Un constat est à noter dans ce panel que nous avons réalisé hier en fin d’après-midi. La plupart des animateurs de la scène politique que nous avons interrogés n’avaient pas encore lu l’interview de l’Ambassadeur de France en Côte d’Ivoire. Quelques-uns que nous avons pu avoir ont tout de même réagi à partir de morceaux choisis, le temps pour eux de lire l’intégralité de l’interview. Réactions…
Gisèle Dutheuil, Directrice d’Audace Institut Afrique et française : ‘’Ses jugements reposent trop sur l’émotion et la rumeur’’
«M. Simon est un excellent Ambassadeur au sens où il défend à merveille les intérêts de la France et c’est bien ce que les autorités françaises attendent de lui. D’ici, il est pourtant choquant lorsqu’il affirme que les responsabilités de la crise post-électorale ne reviennent qu’au camp Gbagbo. Il faut vivre hors de la Côte d’Ivoire pour croire cela ! Nous savons tous que les responsabilités sont hautement partagées et lorsqu’il parle des crimes d’Abobo, crimes de Gbagbo, avons-nous le recul nécessaire pour l’affirmer ? Qui était le commando invisible ? A qui obéissait-il ? Tant de questions sans réponses qui rendent maladroites les accusations faciles de M. Simon. Ses jugements reposent trop sur l’émotion et la rumeur. Il se réjouit de voir Abidjan retrouver ses couleurs. Sensible à des considérations superficielles, il ne s’inquiète nullement des violations répétées de la constitution et de la partialité que prend le processus électoral alors qu’il affirme pourtant que la France défend la démocratie en Côte d’Ivoire. Il n’y a aucune logique. Le passage le plus sincère est sûrement celui où il se réjouit du retour des investisseurs français en Côte d’Ivoire. Nous savons tous que les entreprises françaises détestent la compétition et préfèrent les pays d’Afrique où des dirigeants amis leur donnent des parts de marché sans avoir à répondre à des appels d’offres ou à une quelconque procédure. Elles aiment que ces monopoles soient protégés par ces mêmes dirigeants. Tout cela est plus facile à faire dans un pays où l’on a dissout l’Assemblée nationale et où l’on a placé, souvent de manière arbitraire, ses amis à tous les postes clés de manière à tout maîtriser. Pour l’entrepreneur français, il est plus simple de s’installer sans concurrence en imposant ses prix et sa qualité qui ne peuvent d’ailleurs pas être contestés puisque le monopole interdit la comparaison pour le consommateur. C’est certes réjouissant pour M. Simon mais sûrement moins pour les populations ivoiriennes qui auraient tout intérêt à voir leur pays sortir du protectionnisme et de l’autocratie si elles veulent enfin sortir de la pauvreté. C’est en favorisant l’ouverture des marchés et la libre concurrence que le consommateur ivoirien retrouvera un bon moral. Il est aujourd’hui écrasé par la cherté de la vie. Si l’on souhaite sortir de la crise, il faut favoriser l’entreprise privée. Cependant, la notion d’entreprise ne doit pas se limiter à quelques grandes entreprises qui dominent les marchés parce qu’elles sont soutenues par les dirigeants du pays car ça dégoûterait l’Ivoirien de l’entrepreneuriat. La véritable entreprise devrait être le rêve de chaque Ivoirien qui a son idée et qui veut en vivre, en faire vivre les autres et pourquoi pas tenter la belle aventure de la mondialisation pour envoyer son idée dans le monde entier. Les vrais entrepreneurs sont tous ces pauvres qui luttent pour leur survie en développant des trésors d’imagination pour contourner les obstacles que les pouvoirs en place mettent sur leur chemin. Évidemment, la France a une peur bleue de la liberté en Afrique car ce serait la fin de sa chasse protégée. Sur ce point, Monsieur Simon a été sincère».
Marie Odette Lorougnon, Secrétaire générale adjointe du FPI : ‘’De quelle responsabilité de protéger parle-t-il ?’’
«L’interview en tant que telle ne m’a pas intéressée et je ne l’ai donc pas lue. Mais sur le morceau choisi que vous me proposez à savoir que l’intervention de la France en Côte d’Ivoire et en Libye se justifie par la responsabilité de protéger, je tombe des nues. C’est choquant cette façon de traiter les Africains. Il s’agit de protéger qui quand la protection devient le malheur des populations ? Les dégâts humains en Libye et en Côte d’Ivoire, est-ce cela la responsabilité de protéger ? Ce qui s’est passé dans ces deux pays ne sont pas des choses à décrire. Est-ce comme cela que ça se passe en Europe ? Est-ce à croire que les Africains ne savent pas se protéger ? Nous avons 50 ans d’histoire et il ne faut pas toujours infantiliser les Africains. Il nous parle de protection. Protège-t-on en favorisant une partie qu’on veut mettre au pouvoir ? Protège-t-on en aidant une rébellion à prendre le pouvoir ? J’ai mal quand j’entends de tels propos pour le moins révoltants. Dans tous les cas, je vais prendre le journal et lire l’interview intégralement et je vous accorderai une interview sur le sujet».
Joël N’guessan, ancien ministre d’Etat, militant du RDR : ‘’Qu’on me montre un film montrant l’entrée des militaires français dans la résidence’’
«L’avis de l’Ambassadeur sur la réconciliation rencontre mon adhésion totale. En réalité, on ne peut se réconcilier si chacun de nous n’a pas reconnu son tort. Si on est dans un schéma de mensonge, comment voulez-vous que nous nous réconcilions. La vérité devient dès lors la pièce maîtresse. En ce qui concerne son point de vue sur la Licorne, je crois qu’il est bon de savoir l’origine de la Licorne en Côte d’Ivoire. Elle était sous mandat des Nations Unies et elle a été créée pour la résolution de la crise ivoirienne. C’est normal que si les Nations Unies doivent partir, elles partent avec la Licorne. Sur ce sujet aussi c’est un accord parfait avec son Excellence. Quant à l’intervention à l’entrée ou non des forces françaises dans la résidence présidentielle le 11 avril, c’est lui l’Ambassadeur de France. S’il dit que les militaires français n’ont pas pénétré dans l’enceinte de la résidence, je crois qu’il faut le croire sur parole. La réaction des Ivoiriens est du domaine de l’interprétation. Qu’on me montre un film montrant l’entrée des militaires français dans la résidence présidentielle. Tant que ce n’est pas fait, je ne peux pas y croire. Toutefois, il faut que je lise l’intégralité de l’interview pour avoir une réaction plus structurée».
Anne Oulotto, ministre de la Salubrité urbaine (RDR) : ‘’Je ne peux pas m’exprimer à partir de la titraille’’
«Au niveau de responsabilité où je suis, on ne réagit pas précipitamment. On découvre d’abord et ensuite on fait une lecture approfondie. Je ne peux donc pas m’exprimer à partir de la titraille ou des premières lignes. J’ai donc le journal sous les yeux, permettez-moi de le lire à fond. Vous pourrez après m’appeler un peu plus tard pour une réaction plus mesurée».
Dr Brissi Takaléa Claude, secrétaire général de Lider : ‘’Son avis sur la non réunification avant les élections est critiquable’’
«Je n’ai pas de réaction dans l’immédiat. Il faudrait m’imprégner d’abord de l’interview. Mais pour ma part, je pense qu’il y a aujourd’hui trop d’extrémisme dans les propos des uns et des autres. Et il faut faire baisser la tension. Il faut travailler à mettre les extrémistes en minorité. Nous, nous avons une position médiane et il me sera difficile d’avoir une réaction objective si je n’ai pas lu l’interview entièrement. Sinon quand il dit que la non réunification du pays n’a pas pesé sur le verdict final des élections, c’est quand même critiquable, à la limite, choquant».
Par S. Débailly et A. Dédi
Gisèle Dutheuil, Directrice d’Audace Institut Afrique et française : ‘’Ses jugements reposent trop sur l’émotion et la rumeur’’
«M. Simon est un excellent Ambassadeur au sens où il défend à merveille les intérêts de la France et c’est bien ce que les autorités françaises attendent de lui. D’ici, il est pourtant choquant lorsqu’il affirme que les responsabilités de la crise post-électorale ne reviennent qu’au camp Gbagbo. Il faut vivre hors de la Côte d’Ivoire pour croire cela ! Nous savons tous que les responsabilités sont hautement partagées et lorsqu’il parle des crimes d’Abobo, crimes de Gbagbo, avons-nous le recul nécessaire pour l’affirmer ? Qui était le commando invisible ? A qui obéissait-il ? Tant de questions sans réponses qui rendent maladroites les accusations faciles de M. Simon. Ses jugements reposent trop sur l’émotion et la rumeur. Il se réjouit de voir Abidjan retrouver ses couleurs. Sensible à des considérations superficielles, il ne s’inquiète nullement des violations répétées de la constitution et de la partialité que prend le processus électoral alors qu’il affirme pourtant que la France défend la démocratie en Côte d’Ivoire. Il n’y a aucune logique. Le passage le plus sincère est sûrement celui où il se réjouit du retour des investisseurs français en Côte d’Ivoire. Nous savons tous que les entreprises françaises détestent la compétition et préfèrent les pays d’Afrique où des dirigeants amis leur donnent des parts de marché sans avoir à répondre à des appels d’offres ou à une quelconque procédure. Elles aiment que ces monopoles soient protégés par ces mêmes dirigeants. Tout cela est plus facile à faire dans un pays où l’on a dissout l’Assemblée nationale et où l’on a placé, souvent de manière arbitraire, ses amis à tous les postes clés de manière à tout maîtriser. Pour l’entrepreneur français, il est plus simple de s’installer sans concurrence en imposant ses prix et sa qualité qui ne peuvent d’ailleurs pas être contestés puisque le monopole interdit la comparaison pour le consommateur. C’est certes réjouissant pour M. Simon mais sûrement moins pour les populations ivoiriennes qui auraient tout intérêt à voir leur pays sortir du protectionnisme et de l’autocratie si elles veulent enfin sortir de la pauvreté. C’est en favorisant l’ouverture des marchés et la libre concurrence que le consommateur ivoirien retrouvera un bon moral. Il est aujourd’hui écrasé par la cherté de la vie. Si l’on souhaite sortir de la crise, il faut favoriser l’entreprise privée. Cependant, la notion d’entreprise ne doit pas se limiter à quelques grandes entreprises qui dominent les marchés parce qu’elles sont soutenues par les dirigeants du pays car ça dégoûterait l’Ivoirien de l’entrepreneuriat. La véritable entreprise devrait être le rêve de chaque Ivoirien qui a son idée et qui veut en vivre, en faire vivre les autres et pourquoi pas tenter la belle aventure de la mondialisation pour envoyer son idée dans le monde entier. Les vrais entrepreneurs sont tous ces pauvres qui luttent pour leur survie en développant des trésors d’imagination pour contourner les obstacles que les pouvoirs en place mettent sur leur chemin. Évidemment, la France a une peur bleue de la liberté en Afrique car ce serait la fin de sa chasse protégée. Sur ce point, Monsieur Simon a été sincère».
Marie Odette Lorougnon, Secrétaire générale adjointe du FPI : ‘’De quelle responsabilité de protéger parle-t-il ?’’
«L’interview en tant que telle ne m’a pas intéressée et je ne l’ai donc pas lue. Mais sur le morceau choisi que vous me proposez à savoir que l’intervention de la France en Côte d’Ivoire et en Libye se justifie par la responsabilité de protéger, je tombe des nues. C’est choquant cette façon de traiter les Africains. Il s’agit de protéger qui quand la protection devient le malheur des populations ? Les dégâts humains en Libye et en Côte d’Ivoire, est-ce cela la responsabilité de protéger ? Ce qui s’est passé dans ces deux pays ne sont pas des choses à décrire. Est-ce comme cela que ça se passe en Europe ? Est-ce à croire que les Africains ne savent pas se protéger ? Nous avons 50 ans d’histoire et il ne faut pas toujours infantiliser les Africains. Il nous parle de protection. Protège-t-on en favorisant une partie qu’on veut mettre au pouvoir ? Protège-t-on en aidant une rébellion à prendre le pouvoir ? J’ai mal quand j’entends de tels propos pour le moins révoltants. Dans tous les cas, je vais prendre le journal et lire l’interview intégralement et je vous accorderai une interview sur le sujet».
Joël N’guessan, ancien ministre d’Etat, militant du RDR : ‘’Qu’on me montre un film montrant l’entrée des militaires français dans la résidence’’
«L’avis de l’Ambassadeur sur la réconciliation rencontre mon adhésion totale. En réalité, on ne peut se réconcilier si chacun de nous n’a pas reconnu son tort. Si on est dans un schéma de mensonge, comment voulez-vous que nous nous réconcilions. La vérité devient dès lors la pièce maîtresse. En ce qui concerne son point de vue sur la Licorne, je crois qu’il est bon de savoir l’origine de la Licorne en Côte d’Ivoire. Elle était sous mandat des Nations Unies et elle a été créée pour la résolution de la crise ivoirienne. C’est normal que si les Nations Unies doivent partir, elles partent avec la Licorne. Sur ce sujet aussi c’est un accord parfait avec son Excellence. Quant à l’intervention à l’entrée ou non des forces françaises dans la résidence présidentielle le 11 avril, c’est lui l’Ambassadeur de France. S’il dit que les militaires français n’ont pas pénétré dans l’enceinte de la résidence, je crois qu’il faut le croire sur parole. La réaction des Ivoiriens est du domaine de l’interprétation. Qu’on me montre un film montrant l’entrée des militaires français dans la résidence présidentielle. Tant que ce n’est pas fait, je ne peux pas y croire. Toutefois, il faut que je lise l’intégralité de l’interview pour avoir une réaction plus structurée».
Anne Oulotto, ministre de la Salubrité urbaine (RDR) : ‘’Je ne peux pas m’exprimer à partir de la titraille’’
«Au niveau de responsabilité où je suis, on ne réagit pas précipitamment. On découvre d’abord et ensuite on fait une lecture approfondie. Je ne peux donc pas m’exprimer à partir de la titraille ou des premières lignes. J’ai donc le journal sous les yeux, permettez-moi de le lire à fond. Vous pourrez après m’appeler un peu plus tard pour une réaction plus mesurée».
Dr Brissi Takaléa Claude, secrétaire général de Lider : ‘’Son avis sur la non réunification avant les élections est critiquable’’
«Je n’ai pas de réaction dans l’immédiat. Il faudrait m’imprégner d’abord de l’interview. Mais pour ma part, je pense qu’il y a aujourd’hui trop d’extrémisme dans les propos des uns et des autres. Et il faut faire baisser la tension. Il faut travailler à mettre les extrémistes en minorité. Nous, nous avons une position médiane et il me sera difficile d’avoir une réaction objective si je n’ai pas lu l’interview entièrement. Sinon quand il dit que la non réunification du pays n’a pas pesé sur le verdict final des élections, c’est quand même critiquable, à la limite, choquant».
Par S. Débailly et A. Dédi