Le Front populaire ivoirien (FPI) n'a finalement pas déposé à la Commission Électorale Indépendante (CEI), la liste de ses prétendants à l'Assemblée nationale. Ainsi donc, si les choses restent en l'état, le parti fondé par l'ancien chef de l’État Laurent Gbagbo ne participera pas au scrutin du 11 décembre prochain. Comme l'a fait le Rassemblement des Républicains (RDR), lors des députations de décembre 2000. Malgré les pourparlers engagés avec les autorités ivoiriennes et les interventions des diplomates occidentaux et de l'ONUCI en vue de les convaincre de prendre part à ces élections, le FPI et ses alliés du CNRD ont maintenu leur mot d'ordre de boycott des législatives. A leurs risques et périls. Car la position du FPI pourrait s'avérer contre-productive. A preuve, certains cadres et élus du parti de la refondation, mettant en avant leur popularité dans leurs régions, se sont portés candidats aux législatives en qualité d'indépendants. Le FPI pourrait être tenté de radier ces dissidents de ses rangs pour non-respect de la discipline du parti. En réaction à cette décision, ces « judas », une fois à l'Hémicycle, pourraient constituer un groupe parlementaire s'ils remplissent les conditions de nombre. Et par voie de conséquence, représenter une nouvelle force politique. Le FPI pourrait alors être marginalisé, si ce n'est ignoré dans le débat politique ivoirien. Dans la mesure où le pouvoir pourrait faire de ce groupe parlementaire représentant l'opposition à l'Assemblée nationale, son nouvel interlocuteur. Le FPI (et le CNRD) pourrait de ce fait être frappé d'ostracisme par les dirigeants voire les partenaires ou médiateurs internationaux de la Côte d'Ivoire, qui ne l'inviteront plus à la table des discussions et des négociations. Un autre indicateur à observer avec attention lors des législatives du 11 décembre, sera le taux de participation des électeurs à ce scrutin. S'il baisse de façon drastique et tourne autour des 50%, cela décrédibiliserait ces élections et le FPI pourrait en tirer parti. Puisque cela signifierait effectivement que cette formation constitue une véritable force politique avec laquelle le pouvoir devra composer. Mais un taux de participation au-dessus des 65% à 70%, donc proche de celui réalisé lors des présidentielles d'octobre et de novembre 2010, donnera le sentiment que le Front populaire ivoirien n'est pas en phase avec sa base, qui n'aurait pas suivi intégralement le mot d'ordre du parti. Ce serait alors un désaveu cinglant pour le parti de la refondation. Mais là encore, le FPI pourrait avoir beau jeu d'accuser la Commission Électorale Indépendante de manipulation des chiffres à la hausse. En arguant de sa non-présence à la CEI pour exercer son droit de contrôle. L'un dans l'autre, le FPI pourrait s'être tiré une balle dans le pied et se faire hara-kiri.
Anassé Anassé
Anassé Anassé