A l’issue de la cérémonie de remise de don à la Police nationale, les ministres Guéant et Bakayoko ont animé un point de presse. Ci-dessous l’’intégralité de leurs échanges avec la Presse.
Question : Monsieur le ministre, la Côte d’Ivoire vient d’opérer un vaste mouvement au niveau de la décentralisation. Quel apport la France compte-t-elle lui apporter dans ce sens ?
Claude Guéant : C’est depuis les années 80 que la France est engagée dans la démarche de décentralisation audacieuse. La France reste convaincue que la décentralisation est une vertu démocratique, parce qu’elle permet de rapprocher les décisions des citoyens. Elle permet, par conséquent, de donner la parole aux citoyens sur un certain nombre d’enjeux qui les concernent directement. C’est aussi une vertu d’efficacité, puisque quand on prend des décisions plus près du terrain, elles sont forcément plus ajustées aux nécessités et aux besoins. Ceci dit, l’expérience de la France en matière de décentralisation, c’est aussi que nous sommes allés trop loin dans les niveaux de compétence. Nous avons le niveau communal, intercommunal, les départements, la région, le niveau national et le niveau Européen qui apporte des contributions à l’exercice des compétences de chacun des niveaux cités précédemment. Et nous sommes engagés actuellement dans une démarche de rationalisation. Traditionnellement, toutes les collectivités locales, avaient compétence dans tous les domaines. Cela occasionnait à n’en point douter, des dépenses supplémentaires, des charges de structures supplémentaires, qui entrainait aussi, parce que les financements étaient croisés, des retards, des complexités dans le montage des dossiers. Par conséquent, il n’y a plus désormais que deux niveaux de collectivités, il s’agit de l’Etat bien sûr, et de la commune par ailleurs. Des régions et des départements qui se trouvent avec des compétences limitées, aux attributions les plus précieuses que la loi leur donne.
Q : Quelle est la place que vous accordez aux armes dans le processus de normalisation de la vie en Côte d’Ivoire ?
C.G. : C’est un sujet qui est délicat parce que vous savez que nous sommes toujours avec les procédures d’embargo qui s’appliquent à la Côte d’Ivoire. Cela étant, je me permets de souligner deux choses, la première, c’est que parmi les matériels que nous avons livrés, il y a du matériel d’armes de défense qui sont extrêmement utiles à l’action policière. Et qui dans bien des cas, heureusement permettent d’éviter l’utilisation d’armes. Le deuxième point, c’est que l’environnement international de la Côte d’Ivoire va évidemment changer à mesure que change la situation du pays. Nous avons, nous Français, souffert avec le peuple ivoirien pendant ces mois de drame épouvantable qu’il a connus. Aujourd’hui, nous constatons d’abord que le verdict des urnes a triomphé. C’est la voie du peuple qui s’est exprimée. Et la Côte d’Ivoire a retrouvé la vie démocratique. La consolidation de cette vie démocratique va intervenir très prochainement avec les élections législatives qui sont prévues au mois de décembre. Dès lors que tout se normalise, le reste se normalisera aussi. Et je suis sûr qu’à court terme, nous serons à mesure d’apporter à la police et à la gendarmerie ivoirienne, l’ensemble des matériels dont elles ont besoin.
Q : Des indiscrétions soulignent que récemment, Paris aurait émis un droit de véto sur une commande d’armes des autorités ivoiriennes. Qu’en est-il ?
C.G : J’ignore tout de cela
Q : Monsieur le ministre, vous avez annoncé différents engagements que la France prend vis-à-vis de la Côte d’Ivoire, pour l’aider, la soutenir mais en même temps, il y a dans votre pays, un débat sur le budget 2012. Le Premier ministre François Fillon disait récemment que c’est le budget le plus austère que le pays n’a pas connu depuis des années. Est-ce qu’il n’y a pas de crainte de voir les engagements pris ne pas s’exécuter ?
C.G. : C’est vrai qu’à la fois par choix et par nécessité, la France adopte un budget 2012 qui est rigoureux, parce qu’il faut continuer à mériter le classement de triple A qui est appliqué à notre dette, et qui commande les taux de crédit. Le taux de crédit qui est actuellement obtenu par la France est de l’ordre de 3%. Ça se rapporte à une charge de la dette qui est annuellement de 48 milliards d’Euro. L’Italie qui est un pays qui est davantage dans le collimateur, si je peux m’exprimer ainsi, des accords de dotation, a des accords de crédit qui sont de 6%. Il nous faut rester autour des 3%. Si nous avions 6%, ça voudrait dire que notre charge de la dette augmente presqu’à cent milliards par an. Donc, il nous faut être rigoureux, c’est vrai, et nous le serons si nécessaire, d’ailleurs, nous le serons davantage. Je voudrais aussi dire que dans un budget, il y a toujours des choix, des priorités. Et puis à l’intérieur des bases disponibles, il y a des marches de manœuvre. Donc, les engagements que je prends aujourd’hui devant le gouvernement, mon collègue et le peuple ivoirien, seront tenus. Je vous en donne l’assurance.
Q : A combien s’élève le montant des dons faits à la Côte d’Ivoire ?
C.G. : Je ne suis pas incapable de vous dire la valeur de ces matériels. Je dirais que de toutes les façons, peu importe, ce qui compte c’est l’utilité qu’ils peuvent avoir pour la police et la gendarmerie ivoirienne. Beaucoup de responsables le disent, des commissariats de police, des brigades de gendarmerie ont été saccagés, ont des problèmes d’informatique. D’où la fourniture d’un certain nombre d’ordinateurs, ou ont des problèmes d’équipements, de transport. Et chacun comprend bien que la police et la gendarmerie ont besoin de transporter des patrouilles d’un point à un autre. Ont besoin d’envoyer des véhicules et des équipages sur place lorsqu’une alerte est donnée. Ce qui compte, c’est l’utilité. Et je pense que ces matériels sont utiles. Je précise d’ailleurs qu’il y aura d’autres fournitures qui viendront.
Hamed Bakayoko :
«D’ici à un mois la police rentrera dans tout son
patrimoine»
Hamed Bakayoko : Pour nous la valeur de ce don est inestimable. Demain, après-demain la Côte d’Ivoire aura des ressources pour s’acheter des voitures. Aujourd’hui, nous sommes dans l’urgence et le besoin. Comment de fois nos compatriotes appellent à l’aide et au secours ? Et nos forces n’ont pas la capacité et la mobilité pour aller vers eux. Je trouve que ce don, en ce moment, est très précieux. Les accords de défense seront signés en décembre. Le Président Sarkozy et le Président Ouattara ont souhaité que cela se fasse en toute transparence. Qu’il soit public et que tout le monde en connaisse les termes. En dehors de la coopération dans les domaines de la sécurité et de le défense, ce que je peux dire c’est que nous avons décidé d’être ensemble pour aller beaucoup plus loin et en synergie dans ce domaine. Ce n’est pas un secret qu’un pays développé comme la France a des avancées dans le domaine de la sécurité. Et nous allons en profiter dans le cadre de la formation notamment. Déjà en 2012, plusieurs modules sont prévus dans le cadre de la lutte contre la drogue, l’insécurité, la formation des maîtres-chiens pour la drogue, la formation des maîtres-chiens pour la recherche des armes qui sont cachées ça et là à Abidjan. C’est donc une coopération dynamique qui va s’établir à partir de maintenant qui sera illustré par ces accords de défense
Q : Certains camps des policiers sont encore occupés par des militaires. Qu’en est-il ?
H.B. : Tout cela est un processus. Cette crise post-électorale s’est achevée par une guerre. Vous connaissez les dégâts collatéraux dans ces circonstances, les militaires s’installent çà et là. Mais nous sommes dans un processus de normalisation. Aujourd’hui, plus de 70% du patrimoine de la Police lui a été restitué. Et de la gendarmerie aussi, je crois. Il reste encore un bout. Le chef d’état major général avec qui nous sommes en contact est en train de dégager des sites pour recevoir ses hommes. Je peux vous dire d’ici à un mois que la police rentrera intégralement dans tout son patrimoine.
Propos recueillis par
KIGBAFORY Inza
Question : Monsieur le ministre, la Côte d’Ivoire vient d’opérer un vaste mouvement au niveau de la décentralisation. Quel apport la France compte-t-elle lui apporter dans ce sens ?
Claude Guéant : C’est depuis les années 80 que la France est engagée dans la démarche de décentralisation audacieuse. La France reste convaincue que la décentralisation est une vertu démocratique, parce qu’elle permet de rapprocher les décisions des citoyens. Elle permet, par conséquent, de donner la parole aux citoyens sur un certain nombre d’enjeux qui les concernent directement. C’est aussi une vertu d’efficacité, puisque quand on prend des décisions plus près du terrain, elles sont forcément plus ajustées aux nécessités et aux besoins. Ceci dit, l’expérience de la France en matière de décentralisation, c’est aussi que nous sommes allés trop loin dans les niveaux de compétence. Nous avons le niveau communal, intercommunal, les départements, la région, le niveau national et le niveau Européen qui apporte des contributions à l’exercice des compétences de chacun des niveaux cités précédemment. Et nous sommes engagés actuellement dans une démarche de rationalisation. Traditionnellement, toutes les collectivités locales, avaient compétence dans tous les domaines. Cela occasionnait à n’en point douter, des dépenses supplémentaires, des charges de structures supplémentaires, qui entrainait aussi, parce que les financements étaient croisés, des retards, des complexités dans le montage des dossiers. Par conséquent, il n’y a plus désormais que deux niveaux de collectivités, il s’agit de l’Etat bien sûr, et de la commune par ailleurs. Des régions et des départements qui se trouvent avec des compétences limitées, aux attributions les plus précieuses que la loi leur donne.
Q : Quelle est la place que vous accordez aux armes dans le processus de normalisation de la vie en Côte d’Ivoire ?
C.G. : C’est un sujet qui est délicat parce que vous savez que nous sommes toujours avec les procédures d’embargo qui s’appliquent à la Côte d’Ivoire. Cela étant, je me permets de souligner deux choses, la première, c’est que parmi les matériels que nous avons livrés, il y a du matériel d’armes de défense qui sont extrêmement utiles à l’action policière. Et qui dans bien des cas, heureusement permettent d’éviter l’utilisation d’armes. Le deuxième point, c’est que l’environnement international de la Côte d’Ivoire va évidemment changer à mesure que change la situation du pays. Nous avons, nous Français, souffert avec le peuple ivoirien pendant ces mois de drame épouvantable qu’il a connus. Aujourd’hui, nous constatons d’abord que le verdict des urnes a triomphé. C’est la voie du peuple qui s’est exprimée. Et la Côte d’Ivoire a retrouvé la vie démocratique. La consolidation de cette vie démocratique va intervenir très prochainement avec les élections législatives qui sont prévues au mois de décembre. Dès lors que tout se normalise, le reste se normalisera aussi. Et je suis sûr qu’à court terme, nous serons à mesure d’apporter à la police et à la gendarmerie ivoirienne, l’ensemble des matériels dont elles ont besoin.
Q : Des indiscrétions soulignent que récemment, Paris aurait émis un droit de véto sur une commande d’armes des autorités ivoiriennes. Qu’en est-il ?
C.G : J’ignore tout de cela
Q : Monsieur le ministre, vous avez annoncé différents engagements que la France prend vis-à-vis de la Côte d’Ivoire, pour l’aider, la soutenir mais en même temps, il y a dans votre pays, un débat sur le budget 2012. Le Premier ministre François Fillon disait récemment que c’est le budget le plus austère que le pays n’a pas connu depuis des années. Est-ce qu’il n’y a pas de crainte de voir les engagements pris ne pas s’exécuter ?
C.G. : C’est vrai qu’à la fois par choix et par nécessité, la France adopte un budget 2012 qui est rigoureux, parce qu’il faut continuer à mériter le classement de triple A qui est appliqué à notre dette, et qui commande les taux de crédit. Le taux de crédit qui est actuellement obtenu par la France est de l’ordre de 3%. Ça se rapporte à une charge de la dette qui est annuellement de 48 milliards d’Euro. L’Italie qui est un pays qui est davantage dans le collimateur, si je peux m’exprimer ainsi, des accords de dotation, a des accords de crédit qui sont de 6%. Il nous faut rester autour des 3%. Si nous avions 6%, ça voudrait dire que notre charge de la dette augmente presqu’à cent milliards par an. Donc, il nous faut être rigoureux, c’est vrai, et nous le serons si nécessaire, d’ailleurs, nous le serons davantage. Je voudrais aussi dire que dans un budget, il y a toujours des choix, des priorités. Et puis à l’intérieur des bases disponibles, il y a des marches de manœuvre. Donc, les engagements que je prends aujourd’hui devant le gouvernement, mon collègue et le peuple ivoirien, seront tenus. Je vous en donne l’assurance.
Q : A combien s’élève le montant des dons faits à la Côte d’Ivoire ?
C.G. : Je ne suis pas incapable de vous dire la valeur de ces matériels. Je dirais que de toutes les façons, peu importe, ce qui compte c’est l’utilité qu’ils peuvent avoir pour la police et la gendarmerie ivoirienne. Beaucoup de responsables le disent, des commissariats de police, des brigades de gendarmerie ont été saccagés, ont des problèmes d’informatique. D’où la fourniture d’un certain nombre d’ordinateurs, ou ont des problèmes d’équipements, de transport. Et chacun comprend bien que la police et la gendarmerie ont besoin de transporter des patrouilles d’un point à un autre. Ont besoin d’envoyer des véhicules et des équipages sur place lorsqu’une alerte est donnée. Ce qui compte, c’est l’utilité. Et je pense que ces matériels sont utiles. Je précise d’ailleurs qu’il y aura d’autres fournitures qui viendront.
Hamed Bakayoko :
«D’ici à un mois la police rentrera dans tout son
patrimoine»
Hamed Bakayoko : Pour nous la valeur de ce don est inestimable. Demain, après-demain la Côte d’Ivoire aura des ressources pour s’acheter des voitures. Aujourd’hui, nous sommes dans l’urgence et le besoin. Comment de fois nos compatriotes appellent à l’aide et au secours ? Et nos forces n’ont pas la capacité et la mobilité pour aller vers eux. Je trouve que ce don, en ce moment, est très précieux. Les accords de défense seront signés en décembre. Le Président Sarkozy et le Président Ouattara ont souhaité que cela se fasse en toute transparence. Qu’il soit public et que tout le monde en connaisse les termes. En dehors de la coopération dans les domaines de la sécurité et de le défense, ce que je peux dire c’est que nous avons décidé d’être ensemble pour aller beaucoup plus loin et en synergie dans ce domaine. Ce n’est pas un secret qu’un pays développé comme la France a des avancées dans le domaine de la sécurité. Et nous allons en profiter dans le cadre de la formation notamment. Déjà en 2012, plusieurs modules sont prévus dans le cadre de la lutte contre la drogue, l’insécurité, la formation des maîtres-chiens pour la drogue, la formation des maîtres-chiens pour la recherche des armes qui sont cachées ça et là à Abidjan. C’est donc une coopération dynamique qui va s’établir à partir de maintenant qui sera illustré par ces accords de défense
Q : Certains camps des policiers sont encore occupés par des militaires. Qu’en est-il ?
H.B. : Tout cela est un processus. Cette crise post-électorale s’est achevée par une guerre. Vous connaissez les dégâts collatéraux dans ces circonstances, les militaires s’installent çà et là. Mais nous sommes dans un processus de normalisation. Aujourd’hui, plus de 70% du patrimoine de la Police lui a été restitué. Et de la gendarmerie aussi, je crois. Il reste encore un bout. Le chef d’état major général avec qui nous sommes en contact est en train de dégager des sites pour recevoir ses hommes. Je peux vous dire d’ici à un mois que la police rentrera intégralement dans tout son patrimoine.
Propos recueillis par
KIGBAFORY Inza