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Politique Publié le mardi 29 novembre 2011 | Nord-Sud

Yasmina Ouégnin (Candidate Pdci à Cocody): «Que le meilleur gagne !»

A 32 ans,  elle sera certainement l’une des plus jeunes députés du prochain parlement ivoirien, si elle est était élue. Yasmina Frédérique Lucienne Ouégnin-Guessend s’est prêtée au jeu des questions-réponses dans l’entretien qui suit.

Vous êtes candidate du Pdci à Cocody. Qu’est-ce qui a motivé votre entrée sur la scène
politique alors que, jusque-là, vous étiez plutôt inconnue de tous ?
Il y a 42.000 personnes qui ont voté pour le président Henri Konan Bédié au premier tour de la présidentielle et je suis persuadée qu’on ne peut pas les connaître chacune, ne serait-ce que physiquement, individuellement et nominativement. Mon entrée en politique s’est faite il y a quand-même longtemps, puisque, déjà à l’Inset, en 1998, je faisais partie de la JPdci. Et puis en 2004, alors que je terminais ma formation, en France, non loin du siège de la société dans laquelle je travaillais, il y avait la cellule communication de la Jpdci locale qui se réunissait et donc j’étais l’adjointe du chargé de communication. Ce qui veut dire que ça fait déjà un petit moment que je suis en politique.

Mais qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?

D’abord, je me suis référée tout simplement à ce qui est écrit dans la loi. On peut se présenter à la députation à partir du moment où on a 21 ans. A 32 ans, j’avais largement la possibilité de le faire. Ensuite, il faut savoir que le comité de la Jpdci avait mis en place une sorte de comité-directeur avec une cellule scientifique auquel j’appartenais. Ce comité a travaillé sur le séminaire qui s’est tenu à Bassam du 12 au 14 août dernier. J’ai été le rapporteur au niveau de l’atelier 1 et en plus, j’ai même lu des motions à la fin des travaux. Partant donc du principe que je ne peux pas dire des choses et ne pas les appliquer, que je ne peux pas être au sein de l’atelier 1 du séminaire qui demande que près de 50% des postes de l’Assemblée nationale soient réservés à la jeunesse et ne pas moi-même me présenter. Ce serait aller en contradiction avec ce que je prêche.

C’est donc la principale raison pour laquelle vous êtes candidate ?

Non ! Ma candidature s’explique par le fait que j’estime que tout le monde, à n’importe quel niveau, peut apporter sa pierre à l’édifice de la reconstruction de la Côte d’Ivoire. On aurait peut-être parlé d’autres élections que j’aurais été aussi candidate. Le dernier congrès du Pdci date de 2002. Ce qui fait que le parti n’a pas encore renouvelé ses instances. S’il y avait eu des élections pour les présidents des comités de base ou les secrétaires de section, c’est sûr que j’aurais postulé. Mais, là, ce sont les élections législatives qui sont les plus proches et, comme je l’ai dit, on ne peut pas être au sein de la Jpdci, prêcher pour que beaucoup de jeunes s’intéressent à la chose, prennent leur destin en main et ne pas montrer l’exemple.

Pourtant, il se raconte en coulisses que vous devez votre candidature à un coup de pouce de votre père qui vous aurait “poussée’’ ?

Vous savez, je ne connais pas un seul enfant africain qui, même s’il est désireux d’aller se marier, entreprenne toutes ces démarches sans avoir la bénédiction de sa famille. Bien évidemment, quand j’ai voulu briguer ce poste législatif, je me suis attelée à obtenir la bénédiction de mes parents.

Ne comptez-vous pas sur son image pour remporter ces élections ?

Oui, pourquoi pas. Dans la foulée, ce n’est pas un homme politique. Pour ceux qui ne le savent pas, il n’a jamais été, ni maire, ni député. C’était un fonctionnaire, un haut-fonctionnaire d’Etat. Il a travaillé de manière très loyale en conservant sa dignité. Il a travaillé au niveau de l’Etat de Côte d’Ivoire et il faut comprendre que l’Etat est une continuité, ça ne s’arrête pas aux individus. Et donc, il a travaillé avec le président Houphouet, le président Bédié, le président Guéï et le président Gbagbo. Il a pris sa retraite au moment où l’heure de la retraite a sonné. Une retraite d’ailleurs méritée. Et il a compris qu’il fallait laisser la place à d’autres personnes. Donc oui, je suis contente de cette image positive de quelqu’un qui a tant travaillé et qui aime travailler pour la Côte d’Ivoire.

Donc vous comptez effectivement sur lui pour gagner.

Non, je ne compte pas que sur son image pour me faire élire. Je suis une dame dynamique, entreprenante, intelligente, qui a un bac + 6 et qui a sa propre entreprise qui emploie des gens depuis 6 ans ; qui sait ce que c’est que d’avoir à payer des impôts à la fin du mois, ce que c’est que d’avoir des clients à gérer, ce que c’est que d’aimer son pays, d’aimer son prochain. Je suis quelqu’un qui aime le Pdci plus que tout. C’est sur ces qualités-là que je compte.

Et, vous êtes prête à laisser tomber tout ça, le temps d’un mandat parlementaire?
Bien sûr ! Il y a beaucoup d’autres personnes qui laissent tomber beaucoup plus que ça pour devenir maire, ministre ou député. Lorsqu’un pays n’est pas développé, quelles que soient les entreprises qu’on aura, quelle que soit la bonne volonté des entrepreneurs, ils n’arriveront pas à faire grand-chose. S’il faut que, pendant cinq ans, je mette entre parenthèses mes activités d’entrepreneur pour l’intérêt général, je suis prête à le faire.

Quels sont les enjeux de cette candidature pour vous ?

D’abord, je défends les couleurs du Pdci-Rda. On ne peut pas aller en rangs serrés cette fois-ci, pour la simple raison que, que ce soit le Pdci-Rda, le Rdr, le Pit, le Mfa, l’Udpci, etc., tout le monde est très désireux de défendre le programme de société du président Alassane Ouattara. Il ne faut pas oublier que le Pdci a même voté pour lui. C’est qu’à un moment donné, on a mis de côté tout ce qui pouvait être nos petites guéguerres intestines et on s’est décidé à aller en rangs serrés, autour d’un seul candidat. Tous ces partis regorgent de cadres et, tous, autant qu’ils sont, sont désireux de travailler avec le chef de l’Etat pour développer son programme, et le populariser auprès des masses. C’est ça un peu qui a justifié ma candidature. Je voudrais que ce soit le meilleur qui gagne et que ce soit la personne la plus apte à développer ce programme-là qui hérite du suffrage de la population.

Dans le contexte actuel, n’avez-vous pas peur qu’on se retrouve avec une Assemblée nationale monocolore, comme certains aiment à le dire ?

Non ! Parce que le rôle du député n’est pas forcément d’être un béni oui-oui. Je ne sais pas s’ils se sont entendus pour qu’il y ait un groupe parlementaire Rhdp. Mais, je pense qu’il y aura quand-même des groupes parlementaires différents. La politique du Rdr, partant du principe qu’ils sont républicains, est beaucoup plus libérale que la politique du Pdci, qui est un parti démocratique et donc un peu plus social ! Effectivement, à un moment donné, ça se verra aussi dans la façon d’opter pour une loi ou pour une autre.

Si vous êtes élue, comment comptez-vous exercer votre rôle de député au sein du parlement ?

Il faut savoir d’abord qu’à Cocody, c’est une liste. Nous sommes deux candidats, Abdoulaye
Touré et moi-même, à représenter le Pdci. Nous sommes environ 217.000 électeurs et donc, le nombre de 2 députés est quand-même relativement insuffisant. Puisque dans des communes comme Yopougon, Abobo, ils sont à 6 pour approximativement 500.000 candidats. Cocody est donc très mal lotie, mais on va s’arranger pour qu’Abdoulaye Touré et moi soyons des députés de si haut niveau que la population de Cocody ne se rendra pas compte qu’elle est mal lotie en nombre de députés. Nous allons jouer le rôle de gendarme. On sera les yeux, les oreilles et surtout la voix de la population et on se fera entendre chaque fois que ce sera nécessaire.


Entretien réalisé par Anne-Marie Eba
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