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Politique Publié le lundi 31 octobre 2011 | Le Patriote

Guéguerre aviculteurs nationaux-ministère de tutelle : Pourquoi l’intervention du Président Ouattara s’impose

Les tensions larvées actuelles dans les secteurs des ressources animales et halieutiques, avec la question de la baisse du montant des prélèvements compensatoires sur les importations de viande et abats de volaille extra africaines, gagneraient à être dissipées au risque de déboucher sur une grave crise. En effet, la sérénité n’est pas le sentiment le mieux partagé actuellement dans le secteur avicole. Les opérateurs de cette filière, qui reste, tout de même, la seule de la production animale à couvrir quasiment la demande nationale de viande de volaille et le ministre de tutelle du secteur ne partagent pas la même vision pour son développement. Les opérateurs nationaux évoquent une production de 26.237 tonnes pour une consommation annuelle de 27.000 tonnes. Soit environ 98% de disponibilité en viande de volaille. Chiffre contesté par la tutelle. Les opérateurs espèrent de l’autorité de tutelle ‘‘un appui décisif’’ au plan stratégique de relance de l’aviculture (PSRA) élaboré au terme des états généraux de l’aviculture de 2009, pour permettre à leur filière de devenir, très rapidement, exportatrice de viande de volaille à l’instar de la Tunisie et du Maroc. La tutelle table sur les recettes pouvant découler d’une importation massive de viande de volaille, pour ‘‘soutenir les petits exploitants afin de constituer cette vraie filière’’. Cette divergence alimente une progressive cristallisation des positions et risque de causer de grands torts à l’économie nationale si rien n’est fait avant une radicalisation des positions. Cette filière assure plus de 30 000 emplois directs et indirects en Côte d’Ivoire et est la plus importante source d’approvisionnement du pays en protéines d’origine animale. Elle compte au moins 1 500 éleveurs exploitants et plus d’une douzaine de sociétés agro-industrielles, avec un débouché important pour d’autres produits. Notamment, le maïs dont elle achète plus de 100 000 tonnes par an. Le ministre Adjoumani lui-même l’a reconnu ouvertement, ‘‘le gouvernement a placé le secteur avicole parmi les domaines prioritaires à développer et l’aviculture est devenue un secteur économique avec une valeur ajoutée de 50 milliards de F CFA’’. Il y a donc un gros risque à prendre de haut, les opérateurs de la filière. Une fragilisation de l’aviculture ivoirienne par l’importation massive de viande et abats de volaille extra africaine, ne sera pas sans conséquence sur l’ensemble des filières de l’Uemoa. La filière avicole ivoirienne étant de loin, la plus structurée de la sous région ouest africaine. Face à cette situation, le président Ouattara devrait réagir pour éviter d’autres chaos. Le prélèvement compensatoire en tant que mécanisme de régulation du marché ivoirien de volaille est déclenché dans certaines conditions. Celles-ci sont-elles réunies dans la présente situation ? Les opérateurs nationaux ont-ils été véritablement associés à cela ? Des études ont-elles été faites pour évaluer et déterminer le montant nouveau qui veut être fixé pour cette taxe ? De quoi dispose le Psra bâti sur la base d’études et ayant bénéficié du concours de bailleurs de fonds ? Autant de questions à prendre en compte dans un cadre de concertation par les différentes parties, avec pour seul souci, le bien-être réel des populations et le développement de l’économie ivoirienne.
Jean Eric ADINGRA
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