Au moment où on s’y attendait le moins, quatre partis membres du Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd, pro-Gbagbo) sont allés déposer, vendredi 4 novembre 2011 en fin d’après-midi, leur dossier de candidature pour les législatives prochaines. Leurs « papiers » ont été réceptionnés à la Commission électorale indépendante (Cei) aux Deux-Plateaux. Il s’agit du Cap Unir pour la démocratie et le développement (Cap-Udd) de Coulibaly Delinpelna Gervais, de l’Union républicaine pour la démocratie (Urd) de Danielle Boni Claverie, l’Union démocratique et citoyenne (Udcy) de Mel Eg Théodore, le Mouvement National citoyen alternative (Mnc) de Kabran Appiah. Quand il a fini de déposer, avec « ses alliés de l’heure », la vingtaine de dossiers, l’ex-porte-parole de Laurent Gbagbo a expliqué les raisons d’une telle démarche. Il a révélé que les quatre partis ont posé cet acte pour permettre au gouvernement de réagir positivement aux doléances formulées par l’opposition regroupée au sein du Cnrd. « Dans les jours à venir, le gouvernement nous l’a promis : nous aurons certainement le plaisir de revoir certains de nos camarades qui sont incarcérés. C’est l’une de nos très grandes préoccupations. Nous espérons voir les avoirs de certains d’entre nous dégelés, parce qu’ils nous ont dit que ce ne sont pas tous les avoirs qui vont être dégelés, mais les avoirs de certains d’entre nous. Nous pouvons compter sur eux pour que les élections soient justes et équitables et pour cela, la Cei doit être rééquilibrée. Et notre sécurité va être garantie au cours de nos rassemblements », a affirmé M. Coulibaly, ajoutant espérer que le gouvernement tienne sa parole. Comme si son appel avait été entendu, le procureur général près la Cour d'appel d'Abidjan a informé, mardi 8 novembre 2011, dans son communiqué que la chambre d'accusation de la cour d'appel d'Abidjan examinera les diverses demandes de mise en liberté provisoire présentées par les personnes inculpées dans le cadre de la crise postélectorale au cours de son audience du mercredi 9 novembre 2011. En fait, il s’agit de la demande de mise en liberté provisoire des pro-Gbagbo détenus à l’intérieur du pays. Avant cette sortie, des voix se sont élevées, ici et là, pour dénoncer le geste des quatre partis membres du Cnrd. Certains ont parlé de trahison. D’autres ont trouvé que Coulibaly Gervais et les autres ont fragilisé le Fpi. Qui continue de menacer de boycotter les législatives prochaines. Pour la porte-parole du Cap-Udd, il n’en est rien. Marie Chantal Djédjé a, dans un entretien qu’elle nous a accordé, relater les dessous de leur démarche. Elle a dit leur réelle motivation. Pour elle, on était arrivé à un bras de fer entre le Cnrd et le gouvernement. « On était arrivé à une situation de bras de fer. Le gouvernement se voyant en position de force, demandait que le Cnrd fasse le pas. Le Cnrd, de son côté, refusait. Pour sauver le pays et décrisper l’atmosphère, il fallait faire preuve d’humilité comme le président Gervais Coulibaly l’avait demandé lors du lancement de notre parti. C’est ce que nous avons fait en faisant preuve de réalisme », a indiqué Marie Chantal Djédjé. « Et, notre acte va permettre de libérer certains de nos camarades qui sont en prison depuis sept mois. Il est aussi sûr que nous allons obtenir la satisfaction des autres revendications », a-t-elle précisé. « Nous n’avons pas lâché le Fpi. Nous sommes ensemble au Cnrd et nous menons ensemble le combat de la résistance et de la démocratie. Il y a seulement que sur la question de la participation aux législatives que nous n’avons pas eu les mêmes options. Notre parti, le Cap-Udd et les autres, voulons obéir à la volonté de notre chef, Laurent Gbagbo, qui dès sa chute a souhaité que le débat civil, juridique et politique soit mené. Il a dit qu’il fallait quitter la scène de la guerre qu’il avait perdue et qu’il fallait mener le débat sur la démocratie. Ce qui ne peut se faire si nous ne sommes pas présents au parlement », a souligné la collaboratrice de Coulibaly Gervais, estimant « qu’un boycott des élections législatives n’est pas la meilleure façon de faire avancer le débat politique surtout qu’après la crise électorale, les Ivoiriens aspirent à la paix et à la réconciliation ».
SYLLA A.
SYLLA A.