La chute du régime Gbagbo, le 11 avril 2011 et l’appel du chef de l’Etat, Alassane Ouattara aux exilés volontaires à revenir au pays, est en passe de ramener sur terre des « akpanis » politiques, notamment ceux que l’artiste Soum Bill a nommés, intelligemment, des « politiciens djantra ». C'est-à-dire, ces « prostitués politiques » qui n’ont cure d’aucune moralité. Seul compte pour eux, l’argent. Ces « politicards » pure sucre, ont commencé à retrouver la voix, à pousser à nouveau des ailes et à se couvrir d’un nouveau manteau : celui de l’innocence et du pouvoir en place dont ils avaient parfois, sans retenu, vilipendé les tenants, hier. La valse observée actuellement des « judas » d’hier, se bousculant dans la presse pour chercher à se dédouaner, est loin de convaincre les Ivoiriens de l’honnêteté politique de ces derniers. On se retrouve là devant un groupe d'individus qui, ne sachant plus où donner de la tête, ont choisi de divertir l’opinion en jouant cette comédie de la mascarade des repentis… Le cas le plus symptomatique, au-delà de ceux de Laurent Dona Fologo, Siki Blon Blaise, Kossougro Seri, Zemogo Fofana, Tyéoulou-Dyéla Félix, Sonhon Robert, est celui de Palé Dimaté, ancien député Pdci de Bouna, qui a tourné casaque en faveur de Laurent Gbagbo et qui s’est laissé aller à des attaques basses contre le président Henri Konan Bédié et son allié, Alassane Ouattara. A l’appel de Bédié, aux militants du Pdci-Rda, à voter pour Alassane Ouattara au second tour de la présidentielle du 28 novembre 2010, Palé Dimaté a opposé une illégitimité du président du Pdci à lancer un tel mot d’ordre. Celui qui se présente aujourd’hui comme «un alassaniste pur sucre» soulignant qu’il est un Alassaniste de première heure – qu'entre Bédié et lui c’est comme l’arbre et l’écorce et que Gbagbo ne peut guère l’acheter, avait pourtant qualifié l’appel de Bédié d’absurde, indiquant que « Bédié n’a pas fait le bon choix ». «Nous sommes venus dénoncer cette façon d’agir qui consiste à utiliser les Ivoiriens comme des moutons de Panurge. Cette décision unique n’est pas rationnelle. L’appel d’Aimé Henri Konan Bédié est un appel absurde, il est contradictoire. Le président Bédié a fait un appel pour son propre intérêt. Le choix de Bédié est une injure à la nation ivoirienne » s’était-il offusqué. Non sans s’en prendre directement à Alassane Ouattara. «Les Ivoiriens se souviennent encore du nombre de chômeurs occasionnés par la privatisation des sociétés. Le salaire à double vitesse des enseignants. Toutes ces décisions ont été combattues par nous les députés » avait-il ajouté, pour préparer les esprits des Ivoiriens au rejet d’Alassane Ouattara, au profit de Laurent Gbagbo, son candidat. On ne peut pas avoir tenu de tels propos à l'encontre de ces personnalités et changer de fusil d’épaule aussi facilement. Même si la politique se passe de morale et de bon sens, il faut au moins que l’on n’oublie pas sa propre tradition éducative dans laquelle on a été élevé. Palé Dimaté ne s’est pas montré à la hauteur des valeurs de franchise et de courage qui caractérise le peuple dont il est issu. Et c’est à son déshonneur… Il a vainement tenté de se blanchir, de se donner bonne conscience…Mais, le pénitent ne se reconnaît aucune faute, n’avoue pas ses torts fait au parti, aux militants, à la démocratie. Il ne fait aucune confession mais réclame plutôt une absolution. Ces migrateurs impénitents, sans vergogne ni scrupule, à la chute de Laurent Gbagbo, en bons roublards politiques, ont d’abord volontairement adopté une attitude passive, avant de se réveiller, à la faveur des législatives, avec à la bouche, des propos bien flatteurs, voire louangeurs, pour le nouveau pouvoir. Aujourd’hui, on assiste à la valse des hypocrites qui pour leur seul intérêt, changent d’opinion, de projet et d’activité. Migration politique, nomadisme, transhumance sont donc de retour, sans état d’âme… Dans la nouvelle République. Comme des papillons, prélevant les pollens d’une fleur pour les apporter à une autre. Ces oiseaux migrateurs vont où le vent de leurs intérêts les balancent. Ces caméléons qui changeant de couleur selon le temps et l’espace, ont repris leur manœuvre. Cette race d’hommes politiques en Côte d’Ivoire, rampant toujours devant tout nouveau pouvoir, a retrouvé ses esprits. Houphouetistes au départ, puis Bédiéistes, ensuite Gbagboistes sur le tard et aujourd’hui Alassanistes à la hussarde, ces politiciens «toutous» étalent leur manque de culture démocratique et de conviction. Ils justifient pleinement cette réflexion d’Aristote qui disait que l’homme est un animal politique. Le nomadisme politique est la preuve d’un manque d’idéal politique. En tout état de cause, le retour de ces «migrateurs» se mêle à la cacophonie que l’on observe ces derniers temps, tant au niveau de la Commission électorale indépendante (Cei) que des partis politiques, notamment ceux du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Des éclats de voix se font entendre au sein des composantes de cette coalition où l'élaboration des listes des candidats devient problématique. Au point que la Cei a dû reporter la date de clôture des candidatures. Du côté des partis pro-Gbagbo, la situation n'est pas non plus reluisante. En témoignent les hésitations et les avis contradictoires donnés par des responsables de ces partis concernant leur participation aux législatives ou le boycott du scrutin. L'annonce du report de la date butoir du dépôt des candidatures au 31 octobre constitue l'une des conséquences directes de cette cacophonie au sein des participants aux législatives. La date initiale du 26 octobre (mercredi) n'était plus tenable, la Commission électorale n'ayant enregistré qu'une soixantaine de candidatures, sur 255 postes à pourvoir au Parlement. "Ce constat nous a amenés à octroyer une rallonge de cinq jours", a confessé le porte-parole de la Cei Yacouba Bamba. Celui-ci a toutefois déclaré que cette mesure n'aura pas d'incidence sur la date du 11 décembre retenue pour le scrutin, assurant même qu'il s'agit d'une date "immuable". Mais pour certains observateurs, après le report de la date du dépôt des candidatures, c'est au tour de la date même de l'élection d'être menacée. "La date du 11 décembre pourrait connaître un changement au regard des pressions qui commencent à voir le jour", ont-ils estimé. Dans une déclaration publiée mardi, les membres de ce regroupement pro-Gbagbo ont interpellé le pouvoir et demandé le report du scrutin législatif "pour donner une chance à la démocratie, la paix et la réconciliation". "Aller aux élections dans la précipitation, en éludant les problèmes en amont, ne fera qu`amplifier, en aval, la situation actuelle avec son cortège de drames et de souffrances indicibles. Nous en avons eu la malheureuse expérience avec les élections présidentielles de 2000, puis de 2010 dont les conséquences sont encore très visibles", a averti le Cnrd. Les pro-Gbagbo qui se disent "disposés à jouer pleinement leur rôle dans un processus électoral équitable" ont égrené certaines conditions telles que la libération de leurs camarades détenus, le retour des exilés et des déplacés, la révision de la composition de la Cei, le dégel des avoirs des cadres de l'opposition. Face à la pression de plus en plus intense de la communauté internationale, qui réclame une Assemblée nationale représentative, Alassane Ouattara a lâché du lest. Il veut créer un poste de vice-président taillé à la mesure du Front populaire ivoirien ( Fpi). Mais, aux yeux du Fpi, cela n’est pas suffisant. Il boycottera les élections législatives pour protester contre le maintien en détention de l`ancien président et l`insécurité qui, estime Sylvain Miaka Ouretto dans une interview accordée mercredi à Reuters, menace l`équité du scrutin. La décision du Fpi augure de difficultés relatives au processus de réconciliation. "Nous sommes complètement pour les élections, mais il ne faut pas y aller juste pour légitimer un pouvoir", a expliqué Miaka, ancien député ivoirien. "Ils veulent avoir une assemblée de monopole, avec tout le monde disant `Oui, oui, oui`, mais nous, nous n'entrons pas dans ce chemin", a-t-il ajouté. Miaka Ouretto y voit la preuve d`un double langage des nouveaux dirigeants ivoiriens. "Leurs paroles, dit-il, sont encourageantes mais malheureusement leurs actes ne sont pas dans le même esprit. Ils pourchassent les partisans de Gbagbo hors du pays. Nous, nous voulons une réconciliation véritable, et pas cette réconciliation de façade." «C`est de l`hypocrisie», dénonce Ouretto. On le voit, la partie de la réconciliation n’est pas gagnée…
COULIBALY Vamara
COULIBALY Vamara