La Cour pénale internationale serait-elle devenue un club de copains qui se rencontrent en secret pour organiser des transfèrements et des procès sur la base de petits arrangements autour d’intérêts suspects ? On peut se le demander, au regard des manœuvres souterraines que Ouattara et Ocampo mèneraient, selon des sources, pour obtenir illégalement la comparution de Laurent Gbagbo devant l’instance judiciaire internationale. Le piège ici est que cette complicité entre le procureur argentin de la Cpi, Luis Moreno Ocampo, et le dictateur d’Abidjan qui torture des prisonniers politiques dans des goulags, risque de s’avérer désastreuse pour l’image de cette Cpi-là. On ne peut pas être partie à un conflit, comme c’est le cas de Ouattara, et d’afficher tous les jours avec le juge pour décider le jugement qui doit être rendu. Ce lien obscur entre Ouattara et Ocampo pourrait discréditer, durablement et de façon retentissante, la Cour pénale internationale qui peine déjà à convaincre tout le monde de son impartialité dans les affaires dont elle se saisit. Le procureur argentin, en se laissant mener par le bout du nez, joue donc à un jeu compromettant qui ne manquera pas d’entamer la réputation de la Cpi. En permettant au régime ivoirien de se servir de lui, le magistrat international ne fait que flétrir la respectabilité de l’institution dont il a la charge. La vérité est que sur le plan juridique, le pouvoir Ouattara n’a pas d’arguments sérieux pour faire transférer Laurent Gbagbo à la Haye. D’éminents juristes l’ont maintes fois démontré. Reste alors la voie des stratagèmes douteux et de la compromission pour obtenir un autre coup de pouce de la communauté internationale qui, pourtant, l’a désavoué dans sa démarche. En se faisant le complice du pouvoir d’Abidjan, Ocampo apporte sa caution et son soutien à un régime despotique et dictatorial. Au demeurant, le forcing de Ouattara pour «se débarrasser» de Laurent Gbagbo en se cachant derrière la Cpi dont il semble instrumentaliser le procureur, ne doit pas faire perdre de vue aux Ivoiriens et à la communauté internationale que le seul chef d’accusation qui a été jusque-là évoqué pour justifier la détention arbitraire du président Gbagbo porte sur des «crimes économiques» pour lesquels il doit être jugé en Côte d’Ivoire et nulle part ailleurs. Sur ce point, Laurent Gbagbo a fait savoir qu’il plaçait, malgré tout, sa confiance en la Justice de son pays pour l’entendre. Du moment qu’il a des comptes à rendre aux Ivoiriens qui l’ont élu, et non à la communauté internationale. Ocampo doit donc savoir qu’il engage dangereusement la crédibilité et la responsabilité de la Cpi dans la crise ivoirienne. C’est pourquoi ses accointances avec Ouattara sont mal vues. Aussi, pour son honneur et pour l’image-même de la Cpi, gagnerait –il à ne pas se salir les mains, mais plutôt à faire son travail de façon impartiale dans l’affaire ivoirienne. Laquelle risque, s’il n’y prend garde, de le compromettre, en même temps que l’institution qui lui a été confiée.
K. Kouassi Maurice
K. Kouassi Maurice