Serge Boguhet, cameraman à la Rti : «Voici la réalité sur les caméras de la Rti »
‘’Le premier jour de prison était pénible mais on a fini par s’y adapter. Les images que vous avez vues sur internet c’était pour les premiers jours et on met cela sur le compte des brimades mais ce n’est pas important. Pour mon boulot, je dis franchement que j’avais pris la décision d’arrêter avec la Rti. Parce que je suis le seul cameraman à subir des brimades sous les différents pouvoirs qui se sont succédé jusque-là depuis le coup d’Etat de 1999 où on m’a emprisonné pendant trois jours dans une cellule. Au début de l’ère Gbagbo, on m’a embarqué dans un char. Avec Ouattara aujourd’hui, je passe huit mois en prison sous prétexte que j’ai volé des caméras. En réalité, après l’attaque de la Rti, nous avons déménagé chez Désiré Tagro pour émettre. C’est chez Tagro que l’ancien directeur m’a demandé de garder les caméras pour les remettre aux nouveaux responsables de la Rti. Mais comme je ne pouvais pas aller là-bas, j’ai appelé un de mes collègues qui est Jeff Aka. Il est venu chez moi et nous avons compté les caméras. Dix au total. Il m’a promis aller voir Dégny Maixent et me donner une suite. Puis, il me fait savoir que Dégny a donné son accord. Le lundi 18 avril à 16 h, il est revenu. Il a pris une caméra et une valise de microphones. Il m’a dit qu’il va à Treichville pour revenir. A 22 h, des hommes en armes arrivent chez moi et me prennent tout y compris ma voiture. Ils ont voulu violer ma fille et je me suis opposé. On m’accuse de détenir des armes. Moi Boguhet, avoir des armes ? Non ! Je suis cameraman. Mais bien avant même cela, j’ai été voir le lieutenant des Frci du nom de Inza qui était à la Rti pour lui dire que j’ai des caméras chez moi et je lui ai remis la voiture de service’’.
Diabaté Bêh, conseiller économique et social :
« Nous devons tourner la page pour avancer »
‘’C’est l’emprisonnement qui est une exception. Nous avons aujourd’hui retrouvé la liberté et nous sommes contents. Mais ma joie n’est pas totale. Parce que j’ai mon ami et frère Michel Gbagbo avec qui j’ai été arrêté et avec qui je partageais le même matelas en prison qui n’est pas libéré. Tant que mon ami n’est pas libéré, je ne me sentirai pas libre. Je souhaite que tout soit mis en œuvre pour qu’il soit élargi. Je demande aux autorités de tout faire pour libérer Michel comme tous ceux qui sont encore détenus. Cependant, je reste sans rancune. Nous devons tourner la page pour avancer parce que la Côte d’Ivoire doit avancer. Je suis militant du Fpi et nous allons continuer notre combat politique pour revenir au pouvoir de façon démocratique. Et je voudrais ajouter que l’emprisonnement d’un homme politique n’a jamais résolu un problème. Je demande aux uns et aux autres d’avoir de la hauteur pour qu’on libère les autres pour aller à la paix. Et qu’on continue de travailler la main dans la main pour reconstruire la Côte d’Ivoire’’.
Koné Boubakar, directeur de protocole de Laurent Gbagbo :
«Sans la libération de Gbagbo, nous nous sentons encore prisonniers »
‘’Sans la libération du président Gbagbo, nous nous sentons encore prisonniers quelque part. C’est sa libération que nous attendons et c’est le seul combat qui vaille la peine d’être mené. Tout le reste, c’est du détail. Il nous faut aller à l’essentiel. Je peux cependant apporter le témoignage que ceux qui restent encore détenus sont dans un bon état d’esprit et ils ont un mental solide. Ce sont des hommes de conviction, des hommes de combat et nous n’avons aucune inquiétude à nous faire, les concernant’’.
Gui Boni Sinsin, homme d’affaires et ami de Laurent Gbagbo :
«A partir de cet instant, je deviens militant de base du Fpi »
‘’A partir de cet instant, je deviens militant de base du Fpi. Je n’étais pas homme politique, j’étais homme d’affaires. J’ai été emprisonné pour avoir soutenu le président Gbagbo qui était mon ami. Je n’ai plus le choix que de militer au Fpi qui est son parti’’.
Maurice Lohourignon, ex-directeur de l’aménagement du territoire :
«Je ressens de la joie… parce qu’on va rejoindre la lutte »
‘’Je ressens de la joie parce que de façon générale, on retrouve des amis, la famille. La joie parce qu’on va rejoindre la lutte. Cependant, j’ai beaucoup de pensées pour nos amis qui sont encore détenus. J’aurai pour ma part un carnet de prison à écrire mais cela reste pour l’instant un secret’’.
Kata Kéké, ministre de la recherche du gouvernement Aké N’Gbo:
«Nous avons la vie sauve, c’est l’essentiel»
‘’Un sentiment de satisfaction, mais la locomotive qui pilotait toute cette machine est encore gardée en détention, le président Laurent Gbagbo, ses plus proches collaborateurs, son épouse Simone Gbagbo, le président du Front populaire ivoirien, Pascal Affi N’guessan, tous ceux-là, sont encore emprisonnés. Moi j’étais en détention à Boundiali. Les conditions de détention sont les conditions carcérales habituelles que tout le monde sait. A savoir, pas de communication extérieure, nous qui étions à Boundiali même s’il était possible de recevoir la visite de ses parents biologiques, vous vous imaginez, huit cent cinquante kilomètres de parcours, d’Abidjan à Boundiali, avec tous les aléas de la route. L’insécurité qui est grandissante à Abidjan l’est encore davantage à l’intérieur du pays. Ces conditions de détention c’était surtout la question de l’isolement total que nous avons subi. Dieu merci, nous avons la vie sauve, c’est l’essentiel’’.
Par S. Débailly
‘’Le premier jour de prison était pénible mais on a fini par s’y adapter. Les images que vous avez vues sur internet c’était pour les premiers jours et on met cela sur le compte des brimades mais ce n’est pas important. Pour mon boulot, je dis franchement que j’avais pris la décision d’arrêter avec la Rti. Parce que je suis le seul cameraman à subir des brimades sous les différents pouvoirs qui se sont succédé jusque-là depuis le coup d’Etat de 1999 où on m’a emprisonné pendant trois jours dans une cellule. Au début de l’ère Gbagbo, on m’a embarqué dans un char. Avec Ouattara aujourd’hui, je passe huit mois en prison sous prétexte que j’ai volé des caméras. En réalité, après l’attaque de la Rti, nous avons déménagé chez Désiré Tagro pour émettre. C’est chez Tagro que l’ancien directeur m’a demandé de garder les caméras pour les remettre aux nouveaux responsables de la Rti. Mais comme je ne pouvais pas aller là-bas, j’ai appelé un de mes collègues qui est Jeff Aka. Il est venu chez moi et nous avons compté les caméras. Dix au total. Il m’a promis aller voir Dégny Maixent et me donner une suite. Puis, il me fait savoir que Dégny a donné son accord. Le lundi 18 avril à 16 h, il est revenu. Il a pris une caméra et une valise de microphones. Il m’a dit qu’il va à Treichville pour revenir. A 22 h, des hommes en armes arrivent chez moi et me prennent tout y compris ma voiture. Ils ont voulu violer ma fille et je me suis opposé. On m’accuse de détenir des armes. Moi Boguhet, avoir des armes ? Non ! Je suis cameraman. Mais bien avant même cela, j’ai été voir le lieutenant des Frci du nom de Inza qui était à la Rti pour lui dire que j’ai des caméras chez moi et je lui ai remis la voiture de service’’.
Diabaté Bêh, conseiller économique et social :
« Nous devons tourner la page pour avancer »
‘’C’est l’emprisonnement qui est une exception. Nous avons aujourd’hui retrouvé la liberté et nous sommes contents. Mais ma joie n’est pas totale. Parce que j’ai mon ami et frère Michel Gbagbo avec qui j’ai été arrêté et avec qui je partageais le même matelas en prison qui n’est pas libéré. Tant que mon ami n’est pas libéré, je ne me sentirai pas libre. Je souhaite que tout soit mis en œuvre pour qu’il soit élargi. Je demande aux autorités de tout faire pour libérer Michel comme tous ceux qui sont encore détenus. Cependant, je reste sans rancune. Nous devons tourner la page pour avancer parce que la Côte d’Ivoire doit avancer. Je suis militant du Fpi et nous allons continuer notre combat politique pour revenir au pouvoir de façon démocratique. Et je voudrais ajouter que l’emprisonnement d’un homme politique n’a jamais résolu un problème. Je demande aux uns et aux autres d’avoir de la hauteur pour qu’on libère les autres pour aller à la paix. Et qu’on continue de travailler la main dans la main pour reconstruire la Côte d’Ivoire’’.
Koné Boubakar, directeur de protocole de Laurent Gbagbo :
«Sans la libération de Gbagbo, nous nous sentons encore prisonniers »
‘’Sans la libération du président Gbagbo, nous nous sentons encore prisonniers quelque part. C’est sa libération que nous attendons et c’est le seul combat qui vaille la peine d’être mené. Tout le reste, c’est du détail. Il nous faut aller à l’essentiel. Je peux cependant apporter le témoignage que ceux qui restent encore détenus sont dans un bon état d’esprit et ils ont un mental solide. Ce sont des hommes de conviction, des hommes de combat et nous n’avons aucune inquiétude à nous faire, les concernant’’.
Gui Boni Sinsin, homme d’affaires et ami de Laurent Gbagbo :
«A partir de cet instant, je deviens militant de base du Fpi »
‘’A partir de cet instant, je deviens militant de base du Fpi. Je n’étais pas homme politique, j’étais homme d’affaires. J’ai été emprisonné pour avoir soutenu le président Gbagbo qui était mon ami. Je n’ai plus le choix que de militer au Fpi qui est son parti’’.
Maurice Lohourignon, ex-directeur de l’aménagement du territoire :
«Je ressens de la joie… parce qu’on va rejoindre la lutte »
‘’Je ressens de la joie parce que de façon générale, on retrouve des amis, la famille. La joie parce qu’on va rejoindre la lutte. Cependant, j’ai beaucoup de pensées pour nos amis qui sont encore détenus. J’aurai pour ma part un carnet de prison à écrire mais cela reste pour l’instant un secret’’.
Kata Kéké, ministre de la recherche du gouvernement Aké N’Gbo:
«Nous avons la vie sauve, c’est l’essentiel»
‘’Un sentiment de satisfaction, mais la locomotive qui pilotait toute cette machine est encore gardée en détention, le président Laurent Gbagbo, ses plus proches collaborateurs, son épouse Simone Gbagbo, le président du Front populaire ivoirien, Pascal Affi N’guessan, tous ceux-là, sont encore emprisonnés. Moi j’étais en détention à Boundiali. Les conditions de détention sont les conditions carcérales habituelles que tout le monde sait. A savoir, pas de communication extérieure, nous qui étions à Boundiali même s’il était possible de recevoir la visite de ses parents biologiques, vous vous imaginez, huit cent cinquante kilomètres de parcours, d’Abidjan à Boundiali, avec tous les aléas de la route. L’insécurité qui est grandissante à Abidjan l’est encore davantage à l’intérieur du pays. Ces conditions de détention c’était surtout la question de l’isolement total que nous avons subi. Dieu merci, nous avons la vie sauve, c’est l’essentiel’’.
Par S. Débailly