Les retraités sont le plus souvent confrontés à d’énormes difficultés au soir de leur carrière professionnelle dans l’administration publique ou dans le privé. Comment passent-ils leur nouvelle vie. Nous sommes entrés dans l’intimité de certains d’entre eux.
Ce lundi 24 octobre 2011, nous arrivons au domicile du vieux N.K à Angré dans la commune de Cocody. Notre interlocuteur avait posé comme préalable à toute collaboration, de garder l’anonymat. Lorsque nous arrivons le jour du rendez-vous chez lui, ses enfants nous informent qu’il est sorti exécuter un de ses exercices favoris ! La marche. Nous prenons place tout de même dans le salon.
Au bout d’une heure d’attente, celui que nous attendons, fait son apparition. A notre vue le vieux N.K, visiblement heureux s’empresse de se mettre à notre disposition. Sans toutefois oublier de s’excuser pour la longue attente. A peine les civilités échangées que notre hôte nous installe sous un préau dans la cour de sa résidence. Là, il se prête à toutes nos préoccupations. « Comprenez mes chers enfants que la vie de retraité n’est pas du tout facile pour nous qui sommes encore en possession de toutes nos facultés physiques », a déploré N.K. Selon lui, les retraités vivent plus l’ennui que le repos suite à une carrière professionnelle bien remplie.
Toute chose qui l’amène à obéir à s’adonner à de nouvelles habitudes pour vaincre l’ennui du quotidien. C’est pourquoi, il s’adonne à des marches qu’il apprécie beaucoup et qui sont pour lui, une façon de pratiquer le sport, de sorte à maintenir la forme loin des attaques consécutives au poids de l’âge. N.K était Administrateur civil et a assumé des responsabilités à divers niveaux. Dont celles de Préfet dans l’un des principaux départements de la région du N’zi Comoé. C’est en 1996 qu’il a été admis à faire valoir ses droits à la retraite. Quinze (15) années après, il garde toujours intacte la forme et ne semble pas être affecté par le poids de ses 74 années. Son seul problème se situe au niveau du désœuvrement qu’il a très vite comblé par la pratique du sport, la lecture des journaux et ses nombreux déplacements.
La retraite, meilleure période d’investissement
S’il y a une période dont rêvent nombre de fonctionnaires, agents de l’Etat ou salariés du privé, est bien celle de la retraite. En effet, ceux-ci mettent à profit cette période pour s’investir dans des activités qui étaient incompatibles avec leurs fonctions. C’est le cas d’Akpa Gnagne qui, une fois son engagement avec l’Etat terminé, s’est converti en planteur d’hévéa à Dabou, où il est propriétaire d’une dizaine d’hectares. «Les débuts n’étaient pas du tout facile. A cinq ans de ma retraite, j’ai décidé de mettre en valeur un espace dont j’ai hérité de mon père», a-t-il expliqué. Avant d’ajouter qu’il était obligé de demander une mutation à Abidjan pour être plus proche de son village.
Une fois dans la capitale économique, il sacrifiait ses moments de loisir au profit se rendre chaque week-end au village. Où, selon lui, il mettait son séjour à profit pour réaliser petit à petit sa plantation. « Je ne pouvais pas m’investir totalement dans ce projet qui me tenait à cœur pendant que j’étais encore en fonction », a ajoute cet enseignant. Il était précisément professeur de Lycées. Ainsi, pour pallier ses moments d’absence de sa plantation, il engageait de temps à autres des manœuvres pour entretenir les jeunes plants d’hévéa. Les week-ends, il faisait la ronde de son espace pour vérifier l’état d’avancement des travaux. Une fois à la retraite, Akpa Gnagne s’est totalement consacré à son champ d’hévéa.
Pour ce faire, il a créé un campement au milieu de sa plantation pour y élire domicile et mieux suivre son exploitation agricole. « J’ai utilisé une partie du rappel de ma pension que j’ai complétée avec mes épargnes pour acheter un véhicule de transport communément appelé ‘’Gbaka’’», explique K. Moussa, devenu aujourd’hui un transporteur prospère, 10 ans après avoir été admis à faire valoir ses droits à la retraite. Avec à la clef un parc automobile bien fourni. Né d’un père transporteur, il avait toujours rêvé de devenir transporteur. Mais sous contrat avec l’Etat ivoirien, il ne pouvait pas s’aventurer sur ce terrain qui nécessite une réelle disponibilité pour suivre ses véhicules au quotidien. Dès lors, prenant son mal en patience, K. Moussa a attendu la période de sa retraite pour s’investir définitivement dans le secteur du transport. Ce qui meuble ses journées et lui évite d’être oisif.
La retraite n’est pas toujours un paradis
Si la période de retraite se présente sous des aspects presque paradisiaques pour certains anciens fonctionnaires, ce n’est pas le cas chez nombre de retraités de la Fonction publique que nous avons rencontré dans le cadre de cette enquête. C’est le cas notamment de B. Anatole pour qui, la retraite se présente comme un ultime supplice. Instituteur de son état, il y a à peine trois années qu’il a été admis à faire valoir ses droits à la retraite. Après trente années de loyaux services rendus à l’Etat de Côte d’Ivoire, B. Anatole semble avoir oublié de penser à lui-même.
Au point où, à la retraite, il continue d’habiter le modeste appartement qu’il louait mensuellement lorsqu’il était encore en service. Il partage cette habitation avec sa nombreuse famille, dont les enfants et leurs progénitures. Evidemment, cette situation n’est pas faite pour rendre heureux B. Anatole qui a fini par s’abandonner à l’alcool. Sa bourse n’étant pas à la hauteur des boissons de qualité, il passe le clair de son temps dans les bistrots de la Gesco, quartier périphérique de la commune de Yopougon qu’il habite depuis des lustres. A longueur de journée, il noie à la fois son ennui et ses soucis de famille dans l’alcool local communément appelé ‘’Koutoukou’’.
Tout comme lui, plusieurs retraités avec qui il a créé un club d’amis partagent les mêmes misères dans ces milieux interlopes. Les amis de B. Anatole sont soit des retraités de la Fonction publique comme lui, soit du secteur privé. Chaque journée se présente pour ses retraités comme un défi qu’ils doivent surmonter. Pour à la fois se nourrir et assurer les pots de cette boisson frelatée qu’ils s’offrent souvent à crédits et dont ils s’acquittent à la fin de mois lorsqu’ils touchent à leur pension. Les journées sont pratiquement identiques dans l’univers de ses retraités. Comme on peut le constater, les retraités n’ont pas les mêmes conditions de vie. Tandis que certains d’entre eux jouissent pleinement de cette période assimilable au repos après plusieurs années de durs labeurs, d’autres par contre traversent cette période de retraite comme une douloureuse épreuve. Plus nombreux, cette catégorie de retraités n’arrivent pas le plus souvent à vivre cette situation inconfortable et meurent dans l’indigence.
Enquête réalisée par
Ephraïm Aboubacar
Ce lundi 24 octobre 2011, nous arrivons au domicile du vieux N.K à Angré dans la commune de Cocody. Notre interlocuteur avait posé comme préalable à toute collaboration, de garder l’anonymat. Lorsque nous arrivons le jour du rendez-vous chez lui, ses enfants nous informent qu’il est sorti exécuter un de ses exercices favoris ! La marche. Nous prenons place tout de même dans le salon.
Au bout d’une heure d’attente, celui que nous attendons, fait son apparition. A notre vue le vieux N.K, visiblement heureux s’empresse de se mettre à notre disposition. Sans toutefois oublier de s’excuser pour la longue attente. A peine les civilités échangées que notre hôte nous installe sous un préau dans la cour de sa résidence. Là, il se prête à toutes nos préoccupations. « Comprenez mes chers enfants que la vie de retraité n’est pas du tout facile pour nous qui sommes encore en possession de toutes nos facultés physiques », a déploré N.K. Selon lui, les retraités vivent plus l’ennui que le repos suite à une carrière professionnelle bien remplie.
Toute chose qui l’amène à obéir à s’adonner à de nouvelles habitudes pour vaincre l’ennui du quotidien. C’est pourquoi, il s’adonne à des marches qu’il apprécie beaucoup et qui sont pour lui, une façon de pratiquer le sport, de sorte à maintenir la forme loin des attaques consécutives au poids de l’âge. N.K était Administrateur civil et a assumé des responsabilités à divers niveaux. Dont celles de Préfet dans l’un des principaux départements de la région du N’zi Comoé. C’est en 1996 qu’il a été admis à faire valoir ses droits à la retraite. Quinze (15) années après, il garde toujours intacte la forme et ne semble pas être affecté par le poids de ses 74 années. Son seul problème se situe au niveau du désœuvrement qu’il a très vite comblé par la pratique du sport, la lecture des journaux et ses nombreux déplacements.
La retraite, meilleure période d’investissement
S’il y a une période dont rêvent nombre de fonctionnaires, agents de l’Etat ou salariés du privé, est bien celle de la retraite. En effet, ceux-ci mettent à profit cette période pour s’investir dans des activités qui étaient incompatibles avec leurs fonctions. C’est le cas d’Akpa Gnagne qui, une fois son engagement avec l’Etat terminé, s’est converti en planteur d’hévéa à Dabou, où il est propriétaire d’une dizaine d’hectares. «Les débuts n’étaient pas du tout facile. A cinq ans de ma retraite, j’ai décidé de mettre en valeur un espace dont j’ai hérité de mon père», a-t-il expliqué. Avant d’ajouter qu’il était obligé de demander une mutation à Abidjan pour être plus proche de son village.
Une fois dans la capitale économique, il sacrifiait ses moments de loisir au profit se rendre chaque week-end au village. Où, selon lui, il mettait son séjour à profit pour réaliser petit à petit sa plantation. « Je ne pouvais pas m’investir totalement dans ce projet qui me tenait à cœur pendant que j’étais encore en fonction », a ajoute cet enseignant. Il était précisément professeur de Lycées. Ainsi, pour pallier ses moments d’absence de sa plantation, il engageait de temps à autres des manœuvres pour entretenir les jeunes plants d’hévéa. Les week-ends, il faisait la ronde de son espace pour vérifier l’état d’avancement des travaux. Une fois à la retraite, Akpa Gnagne s’est totalement consacré à son champ d’hévéa.
Pour ce faire, il a créé un campement au milieu de sa plantation pour y élire domicile et mieux suivre son exploitation agricole. « J’ai utilisé une partie du rappel de ma pension que j’ai complétée avec mes épargnes pour acheter un véhicule de transport communément appelé ‘’Gbaka’’», explique K. Moussa, devenu aujourd’hui un transporteur prospère, 10 ans après avoir été admis à faire valoir ses droits à la retraite. Avec à la clef un parc automobile bien fourni. Né d’un père transporteur, il avait toujours rêvé de devenir transporteur. Mais sous contrat avec l’Etat ivoirien, il ne pouvait pas s’aventurer sur ce terrain qui nécessite une réelle disponibilité pour suivre ses véhicules au quotidien. Dès lors, prenant son mal en patience, K. Moussa a attendu la période de sa retraite pour s’investir définitivement dans le secteur du transport. Ce qui meuble ses journées et lui évite d’être oisif.
La retraite n’est pas toujours un paradis
Si la période de retraite se présente sous des aspects presque paradisiaques pour certains anciens fonctionnaires, ce n’est pas le cas chez nombre de retraités de la Fonction publique que nous avons rencontré dans le cadre de cette enquête. C’est le cas notamment de B. Anatole pour qui, la retraite se présente comme un ultime supplice. Instituteur de son état, il y a à peine trois années qu’il a été admis à faire valoir ses droits à la retraite. Après trente années de loyaux services rendus à l’Etat de Côte d’Ivoire, B. Anatole semble avoir oublié de penser à lui-même.
Au point où, à la retraite, il continue d’habiter le modeste appartement qu’il louait mensuellement lorsqu’il était encore en service. Il partage cette habitation avec sa nombreuse famille, dont les enfants et leurs progénitures. Evidemment, cette situation n’est pas faite pour rendre heureux B. Anatole qui a fini par s’abandonner à l’alcool. Sa bourse n’étant pas à la hauteur des boissons de qualité, il passe le clair de son temps dans les bistrots de la Gesco, quartier périphérique de la commune de Yopougon qu’il habite depuis des lustres. A longueur de journée, il noie à la fois son ennui et ses soucis de famille dans l’alcool local communément appelé ‘’Koutoukou’’.
Tout comme lui, plusieurs retraités avec qui il a créé un club d’amis partagent les mêmes misères dans ces milieux interlopes. Les amis de B. Anatole sont soit des retraités de la Fonction publique comme lui, soit du secteur privé. Chaque journée se présente pour ses retraités comme un défi qu’ils doivent surmonter. Pour à la fois se nourrir et assurer les pots de cette boisson frelatée qu’ils s’offrent souvent à crédits et dont ils s’acquittent à la fin de mois lorsqu’ils touchent à leur pension. Les journées sont pratiquement identiques dans l’univers de ses retraités. Comme on peut le constater, les retraités n’ont pas les mêmes conditions de vie. Tandis que certains d’entre eux jouissent pleinement de cette période assimilable au repos après plusieurs années de durs labeurs, d’autres par contre traversent cette période de retraite comme une douloureuse épreuve. Plus nombreux, cette catégorie de retraités n’arrivent pas le plus souvent à vivre cette situation inconfortable et meurent dans l’indigence.
Enquête réalisée par
Ephraïm Aboubacar