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Art et Culture Publié le mardi 29 novembre 2011 | L’expression

Colloque interdisciplinaire : Trois jours pour penser la renaissance africaine

Le colloque sur «La renaissance africaine et les leçons de la crise ivoirienne» initié par le ministère de la Culture a débuté hier. Il s’agira, pour les intellectuels, venus de tous les horizons, de penser le retour sur la scène du continent africain et de panser les plaies héritées de la crise ivoirienne.

C’est à un intense travail de réflexion et de froide introspection que vont se livrer, durant trois jours, les intellectuels africains, européens et américains sur la question de la renaissance africaine et des leçons à tirer de la crise ivoirienne. La cérémonie d’ouverture de cet important colloque pluridisciplinaire a eu lieu, hier, à la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères, au Plateau. Le ministre de la Culture et de la Francophonie, Bandaman Kouakou Maurice, qui s’est félicité de la tenue du colloque de haut niveau instituant «une plateforme de réflexion et d’échange sur la renaissance africaine et les leçons à tirer de la crise ivoirienne», a inscrit cette initiative dans «le vaste mouvement de reconquête de l’initiative historique et de repositionnement» de l’Afrique en général et de la Côte d’Ivoire en particulier «dans la marche résolue vers le progrès et le développement durable». Pour lui, il s’agira pour les participants à ce colloque, d’identifier des instruments, des leviers de pilotage, des modes opératoires, des contenus et des stratégies à même de servir d’adjuvants à la renaissance africaine et au raffermissement du processus de cohésion sociale et de développement durable en marche. Il sera également question pour eux, de voir comment les Africains peuvent puiser dans les trésors de leur riche patrimoine culturel qui sait si bien régler les crises et les conflits notamment à travers les alliances interethniques. «Il s’agira d’exploiter plus profondément encore nos arts et traditions, notre littérature orale, il s’agira pour nous de renaître à nouveau, en étant plus généreux, plus libres, plus justes, portés vers de plus grands idéaux, et restaurer notre humanité balafrée», a-t-il ajouté. Faisant écho à ces propos, le commissaire général du colloque, le prof Yacouba Konaté, qui a expliqué ce symposium comme une occasion offerte aux Africains de discuter en Afrique avec des participants africains, de sujet relevant de l’histoire récente et future de leurs pays, s’est interrogé sur la notion de leçon. «Est-il évident que les peuples tirent des leçons de l’histoire ? Pourquoi les Ivoiriens, qui ont vu et senti les affres des guerres domestiques survenues en Sierra Leone, au Liberia et ailleurs ne se sont pas donné les moyens de conjurer définitivement ce type de conflit dans leur pays ?», a-t-il questionné. Prévenant contre l’arrogance, «l’un des risques majeurs qui guettent la Côte d’Ivoire», Yacouba Konaté plaidera pour une prise de conscience des peuples ivoiriens et africains et surtout pour une humilié dans leur agir. «Le remède contre l’arrogance, c’est l’humilité. Celle de comprendre que le vainqueur a besoin du vaincu mais dans sa portion résiduelle. Si l’Afrique devait renaître à une valeur et une seule, je plaiderai pour l’humilité», a-t-il indiqué. Président d’honneur du colloque, l’illustre écrivain Cheick Amidou Kane, expliquera l’importance de redonner à l’Afrique sa juste place dans le monde. Si pour lui les Etats africains ont obtenu ce qu’il a appelé des «indépendances nominales» depuis 1960, ce qui reste à gagner est autrement plus important à ses yeux. Il s’agit du combat pour la renaissance dont «le passage obligé de ce combat est celui l’unité». Il dira à ce propos : «La renaissance de la Côte d’Ivoire passe par l’unité de la soixantaine et plus d’ethnies qui l’habitent. La renaissance du continent africain passe par l’unité de la cinquantaine de territoires qui y ont été découpés par la force colonisatrice». Après la cérémonie d’ouverture, les travaux en séances plénières ont été entamés. Till Foster, de l’université de Bâle en Suisse, a présenté une communication sur le thème : «Imaginer la nation : la cérémonie d’indépendance dans la partie nord de la Côte d’Ivoire sous le contrôle de la rébellion». A sa suite, Dévérin Eveline a présenté «Le pouvoir de l’ombre : les Ntic». Les communications de Tom Basset, de l’université de l’Illinois à Chicago sur «Le Nord dans le Sud : reconstruction des espaces politiques lors des élections présidentielles de 2010» et de Yacouba Konaté sur «La fin de l’exception ivoirienne» ont clos les travaux de la matinée. Le colloque se poursuit jusqu’au 30 novembre.

M’Bah Aboubakar
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