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Politique Publié le lundi 28 novembre 2011 | Le Devoir

Députation / Le principal enjeu du scrutin

Par Ibrahim FALL
Pour le RDR et son mentor, le Dr Alassane Ouattara, brillamment élu le 28 novembre dernier à la présidence de la République, le scrutin du 11 décembre 2011 revêt une importance capitale. Voici pourquoi.

Le président Alassane Ouattara, leader du RDR, a été élu sous la bannière du RHDP, avec le président HENRI Konan Bédié dans le rôle gratifiant de faiseur de rois. Le successeur de Laurent Gbagbo est donc , peu ou prou, redevable au PDCI, à l’UDPCI et à un degré moindre, au MFA, qui se sont tous rangés de son côté, pour faire mordre la poussière au woody de Mama, au soir du 28 novembre 2010. Aussi, si le RDR peut logiquement revendiquer cette victoire, n’est-il pas moins vrai que le PDCI, l’UDPCI et le MFA sont fondés, eux aussi, à en faire de même. Au final, c’est la victoire du groupement de partis politiques qui rassemble les houphouetistes. Cependant, pour les législatives, le RHDP semble avoir décidé d’adopter une tout autre stratégie, de sorte que, au sortir de cette compétition, chaque composante de ce rassemblement, connaisse son poids réel en terme de représentation à l’assemblée nationale. Quitte à fusionner ensuite sous la bannière du RHDP, pour animer les débats à l’hémicycle. Pour le RDR et son leader, ce gentlemen agreement a valeur de challenge. Celui de confirmer la victoire du 28 novembre 2010. Ce qui donnerait un surcroît de légitimité au président Ouattara qui serait alors beaucoup plus libre pour appliquer son projet de société et faire bouger les lignes. Mais pas seulement, puisque ce scrutin sera aussi placé sous le sceau de la revanche pour le parti des Républicains. Faut-il rappeler que les 04 et 05 décembre 2000, suite à l’invalidation de la candidature d’un certain Alassane Ouattara à la députation, les militants de son parti qui voulaient manifester pour crier leur ras- le-bol, avaient été brutalement réprimés par le régime Gbagbo ? Cette année-là, le RDR avait boycotté le scrutin législatif pour protester contre la double invalidation de la candidature de son mentor à la présidentielle, puis aux législatives. C’est un événement qui a durement et durablement marqué la vie du parti. C’est pourquoi, la participation du RDR d’abord à la présidentielle le 31 octobre 2010, puis aux législatives du 11 décembre prochain, peut être perçue comme une revanche sur le destin. Après son succès à la présidentielle, le parti à la case verte, entend bien remettre ça aux législatives en remportant sinon la majorité absolue, du moins, un nombre important de sièges à l’hémicycle. Sa victoire serait alors totale. Pour le président Ouattara, ce serait le scénario idéal, voire le jackpot. Il aura alors, on l’a dit, les coudées franches pour conduire, en toute sérénité, son programme de gouvernement. Cette élection sera donc pour son parti et plus encore, pour lui-même, un scrutin de confirmation ou de « désaveu ». Car, un éventuel échec du RDR constituerait la preuve que les ivoiriens ont moins choisi Ouattara qu’ils n’ont chassé Gbagbo et qu’une fois ce dernier parti, ils refusent d’accorder leurs suffrages à son successeur. Ce serait un cinglant désaveu pour le nouveau régime. Cependant, ce terrible cas de figure a peu de chance de se produire puisque, à partir de son seul nom, le leader du parti des Républicains a capitalisé plus du tiers de l’électorat lors du scrutin présidentiel. Il part donc à cette autre élection avec quelques certitudes. Mais, il convient de se garder de tout sentiment d’optimisme béat puisqu’une élection ne ressemble à aucune autre. Le RDR devra donc rester prudent et concentré, afin d’engranger le maximum de sièges lors de ces législatives. Ce faisant, après la victoire à la présidentielle, on pourrait dire que les Républicains on transformé l’essai. Mais, le pourront-ils ? Pour le parti au pouvoir, la réponse à cette question constitue, sans aucun doute, le principal enjeu de ce scrutin législatif. Le RDR sera alors, pour la première fois de son histoire, à la fois présent et majoritaire à l’assemblée nationale. C’est un double challenge dont la perspective de la réalisation devrait booster la mobilisation des Républicains qui n’ont pas toujours été à la fête. Pour le RDR, bête noire et poil à gratter des régimes qui ont succédé au père de la nation, l’histoire prendrait des couleurs plus gaies. La persévérance et la patience de son leader ont fini par payer. Les autres partis, surtout ceux qualifiés de petits, devraient en prendre de la graine. La nuit la plus noire, finit par faire place au jour. Ce sera peut-être la leçon à retenir du parcours du parti de Djéni Kobena.
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