Charles Yaovi Djrekpo est le directeur résident du National democratic institute (Ndi) section de la Côte d’Ivoire, une Ong qui, depuis 1993, accompagne les acteurs de la démocratie ivoirienne que sont les partis politiques et les organisations de la société civile, dans leur action pour la recherche d’une démocratie authentique et pour sa consolidation. Dans cet entretien, il nous donne l’état de la démocratie en Côte d’Ivoire, suite au changement de régime qui s’est opéré.
Qu’est-ce qui a motivé la création du Ndi ?
Le Ndi a été créé aux Etats-Unis en 1983. Il a pour objectif d’aider les Etats à ce que la démocratie s’enracine et gagne du terrain. Le Ndi voulait que l’on promeuve la démocratie comme la résultante des deux visions qui contrôlaient le monde. De manière à ce qu’on pratique une démocratie qui prenne racine dans les principes du libéralisme, mais enrichisse les données de la démocratie populaire qui voudrait donner la place prépondérante au développement de l’homme.
Quelle appréciation faites-vous de la démocratie en Côte d’Ivoire ?
Le Ndi a planté sa tente en 2005, en Côte d’Ivoire, mais c’est en 2008 que je suis venu en Côte d’Ivoire. L’idée de l’élaboration du code de bonne conduite qui a conduit les partis politiques aux élections présidentielles de 2010 a été suggérée par le Ndi. Les partis politiques ont choisi librement de s’asseoir ensemble pour discuter et élaborer leur code. Avec la Commission électorale indépendante (Cei) et la division électorale de l’Onuci, nous avons accompagné les forces politiques avec l’expérience que nous avons accumulée dans d’autres pays du monde. La Côte d’Ivoire va devenir une référence démocratique, mais à condition que les acteurs politiques acceptent de discuter, sans exclusion.
Quel jugement portez-vous sur le non respect de ce code de bonne conduite par des partis politiques signataires pendant les élections de 2010 ?
Nous avions pensé qu’après l’élaboration du code il allait rester dans les tiroirs. Nous nous sommes donc déployés sur le terrain pour vulgariser ce code de bonne conduite et ce en partenariat avec les partis politiques eux-mêmes. Car, pour nous, c’est dans la mesure où les populations auront intériorisé le contenu du document et seraient à mesure d’interpeller leurs leaders de partis politiques sur le respect ou non du document qui régit les comportements. Malheureusement, les parties en présence n’ont pas appliqué les articles 19 et 20 du document dans lesquels elles se sont engagées librement à vulgariser ces principes. C’est malheureux que les élections virent au vinaigre et tournent au drame pour les peuples africains. Les guerres civiles prennent naissance des suites des élections. Cela résulte du fait que les politiques ne veulent pas respecter le code électoral. Il faut qu’on redonne ses vraies couleurs à la démocratie en Afrique.
Quel objectif poursuivez-vous en organisant une fois de plus une cérémonie de signature de ce code de bonne conduite ?
L’objectif de la relance de l’opération de vulgarisation, c’était pour dire aux partis politiques d’appliquer le code qu’ils ont eux-mêmes élaboré et vulgarisé. Il s’agissait pour nous de leur dire de le faire maintenant, afin d’éviter ce qui est arrivé aux élections présidentielles. C’est le mobile déterminant du forum que nous avons organisé avec la Cei. Nous estimions que si la loi déserte le forum, la violence s’installe. Si le code de bonne conduite n’est pas respecté pour les prochaines élections législatives, le pays pourrait sombrer encore dans la violence.
Pensez-vous qu’avec le nouveau régime, la démocratie est de retour en Côte d’Ivoire?
La démocratie n’est jamais une donnée acquise. Elle est une quête perpétuelle, le résultat des reformes institutionnelles. Tant que le principe de séparation du pouvoir ne prend pas de relief, on ne peut pas parler de démocratie. La Côte d’Ivoire est au début de la démocratie. Les nouveaux dirigeants doivent organiser une réflexion nationale sur les modifications à apporter aux moules. Les vrais fondamentaux de la démocratie ne sont pas encore visibles. Les idées toutes faites, les prêts-à-porter ne sont pas compatibles avec la démocratie. La démocratie est la résultante de la cogitation populaire, dans le dialogue. On ne dialogue pas suffisamment en Côte d’Ivoire.
Que vaut alors la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, dirigée par le Premier ministre Charles Konan Banny ?
C’est pour régler les haines issues de la violence qu’on a connue dans le pays. Ce qu’il faut, c’est que tous les acteurs de la démocratie s’asseyent pour dialoguer, pour réfléchir sur quel modèle de société bâtir et quelle institution penser. Par exemple, au Benin, en 1990, il y a eu une conférence nationale où on s’est assis pour réfléchir. Il faut qu’à un certain moment on se demande si les institutions qui régissent produisent des démocrates. Si on a une Assemblée nationale qui est une caisse de résonnance de l’exécutif, on ne peut pas parler de séparation de pouvoirs.
Est-ce qu’on peut bâtir une démocratie sans justice ?
On ne peut pas séparer la justice de la réconciliation. La justice est le nouveau nom de la paix. Vous ne pouvez séparer justice et conduite de la vie de la nation. Ceux qui prônent une réconciliation sans justice sont obligés de faire preuve de justice dans leur maison. Je ne suis pas dans ce débat de séparation de justice et de démocratie. Je souhaite que la Côte d’Ivoire retrouve la paix.
Réalisée par ADAYE KOUAKOU
Qu’est-ce qui a motivé la création du Ndi ?
Le Ndi a été créé aux Etats-Unis en 1983. Il a pour objectif d’aider les Etats à ce que la démocratie s’enracine et gagne du terrain. Le Ndi voulait que l’on promeuve la démocratie comme la résultante des deux visions qui contrôlaient le monde. De manière à ce qu’on pratique une démocratie qui prenne racine dans les principes du libéralisme, mais enrichisse les données de la démocratie populaire qui voudrait donner la place prépondérante au développement de l’homme.
Quelle appréciation faites-vous de la démocratie en Côte d’Ivoire ?
Le Ndi a planté sa tente en 2005, en Côte d’Ivoire, mais c’est en 2008 que je suis venu en Côte d’Ivoire. L’idée de l’élaboration du code de bonne conduite qui a conduit les partis politiques aux élections présidentielles de 2010 a été suggérée par le Ndi. Les partis politiques ont choisi librement de s’asseoir ensemble pour discuter et élaborer leur code. Avec la Commission électorale indépendante (Cei) et la division électorale de l’Onuci, nous avons accompagné les forces politiques avec l’expérience que nous avons accumulée dans d’autres pays du monde. La Côte d’Ivoire va devenir une référence démocratique, mais à condition que les acteurs politiques acceptent de discuter, sans exclusion.
Quel jugement portez-vous sur le non respect de ce code de bonne conduite par des partis politiques signataires pendant les élections de 2010 ?
Nous avions pensé qu’après l’élaboration du code il allait rester dans les tiroirs. Nous nous sommes donc déployés sur le terrain pour vulgariser ce code de bonne conduite et ce en partenariat avec les partis politiques eux-mêmes. Car, pour nous, c’est dans la mesure où les populations auront intériorisé le contenu du document et seraient à mesure d’interpeller leurs leaders de partis politiques sur le respect ou non du document qui régit les comportements. Malheureusement, les parties en présence n’ont pas appliqué les articles 19 et 20 du document dans lesquels elles se sont engagées librement à vulgariser ces principes. C’est malheureux que les élections virent au vinaigre et tournent au drame pour les peuples africains. Les guerres civiles prennent naissance des suites des élections. Cela résulte du fait que les politiques ne veulent pas respecter le code électoral. Il faut qu’on redonne ses vraies couleurs à la démocratie en Afrique.
Quel objectif poursuivez-vous en organisant une fois de plus une cérémonie de signature de ce code de bonne conduite ?
L’objectif de la relance de l’opération de vulgarisation, c’était pour dire aux partis politiques d’appliquer le code qu’ils ont eux-mêmes élaboré et vulgarisé. Il s’agissait pour nous de leur dire de le faire maintenant, afin d’éviter ce qui est arrivé aux élections présidentielles. C’est le mobile déterminant du forum que nous avons organisé avec la Cei. Nous estimions que si la loi déserte le forum, la violence s’installe. Si le code de bonne conduite n’est pas respecté pour les prochaines élections législatives, le pays pourrait sombrer encore dans la violence.
Pensez-vous qu’avec le nouveau régime, la démocratie est de retour en Côte d’Ivoire?
La démocratie n’est jamais une donnée acquise. Elle est une quête perpétuelle, le résultat des reformes institutionnelles. Tant que le principe de séparation du pouvoir ne prend pas de relief, on ne peut pas parler de démocratie. La Côte d’Ivoire est au début de la démocratie. Les nouveaux dirigeants doivent organiser une réflexion nationale sur les modifications à apporter aux moules. Les vrais fondamentaux de la démocratie ne sont pas encore visibles. Les idées toutes faites, les prêts-à-porter ne sont pas compatibles avec la démocratie. La démocratie est la résultante de la cogitation populaire, dans le dialogue. On ne dialogue pas suffisamment en Côte d’Ivoire.
Que vaut alors la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, dirigée par le Premier ministre Charles Konan Banny ?
C’est pour régler les haines issues de la violence qu’on a connue dans le pays. Ce qu’il faut, c’est que tous les acteurs de la démocratie s’asseyent pour dialoguer, pour réfléchir sur quel modèle de société bâtir et quelle institution penser. Par exemple, au Benin, en 1990, il y a eu une conférence nationale où on s’est assis pour réfléchir. Il faut qu’à un certain moment on se demande si les institutions qui régissent produisent des démocrates. Si on a une Assemblée nationale qui est une caisse de résonnance de l’exécutif, on ne peut pas parler de séparation de pouvoirs.
Est-ce qu’on peut bâtir une démocratie sans justice ?
On ne peut pas séparer la justice de la réconciliation. La justice est le nouveau nom de la paix. Vous ne pouvez séparer justice et conduite de la vie de la nation. Ceux qui prônent une réconciliation sans justice sont obligés de faire preuve de justice dans leur maison. Je ne suis pas dans ce débat de séparation de justice et de démocratie. Je souhaite que la Côte d’Ivoire retrouve la paix.
Réalisée par ADAYE KOUAKOU