La présente communication a été rédigée le 26 juin 2011. La sortie de Yaya Dembélé au nom des élus et cadres PDCI du Grand Nord (Nouveau Réveil n° 2930 du jeudi 3 novembre 2011) arrive à point nommé pour corroborer certaines craintes que nous éprouvions à propos des orientations du RHDP post élections présidentielles. Il est heureux et encourageant pour l’avenir de notre démocratie et de notre Grand Parti que la dénonciation de la tendance à la tribalisation du pouvoir politique vienne de cadres militants PDCI RDA du Nord. Voici la reproduction intégrale de l’article non publié sur un virage dangereux.
La formation du premier gouvernement de l’ère post crise électorale a suscité des prises de position qui perturbent les militants du PDCI au moment où ce parti et ses dirigeants ont le plus besoin de quiétude pour refaire leurs forces en vue d’affronter les défis électoraux à venir. Dans le nouveau contexte politique ivoirien, il sera de moins en moins accepté que la vérité ne soit pas dite. Mais elle devra être dite avec une courtoisie républicaine. La langue de bois et les réflexes qui ont emporté le régime des refondateurs demeurent également des menaces pour la coalition du RHDP qui émerge pourtant comme le nouvel espoir des Ivoiriens après une belle victoire politique arrachée par l’ensemble des régions et des groupes ethniques. Le RHDP a un défi à relever : dépasser les querelles sur le partage des postes ministériels qui l’éloigne des problématiques centrales de la reconstruction nationale.
Une victoire arrachée par toutes les régions
Les statistiques électorales du 28 novembre montrent que la victoire de Ouattara a été arrachée solidairement par toutes les régions du pays (cf. tableaux en annexe). Les enjeux étaient très importants dans le second tour des présidentielles. Aussi, le plus petit score d’une région pouvait-il faire pencher la balance en faveur de l’un ou l’autre des candidats. Heureusement, le RHDP s’est élevé partout au-dessus des petits scores, et est apparu comme une coloration politique multiethnique. La complémentarité des efforts des électeurs pro Ouattara/RHDP est irréfutable. La quasi-totalité des anciens bastions PDCI sont sous le contrôle du RHDP malgré la percée du FPI qui demeure insignifiante au nord de l’axe Bondoukou-Séguéla. Les régions ayant voté Ouattara à plus de 50% ont réalisé un score moyen de 62% avec des pics supérieurs à 90% dans la région des Savanes et le Denguélé. Celles dont le score est inférieur à 50% se sont exprimées avec un taux moyen de 34% qui a été dépassé par 7 zones sur 10, avec une pointe de 49% (région des 18 Montagnes) et plusieurs autres au-dessus de 40 % (Marahoué, Haut Sassandra, Moyen Comoé). Ces indicateurs révèlent ainsi qu’aucune région du pays n’a été hostile au couple Ouattara/RHDP nonobstant la campagne haineuse orchestrée par les média et les autres puissants moyens d’Etat contre le supposé « candidat de l’étranger ». Même le taux de 15,97% (celui de la région de l’Agneby) ne doit pas être considéré comme négligeable. La région nord a compensé son faible poids démographique national par les plus forts taux de suffrages. Il faut savoir en effet qu’au recensement de 1998, seulement 22% des Ivoiriens se localisaient en zone de savane, au nord d’un axe Bondoukou-Séguéla, sur plus de la moitié du pays. Le Nord ne peut pas donner à lui tout seul la victoire à un parti. Les contributions du sud et du centre devaient donc être les plus déterminantes pour la victoire du RHDP et c’est ce qui s’est passé effectivement. Le seul district d’Abidjan concentre près de 50% des urbains, plus d’un habitant sur quatre de la population ivoirienne (recensement de 1998) et 33% des électeurs potentiels du pays. Ouattara a fait pratiquement jeu égal avec Gbagbo dans ce district avec un score de plus de 48% et a enlevé ainsi toute chance à Gbagbo au regard des résultats du premier scrutin selon les régions. La contribution de toutes les autres formations politiques du RHDP a fait passer, malgré les abstentions (10 à 20% dans les régions favorables au PDCI), le score du RDR de 32% à plus de 54%, soit un bond de plus de 22 points par rapport au premier tour. La stratégie électorale du RHDP et la réaction globale de ses militants au mot d’ordre des leaders a donc été payante. La cohésion et la détermination des militants ont été plus fortes que la terreur exercée sur les électeurs RHDP par le FPI avec la complicité des FDS ; plus forte que l’empêchement de vote et les assassinats de militants (Abobo, Haut Sassandra, Fromager, Bas Sassandra, Moyen Comoé etc.) ; plus forte que les effets de la circulation des espèces sonnantes et trébuchantes émanant du palais présidentiel qui ont beaucoup parlé, avant et pendant les élections. La victoire du RHDP a donc été globale, morale, volontariste et à l’échelle de toute la nation, dans des conditions difficiles que ne peuvent soupçonner ceux qui n’ont pas battu campagne dans les zones favorables à LMP au premier tour des élections. Aucune région ne doit donc être considérée comme marginale pour son score dans la lutte qui a emporté le dictateur des Lagunes et dispersé les froids exécuteurs de ses basses œuvres.
Le temps des anciens bastions politico-ethniques est bientôt révolu
Dégager Gbagbo du pouvoir était un enjeu majeur : avec le dispositif de répression qu’il avait mis en place, sa victoire signifiait la disparition du RHDP car Gbagbo n’avait jamais caché que son objectif était d’effacer l’Houphouétisme (déclarations de Dabou, Agboville et Adzopé et la jour du dépôt de sa candidature à la CEI). Ouattara appartient désormais à tous les Ivoiriens qui renouent avec les idéaux et valeurs prônées par le Père de notre nation. Alors, minimiser les contributions de certaines régions en parlant de trahison des militants dans les anciens bastions du PDCI est une attitude de nature à affaiblir la cohésion au sein du RHDP pour les prochaines joutes électorales dont les enjeux sont très importants, notamment le contrôle du parlement. Le FPI n’a cure du désastre et du désordre dans lesquels il a laissé le pays. Le jeu démocratique reste heureusement très ouvert en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens sont libres de soutenir qui ils veulent. Désormais, aucun des bastions traditionnels n’est définitivement acquis pour aucun parti ; et aucun groupe ethnique ne peut gagner seul une élection dans notre pays. Dans les va-et-vient de militants et de responsables politiques caméléons, les alliances considérées comme contre-nature demeurent de fortes probabiités pour demain. Les percées du RHDP dans le bastion du FPI (le Fromager et le Haut Sassandra) et celles du FPI dans les anciens bastions du PDCI (Sud et Moyen Comoé, Lagunes, Agnéby) interpellent le RHDP. Dans le futur proche (horizon d’une génération, de 20 à 25 ans et même moins), les bastions ethniques n’auront plus grande signification dans nos régions qui sont de plus en plus cosmopolites et en cours de métissage ethnique et culturel accéléré. Aujourd’hui, plus de vingt pour cent (20%) des naissances déclarées à Abidjan sont issues de mariages internationalités, entre Ivoiriens et étrangers. Cette tendance lourde est doublée par les mariages interethniques entre Ivoiriens eux-mêmes. Les calculs ethnocentristes pour gagner une présidentielle feront donc de moins en moins recette avec une population jeune à plus de 60% et de plus en plus de souche multinationale. La nouvelle identité ivoirienne repose sur ce puissant germe de changement.
Melting-pots et avenir de la démocratie
Dans les melting-pots des régions forestières et de la mégalopole abidjanaise, les ethnies se seront très largement fondues dans la nouvelle Ethnie, c`est-à-dire dans la nation en cours d’élaboration. Nous sommes dans l’ère d’une nouvelle société ivoirienne. Le récent changement de régime doit d’ailleurs être interprété à partir de cette nouvelle donne ainsi que des bouleversements démographiques et des mentalités en cours. Les partis politiques qui ne sauront pas s’adapter à cette nouvelle dynamique s’éclipseront. Les militants du RHDP doivent donc cesser de s’auto-flageller pour savourer la victoire de la démocratie et se réjouir d’une évolution liée à une dynamique créée par leurs chefs, et favorable à leur candidat, et qui a fait honneur à leur choix politique de se regrouper pour reconstruire le pays. Le RHDP est un lieu pour vaincre l’ethnocentrisme et éradiquer toutes les formes de clanisme dans un environnement national où les régions appartiendront de moins en moins à une ethnie. Le temps des bastions ethniques régionaux est donc révolu et cette nouvelle donne doit inspirer nos stratégies politiques du futur.
La formation du premier gouvernement de l’ère post crise électorale a suscité des prises de position qui perturbent les militants du PDCI au moment où ce parti et ses dirigeants ont le plus besoin de quiétude pour refaire leurs forces en vue d’affronter les défis électoraux à venir. Dans le nouveau contexte politique ivoirien, il sera de moins en moins accepté que la vérité ne soit pas dite. Mais elle devra être dite avec une courtoisie républicaine. La langue de bois et les réflexes qui ont emporté le régime des refondateurs demeurent également des menaces pour la coalition du RHDP qui émerge pourtant comme le nouvel espoir des Ivoiriens après une belle victoire politique arrachée par l’ensemble des régions et des groupes ethniques. Le RHDP a un défi à relever : dépasser les querelles sur le partage des postes ministériels qui l’éloigne des problématiques centrales de la reconstruction nationale.
Une victoire arrachée par toutes les régions
Les statistiques électorales du 28 novembre montrent que la victoire de Ouattara a été arrachée solidairement par toutes les régions du pays (cf. tableaux en annexe). Les enjeux étaient très importants dans le second tour des présidentielles. Aussi, le plus petit score d’une région pouvait-il faire pencher la balance en faveur de l’un ou l’autre des candidats. Heureusement, le RHDP s’est élevé partout au-dessus des petits scores, et est apparu comme une coloration politique multiethnique. La complémentarité des efforts des électeurs pro Ouattara/RHDP est irréfutable. La quasi-totalité des anciens bastions PDCI sont sous le contrôle du RHDP malgré la percée du FPI qui demeure insignifiante au nord de l’axe Bondoukou-Séguéla. Les régions ayant voté Ouattara à plus de 50% ont réalisé un score moyen de 62% avec des pics supérieurs à 90% dans la région des Savanes et le Denguélé. Celles dont le score est inférieur à 50% se sont exprimées avec un taux moyen de 34% qui a été dépassé par 7 zones sur 10, avec une pointe de 49% (région des 18 Montagnes) et plusieurs autres au-dessus de 40 % (Marahoué, Haut Sassandra, Moyen Comoé). Ces indicateurs révèlent ainsi qu’aucune région du pays n’a été hostile au couple Ouattara/RHDP nonobstant la campagne haineuse orchestrée par les média et les autres puissants moyens d’Etat contre le supposé « candidat de l’étranger ». Même le taux de 15,97% (celui de la région de l’Agneby) ne doit pas être considéré comme négligeable. La région nord a compensé son faible poids démographique national par les plus forts taux de suffrages. Il faut savoir en effet qu’au recensement de 1998, seulement 22% des Ivoiriens se localisaient en zone de savane, au nord d’un axe Bondoukou-Séguéla, sur plus de la moitié du pays. Le Nord ne peut pas donner à lui tout seul la victoire à un parti. Les contributions du sud et du centre devaient donc être les plus déterminantes pour la victoire du RHDP et c’est ce qui s’est passé effectivement. Le seul district d’Abidjan concentre près de 50% des urbains, plus d’un habitant sur quatre de la population ivoirienne (recensement de 1998) et 33% des électeurs potentiels du pays. Ouattara a fait pratiquement jeu égal avec Gbagbo dans ce district avec un score de plus de 48% et a enlevé ainsi toute chance à Gbagbo au regard des résultats du premier scrutin selon les régions. La contribution de toutes les autres formations politiques du RHDP a fait passer, malgré les abstentions (10 à 20% dans les régions favorables au PDCI), le score du RDR de 32% à plus de 54%, soit un bond de plus de 22 points par rapport au premier tour. La stratégie électorale du RHDP et la réaction globale de ses militants au mot d’ordre des leaders a donc été payante. La cohésion et la détermination des militants ont été plus fortes que la terreur exercée sur les électeurs RHDP par le FPI avec la complicité des FDS ; plus forte que l’empêchement de vote et les assassinats de militants (Abobo, Haut Sassandra, Fromager, Bas Sassandra, Moyen Comoé etc.) ; plus forte que les effets de la circulation des espèces sonnantes et trébuchantes émanant du palais présidentiel qui ont beaucoup parlé, avant et pendant les élections. La victoire du RHDP a donc été globale, morale, volontariste et à l’échelle de toute la nation, dans des conditions difficiles que ne peuvent soupçonner ceux qui n’ont pas battu campagne dans les zones favorables à LMP au premier tour des élections. Aucune région ne doit donc être considérée comme marginale pour son score dans la lutte qui a emporté le dictateur des Lagunes et dispersé les froids exécuteurs de ses basses œuvres.
Le temps des anciens bastions politico-ethniques est bientôt révolu
Dégager Gbagbo du pouvoir était un enjeu majeur : avec le dispositif de répression qu’il avait mis en place, sa victoire signifiait la disparition du RHDP car Gbagbo n’avait jamais caché que son objectif était d’effacer l’Houphouétisme (déclarations de Dabou, Agboville et Adzopé et la jour du dépôt de sa candidature à la CEI). Ouattara appartient désormais à tous les Ivoiriens qui renouent avec les idéaux et valeurs prônées par le Père de notre nation. Alors, minimiser les contributions de certaines régions en parlant de trahison des militants dans les anciens bastions du PDCI est une attitude de nature à affaiblir la cohésion au sein du RHDP pour les prochaines joutes électorales dont les enjeux sont très importants, notamment le contrôle du parlement. Le FPI n’a cure du désastre et du désordre dans lesquels il a laissé le pays. Le jeu démocratique reste heureusement très ouvert en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens sont libres de soutenir qui ils veulent. Désormais, aucun des bastions traditionnels n’est définitivement acquis pour aucun parti ; et aucun groupe ethnique ne peut gagner seul une élection dans notre pays. Dans les va-et-vient de militants et de responsables politiques caméléons, les alliances considérées comme contre-nature demeurent de fortes probabiités pour demain. Les percées du RHDP dans le bastion du FPI (le Fromager et le Haut Sassandra) et celles du FPI dans les anciens bastions du PDCI (Sud et Moyen Comoé, Lagunes, Agnéby) interpellent le RHDP. Dans le futur proche (horizon d’une génération, de 20 à 25 ans et même moins), les bastions ethniques n’auront plus grande signification dans nos régions qui sont de plus en plus cosmopolites et en cours de métissage ethnique et culturel accéléré. Aujourd’hui, plus de vingt pour cent (20%) des naissances déclarées à Abidjan sont issues de mariages internationalités, entre Ivoiriens et étrangers. Cette tendance lourde est doublée par les mariages interethniques entre Ivoiriens eux-mêmes. Les calculs ethnocentristes pour gagner une présidentielle feront donc de moins en moins recette avec une population jeune à plus de 60% et de plus en plus de souche multinationale. La nouvelle identité ivoirienne repose sur ce puissant germe de changement.
Melting-pots et avenir de la démocratie
Dans les melting-pots des régions forestières et de la mégalopole abidjanaise, les ethnies se seront très largement fondues dans la nouvelle Ethnie, c`est-à-dire dans la nation en cours d’élaboration. Nous sommes dans l’ère d’une nouvelle société ivoirienne. Le récent changement de régime doit d’ailleurs être interprété à partir de cette nouvelle donne ainsi que des bouleversements démographiques et des mentalités en cours. Les partis politiques qui ne sauront pas s’adapter à cette nouvelle dynamique s’éclipseront. Les militants du RHDP doivent donc cesser de s’auto-flageller pour savourer la victoire de la démocratie et se réjouir d’une évolution liée à une dynamique créée par leurs chefs, et favorable à leur candidat, et qui a fait honneur à leur choix politique de se regrouper pour reconstruire le pays. Le RHDP est un lieu pour vaincre l’ethnocentrisme et éradiquer toutes les formes de clanisme dans un environnement national où les régions appartiendront de moins en moins à une ethnie. Le temps des bastions ethniques régionaux est donc révolu et cette nouvelle donne doit inspirer nos stratégies politiques du futur.