Quelques décennies en arrière, seules les populations des classes moyennes fréquentaient les marchés de friperies. Aujourd’hui, à Abidjan, chaque commune a son «Kouté», c`est-à-dire son espace de friperie, et les étalages ne cessent de pousser comme des champignons, le long des grandes artères de la capitale.
Le constat est que les articles vendus en « friperie », communément appelés " yougou yougou", "adoka flè", "yougoslavie" ou encore "Dokes" n’attirent plus seulement les populations démunies. Conséquence directe de la crise économique ou effet de mode ? Qu’est-ce qui justifie une telle ruée vers les marchés de la friperie ? Si la commune de Yopougon était autrefois réputée être la capitale de la friperie, avec son célèbre marché de Kouté, cette gloire, semble t-il, relève maintenant d’un passé lointain. En effet, plusieurs autres communes d’Abidjan ont pris la relève et ‘’jouent des coudes’’ pour devenir la nouvelle capitale abidjanaise du "yougou-yougou". A Adjamé, Koumassi, Cocody, il ne se passe pas un seul jour sans que des dizaines de balles de friperies soient ‘’cassées’’, signe que le business de la "friperie" a le vent en poupe, en ce moment, sur les bords de la lagune Ebrié. Chaque ouverture de balle donne lieu à un gigantesque ballet d’allers et venues exécutés par des hommes, des femmes, jeunes et vieillards confondus, riches et pauvres. Tous sont animés d’un même souci : être le premier à faire de bonnes affaires, avec les nouveaux arrivages de fringues ayant déjà servi sous d’autres cieux.
Pourquoi, une telle affluence
Les raisons d’une telle affluence sont multiples et ne se limitent pas à la simple question de moyens financiers. Bien entendu, les prix des articles vendus dans les marchés de friperies sont relativement plus bas par rapport aux prix affichés dans les magasins huppés de la ville. Cependant, selon plusieurs témoignages, les vêtements proposés par les grossistes et détaillants de friperies sont d’une qualité nettement supérieure à celles des magasins et boutiques des sénégalais et libanais, quoique pas toujours neufs. Pour les Abidjanais, le raisonnement est tout simple : « pourquoi payer cher dans les magasins de grande surface ce qu’on peut avoir, à moindre coût et peut-être de meilleure qualité, ailleurs ? ». De plus, sur les marchés de "brode", autre appellation des friperies, acheteurs et vendeurs ont la possibilité de marchander à volonté. Cette ambiance conviviale des marchés de friperies est aussi l’une des raisons qui expliquent l’affluence à ces endroits. Par ailleurs, si les marchés de friperie attirent du monde, c’est aussi à cause de la pluralité des marchandises qu’on y trouve. En Côte d’Ivoire, le vocable « friperie » ne concerne pas que des vêtements. Ce terme sous-entend également des chaussures, des sacs à main, des sacs de voyage, des nounours et bien d’autres accessoires de maison comme les draps, rideaux et serviettes de table ayant déjà servis ailleurs. De Cocody à Marcory, les jeunes préfèrent, de plus en plus, les vêtements et accessoires de mode (sacs de ‘’boucantier’’, ceintures, chapeaux, képis etc.) vendus sur les marchés de friperie. Ce qui surprend ici, ce sont les motivations de ceux-ci qui ne sont pas d’ordre économique. Des jeunes issues de familles riches dédaignent les grandes vitrines de Cocody-les-2 Plateaux ou du Plateau, centre des affaires, pour se retrouver à Yopougon Kouté, au ‘’black-market’’, à Adjamé, ou encore au marché de friperies de Koumassi Belleville, pour se disputer des fringues de seconde main avec les jeunes des quartiers populaires. Toujours est-il que cette recrudescence des passionnés de la friperie est une bonne affaire pour plusieurs jeunes qui en ont fait un véritable business, en témoigne le nombre impressionnant de revendeurs détaillants qui jalonnent le boulevard Nangui Abrogoua jusqu’au forum d’Adjamé.
Benjamin Soro
Le constat est que les articles vendus en « friperie », communément appelés " yougou yougou", "adoka flè", "yougoslavie" ou encore "Dokes" n’attirent plus seulement les populations démunies. Conséquence directe de la crise économique ou effet de mode ? Qu’est-ce qui justifie une telle ruée vers les marchés de la friperie ? Si la commune de Yopougon était autrefois réputée être la capitale de la friperie, avec son célèbre marché de Kouté, cette gloire, semble t-il, relève maintenant d’un passé lointain. En effet, plusieurs autres communes d’Abidjan ont pris la relève et ‘’jouent des coudes’’ pour devenir la nouvelle capitale abidjanaise du "yougou-yougou". A Adjamé, Koumassi, Cocody, il ne se passe pas un seul jour sans que des dizaines de balles de friperies soient ‘’cassées’’, signe que le business de la "friperie" a le vent en poupe, en ce moment, sur les bords de la lagune Ebrié. Chaque ouverture de balle donne lieu à un gigantesque ballet d’allers et venues exécutés par des hommes, des femmes, jeunes et vieillards confondus, riches et pauvres. Tous sont animés d’un même souci : être le premier à faire de bonnes affaires, avec les nouveaux arrivages de fringues ayant déjà servi sous d’autres cieux.
Pourquoi, une telle affluence
Les raisons d’une telle affluence sont multiples et ne se limitent pas à la simple question de moyens financiers. Bien entendu, les prix des articles vendus dans les marchés de friperies sont relativement plus bas par rapport aux prix affichés dans les magasins huppés de la ville. Cependant, selon plusieurs témoignages, les vêtements proposés par les grossistes et détaillants de friperies sont d’une qualité nettement supérieure à celles des magasins et boutiques des sénégalais et libanais, quoique pas toujours neufs. Pour les Abidjanais, le raisonnement est tout simple : « pourquoi payer cher dans les magasins de grande surface ce qu’on peut avoir, à moindre coût et peut-être de meilleure qualité, ailleurs ? ». De plus, sur les marchés de "brode", autre appellation des friperies, acheteurs et vendeurs ont la possibilité de marchander à volonté. Cette ambiance conviviale des marchés de friperies est aussi l’une des raisons qui expliquent l’affluence à ces endroits. Par ailleurs, si les marchés de friperie attirent du monde, c’est aussi à cause de la pluralité des marchandises qu’on y trouve. En Côte d’Ivoire, le vocable « friperie » ne concerne pas que des vêtements. Ce terme sous-entend également des chaussures, des sacs à main, des sacs de voyage, des nounours et bien d’autres accessoires de maison comme les draps, rideaux et serviettes de table ayant déjà servis ailleurs. De Cocody à Marcory, les jeunes préfèrent, de plus en plus, les vêtements et accessoires de mode (sacs de ‘’boucantier’’, ceintures, chapeaux, képis etc.) vendus sur les marchés de friperie. Ce qui surprend ici, ce sont les motivations de ceux-ci qui ne sont pas d’ordre économique. Des jeunes issues de familles riches dédaignent les grandes vitrines de Cocody-les-2 Plateaux ou du Plateau, centre des affaires, pour se retrouver à Yopougon Kouté, au ‘’black-market’’, à Adjamé, ou encore au marché de friperies de Koumassi Belleville, pour se disputer des fringues de seconde main avec les jeunes des quartiers populaires. Toujours est-il que cette recrudescence des passionnés de la friperie est une bonne affaire pour plusieurs jeunes qui en ont fait un véritable business, en témoigne le nombre impressionnant de revendeurs détaillants qui jalonnent le boulevard Nangui Abrogoua jusqu’au forum d’Adjamé.
Benjamin Soro