Ne pas effectuer une visite, en tant que ministre de la Défense et de surcroît chef du gouvernement, dans les casernes et autres camps militaires à un moment où des informations relatives à un soulèvement éventuel des militaires et des gendarmes, à un coup d’Etat, ou à une mutinerie, aurait bien surpris plus d’un. L’attaque de Taï (à l’ouest du pays) et les coups de feu au camp de gendarmerie d’Agban (Adjamé), il y a quelques semaines, ont été les motifs supplémentaires pour que le Premier ministre inscrive sur son agenda cette visite dans les casernes. Soro Guillaume a compris qu’il était temps d’aller parler aux soldats. D’abord, il entendait se faire une idée de l’ambiance qui règne dans les casernes, du volume de la grogne des hommes armés, mettre en garde les militaires et leur faire comprendre les risques qu’il y a à se hasarder sur le chemin tortueux des coups d’Etat. Il était naturellement de bon aloi, en outre, que le ministre de la Défense se donne la peine de prêter une oreille attentive aux militaires et gendarmes qui, dans un tel contexte, ont forcément des revendications à faire connaître. Car, si ces doléances ne font pas l’objet d’une attention particulière, elles pourraient être source de discorde entre le pouvoir et l’Armée. A la vérité, cet échange avec les soldats ne cache pas moins le fait que le pouvoir actuel redoute une déstabilisation des institutions de la République et craint un coup d’Etat qui pourrait l’emporter, même s’il montre des signes de sérénité. Mais cette visite aura permis au chef du gouvernement de mesurer les dégâts causés par la guerre sur l’outil de défense, afin d’envisager sa remise à niveau et d’asseoir ainsi un dispositif capable de contrer toute agression.
A. BOUABRE
A. BOUABRE