Après les folles journées de mercredi et jeudi derniers qui ont causé la mort accidentelle d'un villageois et fait plusieurs blessés, la bourgade d'Ebilassokro (45 Km d'Abengourou) a retrouvé la paix grâce aux actions du sous-préfet Mme Kouadio Gbongbo Emilienne et du chef de village Nanan Kacou Hilaire. Retour sur les dernières négociations qui ont abouti à cette réconciliation. Après avoir bravé la canicule et la très difficile route, nous arrivons dans la riche localité d'Ebilassokro. Le parcours de deux heures se fait la peur au ventre même si l'atmosphère reste détendue. Et ce ne sont pas les convois de Frci armés jusqu'aux dents que nous croisons qui peuvent nous rassurer. Sur place, les populations vaquent timidement à leurs occupations dans cette sous-préfecture de 13000 âmes selon le recensement de 1998. Dans le village, les restes des matériels et autres objets retirés de la Brigade de gendarmerie qui ont été incendiés par la population en colère jonchent encore la devanture de la bâtisse. Une visite chez le sous-préfet avec qui nous nous rendons au domicile du chef de village où une dernière rencontre est prévue pour réconcilier populations et militaires. «Je ne peux rien dire à la presse. Je suis en contact permanent avec le cabinet et la réunion de toute à-l'heure vous permettra de vous faire une idée de la situation» tranche le sous-préfet. Très vite le domicile du chef est pris d'assaut par un public majoritairement constitué de jeunes. Sont présents le chef local de la douane, le commandant de la brigade de gendarmerie et le commandant Timité Aboudramane des Frci accompagné d'un détachement de ses hommes en armes. Le décor est planté par le sous-préfet: «Nous ne sommes pas ici pour revenir sur les événements pour éviter de réveiller les rancœurs. Nous avons déjà eu plusieurs rencontres avec les différentes parties. Il s'agit ici de sceller la paix retrouvée. Car depuis trois jours, il n'y a rien à manger et des frères ont fui le village. J'espère que ce ne sera pas une réconciliation de façade» tranche-t-elle. Pour sa part le chef des Frci exige que soient remis les armes récupérées par les jeunes lors du saccage de la brigade ainsi que la mise en état de la bâtisse dont les portes et la clôture ont été enlevées. De même, les dozos chargés de la lutte contre le trafic du cacao qui étaient tombés dans un guet apens des jeunes demandent la restitution de leurs armes, de l'argent et des portables. Des accords sont trouvés à ces différentes exigences. Et le président des jeunes, Ahora Amon Jacques par qui est venu le scandale d'inviter ses camarades au calme. Appel appuyé par le chef Nanan Kacou Hilaire qui a déploré l'usage de la violence et encouragé au dialogue permanent. «Même pendant la crise, aucune maison n'a été pillée ici. Alors, nous pouvons vivre en paix. Que ceux qui ont fui le village reviennent» a-t-il conclu.
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