Le pape Benoît XVI a demandé vendredi aux responsables de la Côte d`Ivoire de "ne pas avoir peur de faire la vérité sur les crimes" et de promouvoir la réconciliation, en recevant au Vatican les lettres de créances du nouvel ambassadeur ivoirien, Joseph Tebah-Klah. Evoquant la grave crise post-électorale qui avait vu s`affronter le président sortant Laurent Gbagbo, qui refusait de quitter le pouvoir, et son rival légitimement élu et reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, le pape a encouragé ce pays "à promouvoir toutes les initiatives qui conduisent à la paix et à la justice". Il a salué à cet égard la création de la "Commission Dialogue-vérité-réconciliation". "Il ne faut pas avoir peur de faire la vérité sur les crimes", a-t-il dit, alors que la Cour pénale internationale (CPI) a envoyé des enquêteurs, six mois après une crise qui a fait quelque 3.000 morts. "Le vivre ensemble passe par le respect des droits inaliénables de l`autre qui est, en fait, un autre moi-même", a insisté Benoît XVI. "C`est le chemin de réconciliation quil faut entreprendre car lAfrique et le monde vous regardent avec attention et confiance", a encore dit Benoît XVI qui se rend dans deux semaines au Bénin. La crise en Côte d`Ivoire, première puissance francophone de l`Afrique de l`Ouest, avait profondément inquiété les pays voisins, qui craignaient des répercussions sur leur stabilité et leur cohésion nationale souvent fragile. Le pape a salué "la ferme volonté" des responsables ivoiriens de "ne ménager aucun effort pour parvenir à une réconciliation nationale", a-t-il ajouté, en évoquant "les violations graves des droits de l`homme et les nombreuses pertes en vies humaines". "La perte d`une vie humaine, quelle quelle soit - petite ou grande, riche ou pauvre est toujours un drame, surtout lorsque lhomme en est responsable", a-t-il mis en garde. Le pape a encore "encouragé" le gouvernement ivoirien à une "gouvernance transparente et équitable". Il a souligné l`importance particulière d`"institutions éducatives fortes où l`on enseigne et promeut les valeurs morales, intellectuelles, humaines et spirituelles". L’Église "ne désire pas se substituer à lÉtat, mais elle peut à travers ses nombreuses institutions dans les domaines éducatifs et sanitaires apporter réconfort et soin", a-t-il suggéré. Le nouvel ambassadeur a relevé pour sa part que l`Eglise catholique "s`est fortement investie dans la solution de la crise", particulièrement par le biais de la communauté de Sant`Egidio qui "a participé à l`élaboration des accords de sortie de crise". M. Tebah-Klah a aussi rappelé que les paroisses catholiques "avaient accueilli des milliers de déplacés de guerre". Durant le conflit, le Vatican avait appelé les deux parties à renoncer à la violence. Pour Rome, il était important d`affirmer que ce conflit n`était pas interreligieux, même si Alassane Ouattara venait du nord en majorité musulman et Laurent Gbagbo du sud en majorité chrétien. La population de Côte d`Ivoire compte environ 40% de musulmans, 40% de chrétiens et 20% d`animistes.
AFP
AFP