Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) serait-il assis sur un «volcan» endormi ? C’est la question que l’on se pose au regard de la discordance et de la montée d’adrénaline au sein de cette coalition politique ces derniers jours relativement à la désignation des candidats aux élections législatives. Ces élections prévues pour le 11 décembre prochain, avec pour vocation de remettre définitivement la Côte d’Ivoire sur les rails, devrait être une occasion pour les partis politiques d’évaluer leur cote de popularité, après les élections présidentielles remportées par la coalition Rhpd. Mais l’allure prise par les choses, n’a pas manqué de mettre au grand jour, les faiblesses de ce groupement politique, qu’il n’est pas assis sur des bases politiques solides. Les éclats de voix qui se sont faits entendre, la semaine dernière, et qui ont contraint les responsables de ladite coalition à se fendre nuitamment d’un communiqué sont symptomatiques de l’ambiance de suspicion qui a toujours régné dans ce groupement politique. Au sein des composantes du Rhdp la problématique de l'élaboration des listes des candidats n’a pas manqué de pousser les responsables au bord de la dépression. Comme ces sauvages de la Louisiane qui, pour avoir un fruit, coupent l’arbre au pied et cueillent le fruit, au Rhdp pour désigner les candidats l’on a voulu mettre en avant, les intérêts partisans au détriment de ce qui doit profiter à la coalition. Les partis ont momentanément fait coucher le Rhdp pour s’arracher, dans la cacophonie, les places disponibles pour les candidatures à la députation là où les militants à la base s’attendaient à un dispatching honnête, proportionnel et rationnel. Conséquence : la Cei a enregistré une multitude de candidatures indépendantes, provenant aussi bien du Pdci que du Rdr pour protester contre les critères, jugés inacceptables par la majorité des militants, retenus pour départager les candidats. A bien y voir, les deux gros bras de ce cartel, le Pdci d’Henri Konan Bédié et le Rdr d’Alassane Ouattara, se sont laissés aller à un jeu d’hypocrite, absolument dangereux, qui avait fait de nombreux frustrés au sein de la famille du Rhdp au point de remonter les uns contre les autres. Au Pdci, l’on accuse ouvertement le Rdr de faire du tribalisme et même de vouloir s’inscrire dans une logique de «balkanisation du pays». C’est vrai que le communiqué du 03 novembre 2011, qui indique que «tous ceux qui ont déjà déposé leurs dossiers de candidature peuvent compétir sous la bannière de leur formation politique», vient désamorcer une bombe prête à exploser, mais n’empêche que les accusations sur la volonté du Rdr de vouloir enterrer le Pdci dans certaines régions de la Côte d’Ivoire et y faire son lit restent d’actualité. «Je dois avouer que nous ne comprenons pas cette décision… C’est comme si on donnait le nord au Rdr, le centre au Baoulé et au Pdci», dénonçait le président du collectif des délégués cadres et élus du Pdci du grand Nord, Yaya Dembélé pour qui cette façon de procéder donne le sentiment que «nous n’avons pas tiré les leçons de la crise postélectorale». Mais dans le fond, c’est Henri Konan Bédié qui est mis à l’index. Des militants, au regard de la part belle faite au Rdr, le suspectent d’avoir passé une Opa (Offre publique d’achat) avec le parti d’Alassane Ouattara. Dans ce méli-mélo, les partisans de Lmp rient sous cap. «Ils sont en train de se bouffer le nez», s’en réjouissent-ils. On le voit, le projet de transformation du Rhdp en un parti politique qui, selon ses concepteurs, devrait dire l’oraison funèbre du Cnrd, devient de plus en plus une vue de l’esprit. Comment peut-on unifier des partis qui restent solidement attachés à leurs intérêts partisans ? Et ce qui frappe le plus, c’est que les autres partis du Rhdp que sont l’Udpci de Mabri Toikeuse et le Mfa d’Anaky Kobenan, sont totalement réduits à leur propre expression, confirmant qu’ils ne sont là que pour accompagner les autres surtout quand il s’agit d’inaugurer les chrysanthèmes. Ils ont sans doute décidé de se conformer à l’adage qui dit que «quand les couteaux se battent, les poulets doivent se tenir loin». Ils sont donc restés à équidistance des deux gros couteaux pour n’avoir à s’expliquer ni face à Henri Konan Bédié ni face à Alassane Ouattara. Il ne faudra donc pas se surprendre au soir du 11 décembre de voir ces partis politiques s’en sortir avec un ou deux sièges seulement au parlement. Ici, c’est le mode de désignation des candidats qui est décrié dans tous les partis politiques. A l’Udpci, Blé Guirao n’est pas non plus content. Dans un entretien qu’il nous a accordé (Cf Soir Info du 02 novembre 2011), ce militant de première heure du parti du Général Guéi a mis sur la place publique ce qui se trame d’une part au sein de son parti et d’autre part dans le grand Ouest. A l’image des militants Pdci du grand Nord, ceux de l’Udpci du grand Ouest désapprouvent les agissements de leurs leaders en plus d’en vouloir à certains cadres de l’Ouest de manœuvrer pour des intérêts partisans. «Au niveau de Bloléquin, Dagobert Banzio est en train de tuer le Rhdp. Il sème la zizanie entre les différentes composantes du Rhdp et il sera à la base de la déflagration entres les militants», avertit-il. C’est dans ce climat de dissonance généralisée que se préparent les élections législatives du 11 décembre 2011. Que faut-il en attendre ? Yaya Dembélé croit avoir la réponse : « vCe que nous faisons là, dans cinq ans ou dix ans, nous mettons les germes d’un conflit futur grave et ethnique dans notre pays…». Le président du collectif des délégués cadres et élus du Pdci du grand Nord sait de quoi il parle.
COULIBALY Vamara
COULIBALY Vamara