L'alliance houphouëtiste n'a pas résisté aux velléités de ses membres de sièger à l'hémicycle pour la 10è législature. Selon des sources concordantes, le Rhdp part désormais en rangs dispersés aux élections législatives prévues le 11 décembre 2011. Chaque parti membre de cette coalition politique, notamment le Pdci, le Rdr, l'Udpci et le Mfa, a désormais son destin en main et devra se battre seul pour avoir des postes à l'Assemblée nationale. Cela, contrairement à la décision du président de la Conférence des présidents du Rhdp, Henri Konan Bédié, de dérouler le tapis rouge dans les différentes circonscriptions électorales au parti qui y a obtenu plus de 50 % des suffrages exprimés pendant le premier tour de la présidentielle de 2010. Hier jeudi 03 novembre 2011, apprend notre source, ce deal passé entre Bédié et Ouattara a été cassé. Les deux grands leaders de la coalition politique ont eu en effet, une rencontre à huis clos à l'issue de laquelle ils ont décidé de lâcher prise et d'ouvrir la compétition entre les différents partis politiques. « Il a été arrêté que désormais dans toutes les circonscriptions électorales sur l'ensemble du territoire national, la compétition est ouverte. Nous n'irons donc plus en Rhdp, et chaque membre devra, dans une compétition saine, se battre pour avoir des postes de député à l'Assemblée nationale », a souligné hier un baron du Pdci joint au téléphone. Ce recul de Bédié et de son « jeune frère » Alassane Ouattara, est la conséquence de la grogne voire la fronde qui s'organisait au sein du Pdci-Rda, et qui risquait d'entamer la bonne cohésion retrouvée entre les houphouëtistes depuis le second tour de l'élection présidentielle. Le président Bédié a, au cours de leur rencontre, expliqué au président Ouattara la nécessité de maintenir cette cohésion. Faut-il le rappeler, la grogne qui montait au Pdci a atteint son paroxysme avec la publication du communiqué signé du président Bédié le mardi soir, et qui définit les critères de positionnement des candidats Rhdp dans les circonscriptions électorales. Des critères jugés défavorables pour le Pdci. Ce qui a entraîné la convocation d'une réunion du comité de direction le mercredi 02 novembre dernier. Cette rencontre de vérité, selon nos sources, a achoppé sur la question de la prééminence accordée aux candidats du Rdr. Des barons du Pdci se sont alors rendus chez le président Bédié pour une concertation. Et c'est là que tout va se décider. Les barons font comprendre à leur président que le « gentlemen agreement » trouvé avec Ouattara concernant les législatives est anticonstitutionnel et antidémocratique. Ils ont expliqué qu'on ne saurait, d'emblée, confier une partie du territoire national à un parti politique sur la base d'influences tribales ou ethniques, tordant ainsi le cou au jeu électoral. Pour ces barons, le Pdci et les autres partis du Rhdp ne sont pas des faire-valoir ou des accompagnateurs du Rdr, et donc refusent de céder à ces critères exclusifs. Bédié tente de raisonner ses hommes, en expliquant que le président Ouattara a promis de financer la campagne pour les différents candidats du Rhdp, l'objectif étant d'avoir la majorité au Parlement et de parvenir à un parti unifié. Ces explications du leader du Pdci n'ont point convaincu les barons en colère. Henri Konan Bédié décide alors d'avoir une rencontre au sommet avec le président Ouattara pour trancher définitivement cette question. Et depuis hier, il a été décidé que le Rhdp ira en rangs dispersés comme l'avait souligné le président du Pdci.
Hamadou ZIAO
Hamadou ZIAO
