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Politique Publié le mardi 22 novembre 2011 | Nord-Sud

Nouvelle législature : L’assemblée nationale est-elle prête à accueillir les députés ?

© Nord-Sud Par Serges T
Colloque national sur les 20 ans du multipartisme en Côte d`ivoire.
La convention de la société civile ivoirienne et ses partenaires organisent du 02 au 04 juin 2010 à la rotonde de l`assemblée nationale, un colloque national sur les 20 ans du multipartisme en Côte d`ivoire.
A moins d’un mois des élections législatives, le siège du parlement, à Abidjan, a besoin d’une grande toilette pour être opérationnelle.

Le siège de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire est un bric-à-brac. La vétusté dont il souffre rend difficile l’ouverture de la prochaine session de la nouvelle législature. « La vétusté du bâtiment de notre illustre institution fait que les murs et l’ensemble des immeubles sont sales et défraîchis. L’étanchéité de certains bureaux de l’hémicycle est défectueuse. Le plafond de certains bureaux est très endommagé. En raison de l’état de dégradation avancée de la deuxième institution de notre pays et des élections de la nouvelle législature qui annoncent l’ouverture de la session en 2012, nous envisageons, avec votre collaboration, de rénover les locaux endommagés afin que l’auguste temple des honorables députés retrouve toute sa splendeur et soit à la mesure de l’évènement. Ainsi, nous demandons l’aide de votre ministère en vue de faire une évaluation complète des travaux de réhabilitation de l’Assemblée nationale… ». C’est, en effet, le courrier que Léa Zahui, le chef par intérim du service apro-logistiques et patrimoine de l’Assemblée nationale, compte envoyer au ministère de la Construction pour une évaluation des travaux de réhabilitation. C’est d’ailleurs en sa compagnie que, mercredi dernier, nous avons visité les locaux du palais de l’Assemblée nationale, à commencer par les bureaux de son président, Mamadou Koulibaly.
Ceux-ci sont situés à gauche de la salle des Pas perdus. C’est la première salle que le visiteur trouve quand il franchit le seuil de la bâtisse par l’entrée principale (côté stade Houphouet-Boigny). De couleur dorée, elle a plutôt des allures d’un hall. Au fond, à gauche, le curieux est attiré par les couleurs du drapeau ivoirien, orange, blanc et vert. A droite, il y a l’entrée de la rotonde, surplombée d’une photo géante sur laquelle on peut lire cette inscription : «  Mobilisation de la jeunesse pour défendre la République, le 2 novembre 2002, sur le pont Félix Houphouet-Boigny ». Les bureaux de Mamadou Koulibaly occupent près de la moitié de l’aile gauche et comprennent une salle d’audience, le bureau de son directeur de cabinet, un secrétariat et son bureau à proprement parler. Impossible de les visiter sans risquer d’en ressortir avec un gros rhume. Et pour cause, depuis l’incendie de février 2009 qui a tout emporté, ce bureau est resté fermé. Jusqu’à présent, l’odeur de la fumée continue d’accueillir tout visiteur, dès que la porte du bureau s’ouvre. Rien n’a été fait. Selon Léa Zahui, Mamadou Koulibaly a délocalisé son bureau à son domicile. « Il vient ici quand il a des audiences et c’est le bureau du secrétaire général adjoint qu’il utilise pour recevoir ses invités », ajoute-t-elle. En face des bureaux du député sortant de Koumassi, se trouve l’hémicycle. Construite en forme de demi-cercle de sorte que tous les députés soient face au président et à son bureau, c’est là que se tiennent les grands débats parlementaires. Autant dire donc que l’hémicycle est le cœur de la maison. Quand on y pénètre, on trouve en face de soi, le siège du président, encadré par ceux de ses vice-présidents. Juste au-dessus se trouve l’emblème de l’Assemblée nationale : une sorte de carte de la Côte d’Ivoire à l’intérieur de laquelle est placée la tête d’un éléphant et coupée au Nord par le soleil levant, le tout taillé dans de l’or. Malheureusement, ce cœur se meurt à petit feu.

Un budget insuffisant

En effet, nombreux sont les problèmes auxquels seront confrontés les nouveaux députés si rien n’est fait d’ici la prochaine rentrée parlementaire. La première difficulté concerne l’étanchéité. Un coup d’œil au plafond permet de constater des traces d’humidité çà et là. La plus visible se trouve juste au-dessus du siège du président. « Quand il pleut, l’eau coule directement sur lui », indique notre guide du jour. Ce problème d’étanchéité n’agit pas que sur le plafond mais aussi sur le plancher, du côté des tribunes qui, si personne n’y prend garde, s’écroulera un de ces matins. Il a pris tellement d’eau qu’il s’affaisse sous les pas. On a l’impression de perdre pied. La question de l’étanchéité ne concerne pas que l’hémicycle mais tout le bâtiment. Déjà à l’entrée du palais, le problème est perceptible. Et plus encore à la salle des fêtes. Elle est située juste avant les bureaux de Mamadou Koulibaly. Le blanc et le bleu turquois lui donnent une certaine fraîcheur. Dans le fond, sur le mur, une fresque représente la Cathédrale Saint-Paul du Plateau. Avec les chaises blanches disposées face à la table de séance pour abriter les réunions, cette salle a l’allure d’une église. A cause des fuites incessantes en saison pluvieuse, un pan de la dalle a fini par céder. La salle donne sur un jardin. Le jardin du président, selon Léa Zahui. De celui-ci, on mesure mieux l’ampleur des dégâts de l’incendie. Au dire du secrétaire général de l’Assemblée nationale, Lucas Guéi Brissi, le budget annuel de l’institution varie entre 5 et 8 milliards Fcfa et sert en grande partie aux frais de fonctionnement du parlement. «Les bureaux du président n’ont pas été rénovés parce qu’on a un problème de crédit. Pour un tel sinistre, il faut des fonds spéciaux de la présidence de la République ou du Trésor parce qu’on ne peut pas prévoir cela dans le budget. Jusqu’à présent, on n’a eu aucun fonds pour cela. En plus, l’enquête a mis trop de temps, plus d’un an. Pendant qu’elle se déroulait, on ne pouvait pas commencer les travaux. Comme les résultats tardaient, nous avons dû écrire au procureur pour qu’il fasse enlever les scellés afin que l’entrepreneur fasse les devis. Ce qui a été fait mais je ne suis pas en mesure de vous dire combien cela va nous coûter. Toutefois, nous n’avons encore rien reçu. Pour un bâtiment qui date des années 50, les travaux à faire dépassent les moyens de l’Assemblée nationale », précise Lucas Guéi Brissi.

Un bâtiment trop vieux

« Le budget alloué à l’Assemblée nationale n’est pas suffisant. Le bâtiment est vieux et comme vous pouvez le constater, c’est avec des matériaux de qualité qu’il a été construit. Alors, on ne peut pas utiliser n’importe quoi pour la réhabilitation. On essaie parfois de faire quelques petits travaux mais, ce n’est pas de longue durée. Il faut que le ministère de la Construction s’implique vraiment », renchérit-il.
Selon mademoiselle Zahui, notre guide, la vétusté de la bâtisse fait qu’en cas d’intervention sur le circuit électrique, même la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) y perd son latin. Or, Dieu seul sait combien de fois l’Assemblée nationale est confrontée aux problèmes d’électricité, surtout depuis la crise postélectorale. «Pendant la crise, les pillards ont coupé des câbles pour voler les appareils, les moteurs de splits et la sono», indique Léa Zahui.
L’autre grosse difficulté de l’hémicycle, c’est la sono. Non seulement les micros ne marchent plus mais, tout le matériel existant a été volé. C’est également le cas à la rotonde, l’autre salle des députés où les travaux en commission se déroulent. Ici, le principal problème, c’est la canalisation. « Il y a un égout en-dessous qui relie la rotonde au stade Félix Houphouet-Boigny. Depuis la reconstruction du mur du stade, le conduit est fermé. Et, comme il n’y a plus de traversée d’eau, ça stagne et donc les odeurs remontent. On est obligé d’utiliser chaque fois des produits pour ‘’chasser’’ l’odeur mais ce n’est pas suffisant», explique-t-elle. Face à tous ces soucis, sans oublier que même le matériel de bureau a fait l’objet de pillages, on reste sceptique quant aux conditions dans lesquelles les nouveaux députés vont travailler. « Même si on investit plusieurs millions dans la réhabilitation, ce bâtiment risque de ne plus être fonctionnel. L’hémicycle est exigu. Quand vous êtes assis, vous ne pouvez plus sortir à moins de déranger les voisins. Les systèmes de communication sont défaillants. Je me demande où vont bien pouvoir s’asseoir les 255 députés prévus pour la prochaine législature ! Rien n’est prévu pour la presse ni pour les personnalités qui viennent suivre les débats. Ce qu’on va faire ici, c’est du transitoire. C’est pourquoi depuis longtemps, on a arrêté les investissements », a laissé entendre le député Lucas Guéi Brissi. Interrogé sur la question, le député de Danané, Michel Dan Ouélo, s’est voulu optimiste. A l’en croire, dès que ces travaux auront débuté, ils pourront s’achever avant la première semaine d’avril 2012, période de l’ouverture de la première session ordinaire du parlement, selon la Constitution.

Anne-Marie Eba
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