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Société Publié le vendredi 18 novembre 2011 | L’Inter

Situation explosive / Le feu couve à nouveau à l`Ouest, Dozos et populations au bord de l`affrontement, Le préfet de Duékoué: «C`est une préoccupation majeure»

© L’Inter
Des dozos à Abobo pour un meeting
Traditional hunters (or Dozo) sit with their guns as they attend their first annual meeting at Abobo, in Abidjan July 25, 2011. Typically traditional hunters from the north, many of the Dozo joined forces with pro-Ouattara soldiers belonging to the Republican Forces of Ivory Coast (FRCI), against troops loyal to former President Laurent Gbagbo during the post electoral crisis.
L`appel à la réconciliation nationale lancé par les nouvelles autorités ivoiriennes est loin d`être entendu dans les régions de l`ouest forestier de la Côte d`Ivoire où la cohabitation entre les chasseurs traditionnels, communément appelés ``dozo``, venus du nord et les peuples autochtones, est constamment émaillée d`écueils. A la faveur de la caravane des arts et de la culture pour la réconciliation et la cohésion qui a sillonné certaines de ces régions, notamment Lakota et Duékoué, notre équipe de reportage a pu s`apercevoir de ce phénomène ; une véritable pomme de discorde entre ces différentes communautés. Le ton est donné dans la cité du Djiboua, où la grande attraction de la cérémonie d`ouverture de la première étape de la caravane initiée par le ministère de la Culture a été la forte présence de la confrérie des ``dozos``. Fusils calibre 12 au poing, ces chasseurs, en nombre pléthorique, ont convergé vers la mairie, dressant une haie d`honneur aux personnalités arrivées dans la ville. Ce spectacle présenterait-il un choc pour la communauté ``Dida`` , le peuple autochtone de Lakota? Toujours est-il que cette communauté, dans sa grande majorité, va bouder les festivités de la caravane en n`y prenant pas part. Le patriarche D.O, membre de la chefferie traditionnelle de Neko, village situé à quelques kilomètres de la capitale du Djiboua, ne cachera pas sa préoccupation face à l`émergence de ce phénomène: « On s`apprêtait à aller à la mairie quand on a appris que ce sont les dozos qui assurent la sécurité de la cérémonie. Ne voulant pas avoir affaire à eux, nous avons préféré rester chez nous. On ne comprend pas que malgré le retour des Forces républicaines (FRCI) et de la gendarmerie, on continue de laisser ces gens-là se promener dans la ville avec leurs armes», a déploré l`autorité traditionnelle. Avant d`ajouter: «De passage, j`ai vu un jeune avec qui on faisait tout ici, en tenue dozo. Les dozos sont dans les champs avec leurs armes, ils exploitent nos plantations sans que nous n`ayons à redire. La guerre est finie, il y a un président qui a été élu avec les institutions au travail, je ne comprends pas pourquoi on peut encore laisser des gens qui n`ont pas de permis de port d`armes, se promener dans la rue avec des cartouches sans être inquiétés». A Duékoué, la présence de ces dozos trouble également les nuits des populations locales, précisément la communauté ``Wê`` de l`ethnie ``Guéré``. Ce peuple ne se rassure guère de la présence et de la conduite sur ses terres de ces frères à qui il a accordé l`hospitalité. T. Robert, ressortissant de Bahébé, village situé sur l`axe Duékoué-Guiglo, n`est pas du tout tendre envers les nouveaux maîtres des terres de l`Ouest. «Malgré la fin de la crise, l`on assiste encore aux règlements de compte. Si vous voyez que des gens sont encore sur les sites de réfugiés et refusent de retourner chez eux, c`est beaucoup plus à cause des dozos. Les parents ont peur de rentrer chez eux. Il y a à peine 3 semaines, un des nôtres, Guéhi Joseph, 32 ans, qui vivait encore à la mission catholique, a pris le risque de se rendre dans son champ au village à Fengolo (axe Duékoué-Man). Il n`est plus jamais revenu. On a retrouvé son corps dans son champ, deux jours plus tard, criblé de balles», a révélé la gorge nouée d`émotion, notre interlocuteur. De leur côté, les dozos ne se reconnaissent aucunement dans le procès qui leur est fait. Cissé Mamadou, membre de cette confrérie, s`insurge contre les jugements à leur encontre. «Le dozo est un adepte et militant des valeurs morales. Ceux qui ne supportent pas notre présence ici, se reprochent des choses. La zone de l`Ouest est une zone à haut risque, au point où malgré la présence des Frci, l`insécurité est encore palpable. Notre présence ici vise à appuyer les Frci. Nous savons combien de fois les armes ont circulé ici. Et malheureusement jusqu`ici, malgré les appels à déposer les armes lancés par les autorités, ceux qui ont été armés pendant la crise n`ont jamais daigné s`exécuter. C`est pourquoi, nous aussi, nous sommes sur nos gardes», a-t-il répliqué. Comme pour dire que c`est parce que les adversaires d`hier n`ont pas encore vidé leurs dernières caches d`armes qu`ils gardent encore les leurs, juste pour parer à toute éventualité. Ainsi cette présence remarquable des dozos dans la région s`assimile à une sorte d`équilibre de la terreur pour parer à toute éventualité entre deux peuples qui se regardent en chiens de faïence. Aujourd`hui, le feu couve sérieusement à l`Ouest, notamment dans les forêts de Duékoué où communautés autochtones et allogènes, malgré les appels incessants à la paix et la réconciliation nationale, continuent de se considérer comme de véritables ennemis. Peaufinant secrètement, chacun, une stratégie pour une hypothétique ``prolongation``, comme cela se dit dans certains milieux, après les batailles meurtrières de la crise post-électorale. Cette équation des dozos qui divise la population préoccupe le préfet du département de Duékoué. Le gouverneur, Benjamin Effoli, a décidé de s`attaquer à ce phénomène complexe, dans l`intérêt de l`ensemble des habitants de son département. «Le problème des dozos est effectivement une préoccupation majeure dans notre zone. Nous avons pris des attaches avec l`ensemble des acteurs et communautés vivant dans la région, pour envisager une solution consensuelle qui pourra mettre en confiance l`ensemble des parties. Nous sommes à la tâche et très rapidement, solution sera trouvée à la situation des dozos». A quand cette solution? En tout cas, en attendant ce consensus promis par le préfet du département, les mises en cause continuent de multiplier les patrouilles nocturnes diversement appréciées au sein des différentes communautés vivant dans cette région du pays. Ces patrouilles, notre équipe de reportage et des participants à la caravane des arts, en seront eux-mêmes témoins quand au sortir d`un concert organisé à cet effet, il sont tous palpés à l`un de ces barrages de fortune dressés sur le chemin de retour à l`hôtel aux environs de 2h. A quand la fin de la méfiance et le retour de la bonne cohabitation les communautés vivant à l`Ouest? Difficile pour le moment de donner une réponse adéquate à cette question.

Germain DJA K, envoyé spécial à Lakota et à Duékoué
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