La scène a révolté des témoins qui en parlent encore et qui ont même filmé des séquences pour servir de preuve. Un groupe de soldats des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) a tabassé le jeune S.B, ressortissant nigérien et habitant la commune de Treichville, précisément à l'avenue 9 rue 18, en présence du Commandant Issiaka Ouattara alias Wattao. C'était le mardi 1er novembre 2011. Alerté par des riverains, nous nous sommes rendus sur les lieux. Les témoins trouvés sur place nous ont relaté les faits, avec à l'appui, le film de la scène. Selon ceux que nous avons interrogés, le jeune S.B conduisait, comme d'habitude, son géniteur à la mosquée lorsque son véhicule a été contraint de marquer un arrêt. Devant lui se trouvait en effet le véhicule d'une dame qui construit actuellement un magasin à l'avenue 9. S.B demande à la femme de bouger sa voiture afin qu'il puisse se frayer un passage. Son interlocutrice, surveillée par un garde du corps, fait la sourde oreille. Des éclats de voix fusent. Se sentant sans doute offensée, la dame, qui dit être employée à la Présidence - les témoins disent avoir aperçu son badge - sort son téléphone portable. Les instants qui vont suivre seront infernales pour le jeune S.B. Un groupe de soldats des FRCI débarque avec, dit-on, le commandant Wattao. Après avoir écouté l'employée de la Présidence, Wattao aurait foncé sur le jeune S.B. Selon les témoins, le commandant Wattao aurait tenté de lui administrer une gifle. S.B se serait défendu en bloquant la main de l'officier. Un affront pour les éléments de celui-ci qui se seraient rués sur le jeune homme sous le regard désapprobateur des habitants du quartier se faisant menaçants. Les soldats embarquent le jeune S.B et le conduisent à la Garde républicaine de Treichville. Informés, les parents de S.B débarquent dans le camp militaire pour réclamer la libération de leur fils. Entre temps, l'imam Abass Cissé de la grande mosquée de l'avenue 20 est alerté. Il appelle le « Commandant le Fou » pour obtenir la libération immédiate du jeune homme. Ce qui fut fait. Mais la victime est relâchée avec des dommages corporels, le visage tuméfié comme nous l'avons découvert. « C'est le commandant Wattao lui-même qui a tenté de me frapper. Quand j'ai bloqué ses mains, ses éléments m'ont frappé. Ils m'ont ensuite jeté dans une 4X4 et m'ont tabassé jusqu'au camp. J'ai perdu mes deux portables et mon argent. N'eut été l'intervention de l'imam, je ne sais pas ce que je serai devenu », nous a indiqué S.B. Sa soeur, son frère et la communauté nigérienne annoncent une plaine contre le Commandant Wattao et l'employée de la Présidence. « Wattao a envoyé un émissaire pour nous demander de ne pas porter plainte et qu'il va prendre en charge les soins. Nous disons non! Nous avons le film de la scène et nous le mettrons à la disposition de la justice. C'est injuste ce qui arrive. C'est un abus de pouvoir!», a fulminé la soeur de S.B. Joint pour en savoir davantage, un proche du numéro deux de la Garde républicaine, qui a assisté à la scène, raconte les faits. Selon lui, les échauffourées sont parties de la réaction du jeune S.B qui a pris au collet un élément FRCI, garde du corps de la dame, épouse d'un conseiller du chef de l'Etat. C'est alors qu'elle a joint le commandant Wattao. Ce dernier a envoyé des s'enquérir de la situation. Mais en plus, le commandant adjoint de la Garde Républicaine décide lui-même de se rendre sur les lieux, histoire d'éviter une intervention disproportionnée pouvant occasionner des dégâts. Dès son arrivée, l'officier tente de raisonner le jeune S.B. Ce dernier refuse d'entendre raison. Une attitude considérée comme un affront par les éléments du commandant. Qui décident d'administrer une correction à l'indiscipliné. L'adjoint au patron de la GR est intervenu aussitôt pour arrêter les échauffourées et demander de conduire le jeune homme au camp, pour lui donner des conseils. C'est suite à ses conseils, qu'il sera libéré sans contrainte ni pression, selon le proche du commandant Wattao.
Y.DOUMBIA
Y.DOUMBIA