A 74 ans, Henri Lopes, célèbre écrivain congolais, est l’invité spécial de l’association Akwaba Culture dans le cadre de la 5e édition du Prix Ivoire. Au cours d’une rencontre, hier, avec les lecteurs, il a demandé aux jeunes de lire beaucoup.
Quel conseil un homme au sommet de son art à une époque différente de la sienne peut-il donner aux jeunes ? En tout cas, jeunes et vieux fans et fidèles lecteurs d’Henri Lopes, célèbre écrivain dont une des œuvres ‘’Tribaliques’’ est enseignée dans les écoles ivoiriennes, étaient suspendus à ses lèvres. Et les paroles de celui qui est devenu une bibliothèque étaient simples, mais pleins de sens. « Lisez, lisez, lisez… », s’est-il adressé aux jeunes venus l’écouter, hier, à l’Institut français, au Plateau. Il a demandé que les jeunes qui veulent embrasser l’écriture soient sincères. Qu’ils n’essaient pas de refaire ce que d’autres ont déjà fait, mais, « de quitter l’autoroute » pour créer leur propre voie. Il les a incités à se mettre ensemble pour créer de petits clubs de lecture où chaque semaine, chacun viendra faire un résumé. « Faites-en pour le jeu. Rendez-là ludique », a-t-il conseillé. Revenant sur le problème du désintérêt pour la lecture, l’invité d’Akwaba Culture a noté que c’est mondial. « Lire, c’est prendre une altitude culturelle. C’est comme la prière. On ne prie que parce qu’on a pris l’habitude de le faire. Le lecteur est quelqu’un qui se retire du monde comme quelqu’un qui prie », a-t-il imagé pour montrer la complexité d’une telle retraite. Pour ceux qui croient que le faible taux d’alphabétisation serait à l’origine de cette régression, il est formel : « vous aurez à alphabétiser la Côte d’Ivoire à 100%, à 100%, vous n’aurez pas de lecteurs ». Et de craindre que bientôt il y ait plus d’écrivains que de lecteurs. Pour lui, préconiser une littérature en langues africaines comme remède, est une fuite en avant. « Si j’avais écrit en lingala, vous ne m’aurez pas lu. Je n’aurai jamais lu Senghor et Césaire s’ils avaient écrit en sérère et en créole », a-t-il tranché. Car, pense-t-il, « l’anglais, le français, le portugais sont devenus des langues africaines ». Deux grandes surprises ont émaillé la conférence. Bernard Blin Dadié, écrivain ivoirien, doyen de la littérature ivoirienne est venu lui dire la traditionnelle ‘’Akwaba’’. « Je ne sais pas de quoi il s’agit. Mais tout ce qui touche à la littérature africaine, nous touche tous », a-t-il lancé ému. Maurice Bandaman, écrivain-ministre, est venu soutenir l’hôte de taille qui sera présent, ce soir, à la cérémonie de récompense du meilleur écrivain africain d’expression francophone à l’hôtel Ivotel, au Plateau.
Sanou A.
Quel conseil un homme au sommet de son art à une époque différente de la sienne peut-il donner aux jeunes ? En tout cas, jeunes et vieux fans et fidèles lecteurs d’Henri Lopes, célèbre écrivain dont une des œuvres ‘’Tribaliques’’ est enseignée dans les écoles ivoiriennes, étaient suspendus à ses lèvres. Et les paroles de celui qui est devenu une bibliothèque étaient simples, mais pleins de sens. « Lisez, lisez, lisez… », s’est-il adressé aux jeunes venus l’écouter, hier, à l’Institut français, au Plateau. Il a demandé que les jeunes qui veulent embrasser l’écriture soient sincères. Qu’ils n’essaient pas de refaire ce que d’autres ont déjà fait, mais, « de quitter l’autoroute » pour créer leur propre voie. Il les a incités à se mettre ensemble pour créer de petits clubs de lecture où chaque semaine, chacun viendra faire un résumé. « Faites-en pour le jeu. Rendez-là ludique », a-t-il conseillé. Revenant sur le problème du désintérêt pour la lecture, l’invité d’Akwaba Culture a noté que c’est mondial. « Lire, c’est prendre une altitude culturelle. C’est comme la prière. On ne prie que parce qu’on a pris l’habitude de le faire. Le lecteur est quelqu’un qui se retire du monde comme quelqu’un qui prie », a-t-il imagé pour montrer la complexité d’une telle retraite. Pour ceux qui croient que le faible taux d’alphabétisation serait à l’origine de cette régression, il est formel : « vous aurez à alphabétiser la Côte d’Ivoire à 100%, à 100%, vous n’aurez pas de lecteurs ». Et de craindre que bientôt il y ait plus d’écrivains que de lecteurs. Pour lui, préconiser une littérature en langues africaines comme remède, est une fuite en avant. « Si j’avais écrit en lingala, vous ne m’aurez pas lu. Je n’aurai jamais lu Senghor et Césaire s’ils avaient écrit en sérère et en créole », a-t-il tranché. Car, pense-t-il, « l’anglais, le français, le portugais sont devenus des langues africaines ». Deux grandes surprises ont émaillé la conférence. Bernard Blin Dadié, écrivain ivoirien, doyen de la littérature ivoirienne est venu lui dire la traditionnelle ‘’Akwaba’’. « Je ne sais pas de quoi il s’agit. Mais tout ce qui touche à la littérature africaine, nous touche tous », a-t-il lancé ému. Maurice Bandaman, écrivain-ministre, est venu soutenir l’hôte de taille qui sera présent, ce soir, à la cérémonie de récompense du meilleur écrivain africain d’expression francophone à l’hôtel Ivotel, au Plateau.
Sanou A.