Un conflit foncier risque d’empêcher la livraison des 2.000 logements de l’opération ’’Concorde’’ initiée par la Sicogi à Abobo Pk 18. La chefferie d’Anonkoua-Kouté ‘’exige’’ le retrait pur et simple de la Sicogi de son sol.
L’opération ‘’Concorde’’ de la Sicogi à Abobo Pk 18, relancée récemment par la ministre de la Promotion du logement, Nialé Kaba, risque de ne pas voir le jour. Ce, du fait d’un litige qui oppose le village d’Anonkoua-Kouté à la structure promotrice de plus de 2.500 logements. La chefferie du village a animé récemment un point de presse à Abobo afin de dénoncer ce qu’elle qualifie d’«expropriation de 196 ha de terre». L’ancien chef du village, Delago Gboké Augustin, a exigé le retrait pur et simple de la Sicogi des 56 ha de terre «qu’elle occupe sans lettre d’attribution, ni titre de propriété coutumier » depuis le 15 octobre 2004.
M. Delago explique que cette portion de 196 ha, a indûment été cédée par Aka Anghui Joseph, qui l’a morcelée, à plusieurs opérateurs immobiliers. «Aka Anghui Joseph a demandé en 1972, avec l’accord de nos parents, un espace pour réaliser son projet agricole. Il n’y a donc pas eu de vente. Après ce temps, il devait restituer la parcelle. A notre grande surprise, il a vendu cette terre à la Sicogi le 15 octobre sans l’avoir achetée », dénonce l’ex-chef d’Anonkoua-Kouté de 1973 à 1986. Avant de rappeler que vu la croissance démographique de leur village, ‘’le chef Adrien Bancouli (1998 à 2005) a fait appel à un opérateur économique en novembre 2000, en vue de son extension.
Le projet de lotissement a été un succès, car entièrement financé par l’opérateur. 2395 lots, dont 30% des 196 ha, ont été attribués à ce dernier au titre de sa rémunération. Les travaux terminés, le comité de gestion foncière du village a présenté les rapports techniques à la population. Avant de les transmettre à la mairie pour l’ouverture d’une enquête de commodo et incommodo afin d’obtenir des documents administratifs».
260 habitations ont été rasées sur le site
Mais malheureusement, les parties attribuées au géomètre ont également été vendues par Aka Anghui alors que les 2/3 de l’espace étaient habités en 2001, au dire de la chefferie. « Le 18 janvier 2005, les habitants des 260 maisons ont été déguerpis par les forces de l’ordre sous le commandement du commissaire Logbo Roger. Toutes les maisons ont été détruites par la suite, sous le prétexte qu’elles auraient été bâties par des rebelles. En dépit des procédures judiciaires intentées par les acquéreurs, la Sicogi a viabilisé la parcelle. Et depuis 2005, elle a lancé l’opération concorde », mentionne un document remis à la presse.
A en croire les villageois, la destruction des habitations a exacerbé les tensions entre la majorité des peuples du Nord qui y logeaient et les Ebriés d’Anonkoua-Kouté. « C’est depuis ce jour que le village est vu d’un mauvais œil et a commencé à se faire ses premiers ennemis. Car, il y avait des anti-Aka Anghui et les pro-Aka Anghui qui ont pris les armes. La crise postélectorale que nous avons violemment vécue constitue des représailles à l’injustice qui a été servie par Aka Anghui Joseph et ses complices. Sinon comment comprendre ce qui est arrivé à Anonkoua-Kouté ? », s’interroge un fils du village.
Pour une réconciliation durable et un retour rapide à la cohésion sociale, la chefferie villageoise sollicite l’implication du président de la République, Alassane Ouattara. Afin d’ordonner : «le retrait immédiat et sans condition de la Sicogi de sa parcelle. Puis le rétablissement sans délai de l’opération dans ses droits à la satisfaction des acquéreurs pour une réconciliation sincère et véritable entre Anonkoua-Kouté et ces riverains».
Dacoury Vincent, Stagiaire
Lég : Les 2.000 logements que la ministre Nialé Kaba compte livrer d’ici peu sont menacés par un litige foncier (Ph : Cyrille B.)
Encadré : la Sicogi contredit les villageois
La Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (Sicogi) dénonce la ‘’mauvaise foi’’ de la communauté villageoise d’Anonkoua-Kouté. Pour elle, cette affaire a déjà été réglée à la justice. «Chaque fois qu’il y a une passation au niveau de la chefferie, des villageois remettent les acquis en cause.
Et cela est de notoriété publique. Ce que nous déplorons chez nos frères de la communauté Ebrié », s’indigne Souaga Hyacinthe, directeur technique de la Sicogi. De plus, le responsable révèle que la Sicogi est propriétaire depuis 1997. Et elle est en possession du ‘’titre foncier N°106668 de Bingerville suivant Acte de maître Christine E. Nanou-Adou du 22 octobre 2004 publié au livre foncier le 5 novembre 2004 ; BA 2’’. «La loi dit qu’on est propriétaire lorsqu’on a un certificat de propriété foncière. La Sicogi a son titre foncier. Peut-être qu’il s’agit d’un autre terrain.
Nous avons acheté ce terrain par devant notaire. Lorsque que vous suivez la procédure notariée, cela veut dire que celui qui vous cède (Aka Anghui Joseph) le terrain est déjà propriétaire. Nous n’avons absolument rien à voir avec la communauté villageoise d’Anonkoua-Kouté. Ce sont des actes désespérés qu’ils mènent, parce que le titre foncier est inattaquable», tranche-t-il. Contrairement au 56 ha revendiqués par les villageois, la Sicogi jure être propriétaire de 50 ha. « La Sicogi est une société de l’Etat. Nous ne pouvons pas spolier des populations de leur bien. Au-delà des 50 ha que nous exploitons, si les villageois trouvent que nous avons débordé qu’ils s’approprient le surplus. Pour l’acquisition d’un terrain, nous nous adressons toujours à un ministère ou à l’Agef (Agence de gestion foncière, Ndlr).
Mais jamais à une communauté villageoise », souligne Souaga Hyacinthe. Pour ce qui est de la destruction des habitations sur le site, le directeur technique de la Sicogi est on ne peut plus clair. « Les villageois avaient vendu le terrain à plusieurs personnes. Ceux qui n’ont pas pris les précautions nécessaires ont construit des maisons. Mais avant le lancement de l’opération ‘’Concorde’’ en 2006, la Sicogi a déguerpi ces occupants pour l’exploitation de son terrain. En réalité, l’opération était prévue pour l’année 2002. C’est finalement en 2007 que nous avons commencé les travaux. Je puis vous dire aujourd’hui que l’opération concorde ne souffre d’aucun litige foncier », conclut-il.
D.V
L’opération ‘’Concorde’’ de la Sicogi à Abobo Pk 18, relancée récemment par la ministre de la Promotion du logement, Nialé Kaba, risque de ne pas voir le jour. Ce, du fait d’un litige qui oppose le village d’Anonkoua-Kouté à la structure promotrice de plus de 2.500 logements. La chefferie du village a animé récemment un point de presse à Abobo afin de dénoncer ce qu’elle qualifie d’«expropriation de 196 ha de terre». L’ancien chef du village, Delago Gboké Augustin, a exigé le retrait pur et simple de la Sicogi des 56 ha de terre «qu’elle occupe sans lettre d’attribution, ni titre de propriété coutumier » depuis le 15 octobre 2004.
M. Delago explique que cette portion de 196 ha, a indûment été cédée par Aka Anghui Joseph, qui l’a morcelée, à plusieurs opérateurs immobiliers. «Aka Anghui Joseph a demandé en 1972, avec l’accord de nos parents, un espace pour réaliser son projet agricole. Il n’y a donc pas eu de vente. Après ce temps, il devait restituer la parcelle. A notre grande surprise, il a vendu cette terre à la Sicogi le 15 octobre sans l’avoir achetée », dénonce l’ex-chef d’Anonkoua-Kouté de 1973 à 1986. Avant de rappeler que vu la croissance démographique de leur village, ‘’le chef Adrien Bancouli (1998 à 2005) a fait appel à un opérateur économique en novembre 2000, en vue de son extension.
Le projet de lotissement a été un succès, car entièrement financé par l’opérateur. 2395 lots, dont 30% des 196 ha, ont été attribués à ce dernier au titre de sa rémunération. Les travaux terminés, le comité de gestion foncière du village a présenté les rapports techniques à la population. Avant de les transmettre à la mairie pour l’ouverture d’une enquête de commodo et incommodo afin d’obtenir des documents administratifs».
260 habitations ont été rasées sur le site
Mais malheureusement, les parties attribuées au géomètre ont également été vendues par Aka Anghui alors que les 2/3 de l’espace étaient habités en 2001, au dire de la chefferie. « Le 18 janvier 2005, les habitants des 260 maisons ont été déguerpis par les forces de l’ordre sous le commandement du commissaire Logbo Roger. Toutes les maisons ont été détruites par la suite, sous le prétexte qu’elles auraient été bâties par des rebelles. En dépit des procédures judiciaires intentées par les acquéreurs, la Sicogi a viabilisé la parcelle. Et depuis 2005, elle a lancé l’opération concorde », mentionne un document remis à la presse.
A en croire les villageois, la destruction des habitations a exacerbé les tensions entre la majorité des peuples du Nord qui y logeaient et les Ebriés d’Anonkoua-Kouté. « C’est depuis ce jour que le village est vu d’un mauvais œil et a commencé à se faire ses premiers ennemis. Car, il y avait des anti-Aka Anghui et les pro-Aka Anghui qui ont pris les armes. La crise postélectorale que nous avons violemment vécue constitue des représailles à l’injustice qui a été servie par Aka Anghui Joseph et ses complices. Sinon comment comprendre ce qui est arrivé à Anonkoua-Kouté ? », s’interroge un fils du village.
Pour une réconciliation durable et un retour rapide à la cohésion sociale, la chefferie villageoise sollicite l’implication du président de la République, Alassane Ouattara. Afin d’ordonner : «le retrait immédiat et sans condition de la Sicogi de sa parcelle. Puis le rétablissement sans délai de l’opération dans ses droits à la satisfaction des acquéreurs pour une réconciliation sincère et véritable entre Anonkoua-Kouté et ces riverains».
Dacoury Vincent, Stagiaire
Lég : Les 2.000 logements que la ministre Nialé Kaba compte livrer d’ici peu sont menacés par un litige foncier (Ph : Cyrille B.)
Encadré : la Sicogi contredit les villageois
La Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (Sicogi) dénonce la ‘’mauvaise foi’’ de la communauté villageoise d’Anonkoua-Kouté. Pour elle, cette affaire a déjà été réglée à la justice. «Chaque fois qu’il y a une passation au niveau de la chefferie, des villageois remettent les acquis en cause.
Et cela est de notoriété publique. Ce que nous déplorons chez nos frères de la communauté Ebrié », s’indigne Souaga Hyacinthe, directeur technique de la Sicogi. De plus, le responsable révèle que la Sicogi est propriétaire depuis 1997. Et elle est en possession du ‘’titre foncier N°106668 de Bingerville suivant Acte de maître Christine E. Nanou-Adou du 22 octobre 2004 publié au livre foncier le 5 novembre 2004 ; BA 2’’. «La loi dit qu’on est propriétaire lorsqu’on a un certificat de propriété foncière. La Sicogi a son titre foncier. Peut-être qu’il s’agit d’un autre terrain.
Nous avons acheté ce terrain par devant notaire. Lorsque que vous suivez la procédure notariée, cela veut dire que celui qui vous cède (Aka Anghui Joseph) le terrain est déjà propriétaire. Nous n’avons absolument rien à voir avec la communauté villageoise d’Anonkoua-Kouté. Ce sont des actes désespérés qu’ils mènent, parce que le titre foncier est inattaquable», tranche-t-il. Contrairement au 56 ha revendiqués par les villageois, la Sicogi jure être propriétaire de 50 ha. « La Sicogi est une société de l’Etat. Nous ne pouvons pas spolier des populations de leur bien. Au-delà des 50 ha que nous exploitons, si les villageois trouvent que nous avons débordé qu’ils s’approprient le surplus. Pour l’acquisition d’un terrain, nous nous adressons toujours à un ministère ou à l’Agef (Agence de gestion foncière, Ndlr).
Mais jamais à une communauté villageoise », souligne Souaga Hyacinthe. Pour ce qui est de la destruction des habitations sur le site, le directeur technique de la Sicogi est on ne peut plus clair. « Les villageois avaient vendu le terrain à plusieurs personnes. Ceux qui n’ont pas pris les précautions nécessaires ont construit des maisons. Mais avant le lancement de l’opération ‘’Concorde’’ en 2006, la Sicogi a déguerpi ces occupants pour l’exploitation de son terrain. En réalité, l’opération était prévue pour l’année 2002. C’est finalement en 2007 que nous avons commencé les travaux. Je puis vous dire aujourd’hui que l’opération concorde ne souffre d’aucun litige foncier », conclut-il.
D.V