernière fois lors des vacances de Février 2001, alors que j’étais étudiant à l’université de Bordeaux. Au moment où bon nombre de mes parents se cachaient à cause de la situation critique qui. J’ai pris sur moi l’initiative de venir voir mon père. Nous sommes restés ensemble durant une semaine, et j’ai gardé de très bons souvenirs de cette rencontre. C’était la dernière fois de le voir.
Pour le repos de son âme et pour que votre famille retrouve enfin la tranquillité, avez-vous des doléances particulières à l’endroit des nouvelles autorités ?
Il faut se rappeler que 19 autres personnes ont été assassinées en compagnie de mon père et son épouse. L’idéal pour nous serait que la vérité éclate. A partir de 2002, nous avons difficilement vécu cette situation où, pendant quatre ans, nous avons été interdits de voir le corps de notre regretté père. A un moment donné, nous étions presque tous en exil, et c’est au prix de longues tractations que nous sommes revenus. Pour le repos de l’âme de notre père, ainsi que des 18 autres personnes assassinées ce jour-là, il faut absolument que la vérité soit sue, et que justice soit ensuite faite. Nous n’aurions pas eu cette exigence s’il était décédé de façon naturelle. Mais, pour quelqu’un de sa dimension, être ainsi assassiné, humilié, bafouillé et dépouillé de sa dignité, franchement, ce fut méchant et ignoble.
Vous n’allez pas insinuer que le Général ne vous a pas fait de confidences?
Nous avons beaucoup échangé, de tout et de rien, de façon très détendue. Côté confidences, j’en ai eu par rapport aux circonstances de l’époque sur les différentes trahisons qui lui ont fait le plus mal. Ainsi que sur les circonstances exactes dans lesquelles il est arrivé au pouvoir. Je tiens à vous rappeler que mon père aurait pu, en dépit de tout, par rapport à l’irrégularité du scrutin, se maintenir au pouvoir par rapport au fait qu’il disposait d’une bonne partie de l’armée régulière qui lui était fidèle. Mais il ne souhaitait en aucun cas rester au pouvoir avec des cas de conscience.
Les présumés assassins de votre père l’avaient accusé de vouloir faire un coup d’Etat. Dans la mesure où il avait effectivement pris le pouvoir en 1999 à la suite d’un coup de force, n’est-ce pas la même cause qui a produit les mêmes effets ? En d’autres termes, votre père n’est-il pas mort pour avoir tenté un coup de force ?
En tant que journaliste, vous êtes mieux placé pour savoir que le coup d’Etat de 1999 n’était pas prémédité. Le général Robert Guei s’est retrouvé dans une situation où il n’avait pas le choix. Il a été chef d’état-major de feu Houphouët-Boigny(le meilleur chef d’état-major après le général Thomas Daquin). Major de promotion à Saint - Syr, il a reformé l’armée ivoirienne (création de la Firpac l’élite de force d’intervention militaire) etc. Il avait donc peu de chances d’échouer à un coup d’Etat, s’il l’avait tenté. En aucun cas mon père n’aurait échoué, s’il avait voulu prendre le pouvoir en 2002, et les gens le savent. L’ancien chef d’Etat a même envoyé à Kabacouma une délégation conduite par le ministre Séri Gnoléba et feu le ministre Bra Kanon. Ils étaient justement allés expliquer à nos parents que le général n’était mêlé ni de près, ni de loin à cette histoire de coup d’Etat de 2002 et que les enquêtes suivaient leur cours.
La grave crise que notre chère patrie a connue depuis 2002 est aussi due au fait que le scrutin présidentiel de 2000 était entachée d’irrégularités et de manœuvres non conventionnelles qui ont porté le président Gbagbo au pouvoir.
Vous affirmez que le coup d’Etat de 1999 n’était pas prémédité. Qu’en savez-vous ?
Permettez que je ne m’étale pas sur cette histoire qui relève du passé. Je répète seulement que le coup d’Etat de 1999 n’était pas prémédité et que mon père a agi dans l’intérêt supérieur de son pays, à la suite d’une mutinerie des Fanci, tout en préservant les vies humaines, ce qui avait été interprété comme un cadeau de Noël, à tel point que vous l’aviez surnommé « Papa Noël ».
Votre père a créé un parti, l’Udpci. Avez-vous une place au sein de cette formation, et laquelle ?
Je suis particulièrement content de cette question. J’entretiens d’excellentes relations avec le président Mabri, ainsi que les cadres de l’Udpci ou les militants. Officiellement, je n’ai pas de poste au sein de ce parti parce que mes activités professionnelles me prennent énormément de temps. Mais, je fais partie de l’Udpci et je suis prêt à oeuvrer pour le rayonnement de ce parti. Je me suis entièrement mis à la disposition du président de l’Udpci, Albert Mabri pour qui j’ai beaucoup d’estime et de respect (un vrai héritier du général Robert Guei).
Seriez-vous prêt à occuper un poste politique au sein de ce parti, à la faveur surtout des Législatives ?
Je n’ai aucune ambition personnelle dans ce sens, pour le moment. Tout dépend du destin, et si l’avenir me réserve d’aviser quoi que ce soit dans ce sens, je le ferai par conviction, pas pour autre chose, mais mes ambitions professionnelles me préoccupent énormément. Chaque fois que je suis au siège ou à une quelconque réunion du parti, j’agis en tant que simple militant. Pour le moment, je n’ai aucune ambition politique, et je ne suis intéressé par aucun poste électif.
Vous êtes de ceux qui ont beaucoup souffert ces dix dernières années. Avez-vous un message particulier dans la mouvance de la réconciliation nationale ?
Je pense que perdre dans sa famille 19 personnes exécutées sauvagement dans une seule journée a été très difficile mais, grâce la foi en Dieu et convaincu qu’un jour Dieu appliquera la justice, avant celle des hommes, je demande aux Ivoiriens de ne pas se rendre justice et de faire confiance à Dieu, et à l’appareil judiciaire. Quel que soit ce qu’ils ont vécu, et surtout retenir que le temps est le deuxième nom de Dieu. Par conséquent, la réconciliation ne peut se faire sans justice.
Avez-vous pardonné à ceux qui vous ont fait tant de peine ?
Pour que nous pardonnions ces actes ignobles il est important que les Ivoiriens en particulier et le monde entier en général, connaissent la vérité, comme l’a dit le ministre Mabri à Kabacouma, pendant les obsèques, en présence du chef de l’Etat de l’époque, Gbagbo. Il faut que la vérité soit connue et la justice soit rendue pour que le pardon soit total. Je pense que le Président Mabri a ainsi clairement dit la pensée de tous ceux qui sont fidèles aux idéaux de mon défunt père et toute la grande famille biologique. Nous vivons dans une société où tout est régi par des règles. C’est donc tout à fait normal que nous réclamions justice par rapport à certains crimes.
Le parti créé par votre père fait partie du Rhdp qui a emmené Alassane Ouattara au pouvoir. Comment jugez-vous les premiers pas du nouveau président ?
En tant que jeune ivoirien et chef d’entreprise, je pense sincèrement que les premiers pas du président de la République et de son gouvernement sont très encourageants parce que nous constatons dans presque tous les secteurs d’activité , une réelle volonté politique du pouvoir d’améliorer les conditions de vie et d’assainir le monde des affaires, en seulement quelques mois d’exercice. Aujourd’hui, nous, jeunes ivoiriens pour la plupart sommes fiers de constater les exécutions et les démarrages de grands projets. Avec lui, la Côte d’Ivoire est sûre de devenir un pays émergeant grâce à ses excellentes qualités de gestionnaire. Je suis très heureux de ce qui arrive à la Cote d’Ivoire.
Qu’est-ce que la famille biologique du général Robert Guéi attend de la visite du président de la République dans l’Ouest ?
Je pense que la famille biologique tout comme le peuple dan doit certainement attendre impatiemment le respect des engagements du président de la République de faire une enquête et punir les auteurs de l’assassinat de son regretté frère.
Pensez-vous que l’Udpci est redevable de la famille du général Robert Guéi ?
Il faut dissocier l’Udpci de la famille biologique. Certes, mon père, feu le général Robert Guei l’a fondé mais pas seul et sans oublier que c’est une organisation politique dont les cadres et militants ont tous subi des injustices suite à la perte tragique de leur leader. Tout enfant du général Robert Guéi peut sans aucun doute adhérer tout en respectant les idéaux et les règles du parti mais il faut que ce soit clair pour tous. Que le fait d’être un fils du fondateur ne fait pas de toi un héritier ou un ayant - droit dans ce cas de figure.
Vous êtes un des enfants de feu le Général Robert Guei, mais vous êtes très peu connu. Qui êtes-vous au juste ?
Je m’appelle Rufin Guei, le fils cadet du général Robert Guei, d’une famille de huit enfants au total.
Quels sont vos rapports avec vos frères?
Je n’ai de problème avec aucun d’eux, puisqu’ils sont tous mes aînés. Nous avons de bons rapports familiaux mais comme toutes les grandes familles, il existe quelques petits problèmes de temps en temps pas plus.
Un de vos frères, Franck Guei, a collaboré avec le président Laurent Gbagbo. Cela a –t-il créé des problèmes au sein de votre famille ?
Par rapport à certaines réalités, moi, je ne pouvais en aucun cas soutenir ou collaborer avec le président Laurent Gbagbo. Cependant, je ne peux pas parler à la place des autres, parce qu’il s’agit d’une question de conviction. Je ne me permettrai donc pas de juger la position de mon frère dont vous parlez. Il est libre de ses convictions, en fonction de ses idéaux. Mais, son choix nous a un peu éloignés l’un de l’autre parce que l’argent est certes important, mais ma dignité et l’honneur de ma famille d’abord.
Que devient Franck Guei et de quoi parlez-vous lorsque vous vous rencontrez ? Où est-il au juste ?
J’ai quelques nouvelles de lui, et Dieu merci il va bien. Franchement, je ne saurai vous dire avec exactitude où il se trouve physiquement compte tenu de la situation actuelle qui lui est défavorable, du fait de ce que vous savez.
Quelles sont ces convictions qui vous ont empêché de soutenir en son temps le président Laurent Gbagbo ?
L’assassinat de mon père et de 18 autres personnes restera à jamais gravé dans ma mémoire. Pour cette raison, je ne pouvais en aucun cas, moi Rufin Guéi, soutenir le président, même pour des raisons alimentaires. Et même s’il m’avait proposé des centaines de milliards, j’aurais refusé pour ma dignité. Ce, pour la simple raison que j’ai besoin que mes enfants soient fiers de moi plus tard. Car, je n’aurai jamais supporté que mes enfants me reprochent d’avoir soutenu quelqu’un sur qui pèse un lourd soupçon du meurtre de leur grand-père, encore moins pour de l’argent. Des propositions, j’en ai eu de la part de certains proches du président déchu dans le but de les soutenir ouvertement comme l’a fait mon frère ainé Franck Guéi. J’ai agi de sorte à ne pas avoir de cas de conscience.
En tant que cadet de ses enfants, vous avez été particulièrement affligé par l’assassinat de votre père, dont vous étiez forcément proche. Aujourd’hui, avec du recul, pouvez-vous révéler les circonstances exactes de sa mort ?
Mon père est un homme de conviction qui aimait beaucoup son pays. Et son vœu le plus cher était de voir les ivoiriens unis, même dans l’adversité. C’est pourquoi, après les élections de 2000, à la faveur d’un mouvement de protestation, il a accepté de se retirer pour éviter que le sang des innocents coule. C’est cela la marque des grands hommes. Malheureusement, à la suite d’un coup d’Etat manqué dans la nuit du 18 au 19 Septembre 2002, mon père sera pointé du doigt ipso facto par le camp de l’ex- chef d’Etat Monsieur Laurent Gbagbo, absent miraculeusement ce jour là. Mon père, pour éviter la furie des hommes de Gbagbo et pour épargner la vie de son épouse, de son personnel, des gardes et des civils, il s’est rendu seul dans la demeure du seigneur c’est-à-dire à la cathédrale Saint Paul du plateau pour y trouver refuse. Malheureusement sur insistance de Monseigneur Agré alors en Italie aux côtés du président Gbagbo, les hommes de celui-ci accentueront la fouille de ce lieu saint pour dénicher mon père caché dans un carton .Conduit manu militari à la résidence du président Gbagbo pour être interrogé et torturé .Pendant que son épouse rose doudou Guei et 17 autres personnes (gardes ,personnel de maison et visiteurs) étaient aux mains du capitaine Seka Seka Anselme dirigé par le colonel Dogbo blé .Ceux-ci ont été froidement abattus. Mon père subissait au même moment un interrogatoire musclé sous la responsabilité de paul dokui, au nez et à la barbe de maitre Bahi patrice, de Lida kouassi Moise. C est bien après cette torture selon des témoignages des hommes présents ce jour que mon père va être lâchement assassiné d’une manière tellement atroce que je me retiens de rappeler ici. Je tiens à remercier du fond de mon cœur les personnes qui, de par leur courage, ont permis, malgré la situation chaotique, de recueillir la dépouille de mon défunt père dont le but de ses bourreaux étaient de la faire disparaitre.
Certains de vos frères s’étaient accaparés la tombe de votre père, en empêchant même l’actuel chef d’Etat d’y avoir accès. On se demande aussi si c’était réellement votre père qui se trouvait dans cette tombe, etc. Qu’en est-il exactement ?
J’ai effectivement un frère qui avait du mal à dissocier les sujets politiques des questions de famille. Il a voulu agir ainsi pour faire plaisir à son patron(Gbagbo), tout en oubliant la dimension de notre père qui fut chef de l’Etat. A ce titre, sa tombe appartient à toute la Nation, pas seulement à la famille Guei. Pour preuve, son caveau a été construit par l’argent de l’Etat et non de la famille. M-ais, très vite, mon frère Francis, ma sœur Mireille et moi avions pris nos responsabilités afin d’éviter une humiliation au président de la République et l’ensemble de la délégation du Rhdp que je remercie au passage pour leur engagement, malgré toutes les menaces et les craintes et plus particulièrement le ministre Mabri et le président de la République. Nous avons dignement honoré la mémoire de notre regretté père. C’est une réalité que mon frère refusait de comprendre à l’époque. Mais, avec le temps, les choses sont rentrées dans l’ordre, et chacun de nous a sûrement fait son examen de conscience. N’empêche que dans une famille, il y a toujours des malentendus de ce genre. Certains ont des convictions par rapport à leurs intérêts personnels, et d’autres par rapport à leurs idéaux.
Quand avez-vous rencontré votre père pour la dernière fois, et qu’est-ce qu’il vous a confié ?
Je l’ai rencontré pour la dernière fois lors des vacances de Février 2001, alors que j’étais étudiant à l’université de Bordeaux. Au moment où bon nombre de mes parents se cachaient à cause de la situation critique qui. J’ai pris sur moi l’initiative de venir voir mon père. Nous sommes restés ensemble durant une semaine, et j’ai gardé de très bons souvenirs de cette rencontre. C’était la dernière fois de le voir.
Pour le repos de son âme et pour que votre famille retrouve enfin la tranquillité, avez-vous des doléances particulières à l’endroit des nouvelles autorités ?
Il faut se rappeler que 19 autres personnes ont été assassinées en compagnie de mon père et son épouse. L’idéal pour nous serait que la vérité éclate. A partir de 2002, nous avons difficilement vécu cette situation où, pendant quatre ans, nous avons été interdits de voir le corps de notre regretté père. A un moment donné, nous étions presque tous en exil, et c’est au prix de longues tractations que nous sommes revenus. Pour le repos de l’âme de notre père, ainsi que des 18 autres personnes assassinées ce jour-là, il faut absolument que la vérité soit sue, et que justice soit ensuite faite. Nous n’aurions pas eu cette exigence s’il était décédé de façon naturelle. Mais, pour quelqu’un de sa dimension, être ainsi assassiné, humilié, bafouillé et dépouillé de sa dignité, franchement, ce fut méchant et ignoble.
Vous n’allez pas insinuer que le Général ne vous a pas fait de confidences?
Nous avons beaucoup échangé, de tout et de rien, de façon très détendue. Côté confidences, j’en ai eu par rapport aux circonstances de l’époque sur les différentes trahisons qui lui ont fait le plus mal. Ainsi que sur les circonstances exactes dans lesquelles il est arrivé au pouvoir. Je tiens à vous rappeler que mon père aurait pu, en dépit de tout, par rapport à l’irrégularité du scrutin, se maintenir au pouvoir par rapport au fait qu’il disposait d’une bonne partie de l’armée régulière qui lui était fidèle. Mais il ne souhaitait en aucun cas rester au pouvoir avec des cas de conscience.
Les présumés assassins de votre père l’avaient accusé de vouloir faire un coup d’Etat. Dans la mesure où il avait effectivement pris le pouvoir en 1999 à la suite d’un coup de force, n’est-ce pas la même cause qui a produit les mêmes effets ? En d’autres termes, votre père n’est-il pas mort pour avoir tenté un coup de force ?
En tant que journaliste, vous êtes mieux placé pour savoir que le coup d’Etat de 1999 n’était pas prémédité. Le général Robert Guei s’est retrouvé dans une situation où il n’avait pas le choix. Il a été chef d’état-major de feu Houphouët-Boigny(le meilleur chef d’état-major après le général Thomas Daquin). Major de promotion à Saint - Syr, il a reformé l’armée ivoirienne (création de la Firpac l’élite de force d’intervention militaire) etc. Il avait donc peu de chances d’échouer à un coup d’Etat, s’il l’avait tenté. En aucun cas mon père n’aurait échoué, s’il avait voulu prendre le pouvoir en 2002, et les gens le savent. L’ancien chef d’Etat a même envoyé à Kabacouma une délégation conduite par le ministre Séri Gnoléba et feu le ministre Bra Kanon. Ils étaient justement allés expliquer à nos parents que le général n’était mêlé ni de près, ni de loin à cette histoire de coup d’Etat de 2002 et que les enquêtes suivaient leur cours.
La grave crise que notre chère patrie a connue depuis 2002 est aussi due au fait que le scrutin présidentiel de 2000 était entachée d’irrégularités et de manœuvres non conventionnelles qui ont porté le président Gbagbo au pouvoir.
Vous affirmez que le coup d’Etat de 1999 n’était pas prémédité. Qu’en savez-vous ?
Permettez que je ne m’étale pas sur cette histoire qui relève du passé. Je répète seulement que le coup d’Etat de 1999 n’était pas prémédité et que mon père a agi dans l’intérêt supérieur de son pays, à la suite d’une mutinerie des Fanci, tout en préservant les vies humaines, ce qui avait été interprété comme un cadeau de Noël, à tel point que vous l’aviez surnommé « Papa Noël ».
Votre père a créé un parti, l’Udpci. Avez-vous une place au sein de cette formation, et laquelle ?
Je suis particulièrement content de cette question. J’entretiens d’excellentes relations avec le président Mabri, ainsi que les cadres de l’Udpci ou les militants. Officiellement, je n’ai pas de poste au sein de ce parti parce que mes activités professionnelles me prennent énormément de temps. Mais, je fais partie de l’Udpci et je suis prêt à oeuvrer pour le rayonnement de ce parti. Je me suis entièrement mis à la disposition du président de l’Udpci, Albert Mabri pour qui j’ai beaucoup d’estime et de respect (un vrai héritier du général Robert Guei).
Seriez-vous prêt à occuper un poste politique au sein de ce parti, à la faveur surtout des Législatives ?
Je n’ai aucune ambition personnelle dans ce sens, pour le moment. Tout dépend du destin, et si l’avenir me réserve d’aviser quoi que ce soit dans ce sens, je le ferai par conviction, pas pour autre chose, mais mes ambitions professionnelles me préoccupent énormément. Chaque fois que je suis au siège ou à une quelconque réunion du parti, j’agis en tant que simple militant. Pour le moment, je n’ai aucune ambition politique, et je ne suis intéressé par aucun poste électif.
Vous êtes de ceux qui ont beaucoup souffert ces dix dernières années. Avez-vous un message particulier dans la mouvance de la réconciliation nationale ?
Je pense que perdre dans sa famille 19 personnes exécutées sauvagement dans une seule journée a été très difficile mais, grâce la foi en Dieu et convaincu qu’un jour Dieu appliquera la justice, avant celle des hommes, je demande aux Ivoiriens de ne pas se rendre justice et de faire confiance à Dieu, et à l’appareil judiciaire. Quel que soit ce qu’ils ont vécu, et surtout retenir que le temps est le deuxième nom de Dieu. Par conséquent, la réconciliation ne peut se faire sans justice.
Avez-vous pardonné à ceux qui vous ont fait tant de peine ?
Pour que nous pardonnions ces actes ignobles il est important que les Ivoiriens en particulier et le monde entier en général, connaissent la vérité, comme l’a dit le ministre Mabri à Kabacouma, pendant les obsèques, en présence du chef de l’Etat de l’époque, Gbagbo. Il faut que la vérité soit connue et la justice soit rendue pour que le pardon soit total. Je pense que le Président Mabri a ainsi clairement dit la pensée de tous ceux qui sont fidèles aux idéaux de mon défunt père et toute la grande famille biologique. Nous vivons dans une société où tout est régi par des règles. C’est donc tout à fait normal que nous réclamions justice par rapport à certains crimes.
Le parti créé par votre père fait partie du Rhdp qui a emmené Alassane Ouattara au pouvoir. Comment jugez-vous les premiers pas du nouveau président ?
En tant que jeune ivoirien et chef d’entreprise, je pense sincèrement que les premiers pas du président de la République et de son gouvernement sont très encourageants parce que nous constatons dans presque tous les secteurs d’activité , une réelle volonté politique du pouvoir d’améliorer les conditions de vie et d’assainir le monde des affaires, en seulement quelques mois d’exercice. Aujourd’hui, nous, jeunes ivoiriens pour la plupart sommes fiers de constater les exécutions et les démarrages de grands projets. Avec lui, la Côte d’Ivoire est sûre de devenir un pays émergeant grâce à ses excellentes qualités de gestionnaire. Je suis très heureux de ce qui arrive à la Cote d’Ivoire.
Qu’est-ce que la famille biologique du général Robert Guéi attend de la visite du président de la République dans l’Ouest ?
Je pense que la famille biologique tout comme le peuple dan doit certainement attendre impatiemment le respect des engagements du président de la République de faire une enquête et punir les auteurs de l’assassinat de son regretté frère.
Pensez-vous que l’Udpci est redevable de la famille du général Robert Guéi ?
Il faut dissocier l’Udpci de la famille biologique. Certes, mon père, feu le général Robert Guei l’a fondé mais pas seul et sans oublier que c’est une organisation politique dont les cadres et militants ont tous subi des injustices suite à la perte tragique de leur leader. Tout enfant du général Robert Guéi peut sans aucun doute adhérer tout en respectant les idéaux et les règles du parti mais il faut que ce soit clair pour tous. Que le fait d’être un fils du fondateur ne fait pas de toi un héritier ou un ayant - droit dans ce cas de figure.