Avec l`ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, arrivé à La Haye dans la nuit de mardi à mercredi, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Luis Moreno-Ocampo a reçu sur un plateau, selon les experts, le "plus gros poisson" livré à la Cour depuis son entrée en fonction en 2002.
"C`est très certainement un gros poisson, le plus gros jusqu`à présent", assure à l`AFP Willem van Genugten, professeur de droit international à l`université de Tilburg (sud), soulignant que M. Gbagbo est le premier ex-chef d`Etat remis à la CPI.
L`ancien président ivoirien, écroué au quartier pénitentiaire de la Cour à La Haye, est le sixième suspect remis à la CPI, qui ne dipose pas de sa propre police. L`ancien vice-président de République démocratique du Congo Jean-Pierre Bemba était jusqu`ici le plus haut responsable arrêté, rappelle M. van Genugten.
"Il y a eu d`autres mandats d`arrêt, comme celui contre Omar el-Béchir, mais bon cela ne fonctionne pas", explique Goran Sluiter, professeur de droit pénal international à l`université d`Amsterdam, évoquant le président soudanais, recherché par la Cour depuis 2009.
Sous le coup d`un mandat d`arêt pour génocide, crimes contre l`humanité et crimes de guerre commis au Darfour, Omar el-Béchir défie la CPI en continuant de voyager à travers le monde, même dans des Etats parties au Statut de Rome, censés coopérer avec la Cour en arrêtant ses suspects.
"Je pense que la Côte d`Ivoire se rend compte qu`elle n`est pas en mesure d`assurer un procès équitable (contre Laurent Gbagbo, ndlr) et c`est pourquoi elle a demandé à la CPI de le faire", poursuit M. van Genugten.
La CPI enquête depuis début octobre, rappelle-t-il, à la demande de l`actuel président Allassane Ouattara, ex-rival de Laurent Gbagbo sur les "crimes les plus graves" commis en Côte d`Ivoire à la suite du deuxième tour de l`élection présidentielle, le 28 novembre 2011.
Période propice
A l`approche des élections législatives du 11 décembre, les autorités ivoiriennes n`avaient pas caché, depuis plusieurs semaines, leur impatience de voir Laurent Gbagbo transféré à La Haye, présentant parfois cet éloignement comme une condition de la réconciliation voulue par le pouvoir.
"En d`autres termes, Luis Moreno-Ocampo n`a pas dû faire grand-chose pour l`avoir", poursuit Willem van Genugten.
Entrée en fonction en 2002 à La Haye, la CPI ne peut engager des poursuites que lorsque la justice nationale n`a pas la volonté ou n`est pas en mesure de le faire.
Le porte-parole de l`ancien président ivoirien, Justin Koné Katina a dénoncé mercredi ce transfert comme "la victoire de la corruption" et de "la magouille".
"N`oublions pas non plus que c`est quelqu`un (Laurent Gbagbo, ndlr) qui a perdu le pouvoir, qui est du côté des perdants et qui était déjà en prison", renchérit Goran Sluiter, qui met en garde contre "la justice des vainqueurs".
Rappelant que M. Moreno-Ocampo avait indiqué que son enquête porterait sur les deux camps opposés lors du conflit qui a fait quelque 3.000 morts, M.Sluiter assure que "c`est un peu comme si il avait dit juste pour la forme que les deux camps allaient être jugés".
Le professeur de droit pénal international reconnaît toutefois que "pour des raisons pratiques", il est plus facile de juger les perdants avant les gagnants, notamment pour s`assurer de la coopération de ces derniers le plus longtemps possible.
Le remise de Laurent Gbagbo à la CPI intervient à quelques mois de la fin du mandat, en juin 2012, de Luis Moreno-Ocampo, dont le successeur doit être choisi dans le courant du mois de décembre.
"Je ne sais pas quelle a été la contribution de Luis Moreno-Ocampo mais bien sûr, c`est très commode pour lui que cela se soit passé à ce moment", souligne Christophe Paulussen, chercheur à l`institut Asser, spécialisé en justice internationale.
ndy/mlm/aub
"C`est très certainement un gros poisson, le plus gros jusqu`à présent", assure à l`AFP Willem van Genugten, professeur de droit international à l`université de Tilburg (sud), soulignant que M. Gbagbo est le premier ex-chef d`Etat remis à la CPI.
L`ancien président ivoirien, écroué au quartier pénitentiaire de la Cour à La Haye, est le sixième suspect remis à la CPI, qui ne dipose pas de sa propre police. L`ancien vice-président de République démocratique du Congo Jean-Pierre Bemba était jusqu`ici le plus haut responsable arrêté, rappelle M. van Genugten.
"Il y a eu d`autres mandats d`arrêt, comme celui contre Omar el-Béchir, mais bon cela ne fonctionne pas", explique Goran Sluiter, professeur de droit pénal international à l`université d`Amsterdam, évoquant le président soudanais, recherché par la Cour depuis 2009.
Sous le coup d`un mandat d`arêt pour génocide, crimes contre l`humanité et crimes de guerre commis au Darfour, Omar el-Béchir défie la CPI en continuant de voyager à travers le monde, même dans des Etats parties au Statut de Rome, censés coopérer avec la Cour en arrêtant ses suspects.
"Je pense que la Côte d`Ivoire se rend compte qu`elle n`est pas en mesure d`assurer un procès équitable (contre Laurent Gbagbo, ndlr) et c`est pourquoi elle a demandé à la CPI de le faire", poursuit M. van Genugten.
La CPI enquête depuis début octobre, rappelle-t-il, à la demande de l`actuel président Allassane Ouattara, ex-rival de Laurent Gbagbo sur les "crimes les plus graves" commis en Côte d`Ivoire à la suite du deuxième tour de l`élection présidentielle, le 28 novembre 2011.
Période propice
A l`approche des élections législatives du 11 décembre, les autorités ivoiriennes n`avaient pas caché, depuis plusieurs semaines, leur impatience de voir Laurent Gbagbo transféré à La Haye, présentant parfois cet éloignement comme une condition de la réconciliation voulue par le pouvoir.
"En d`autres termes, Luis Moreno-Ocampo n`a pas dû faire grand-chose pour l`avoir", poursuit Willem van Genugten.
Entrée en fonction en 2002 à La Haye, la CPI ne peut engager des poursuites que lorsque la justice nationale n`a pas la volonté ou n`est pas en mesure de le faire.
Le porte-parole de l`ancien président ivoirien, Justin Koné Katina a dénoncé mercredi ce transfert comme "la victoire de la corruption" et de "la magouille".
"N`oublions pas non plus que c`est quelqu`un (Laurent Gbagbo, ndlr) qui a perdu le pouvoir, qui est du côté des perdants et qui était déjà en prison", renchérit Goran Sluiter, qui met en garde contre "la justice des vainqueurs".
Rappelant que M. Moreno-Ocampo avait indiqué que son enquête porterait sur les deux camps opposés lors du conflit qui a fait quelque 3.000 morts, M.Sluiter assure que "c`est un peu comme si il avait dit juste pour la forme que les deux camps allaient être jugés".
Le professeur de droit pénal international reconnaît toutefois que "pour des raisons pratiques", il est plus facile de juger les perdants avant les gagnants, notamment pour s`assurer de la coopération de ces derniers le plus longtemps possible.
Le remise de Laurent Gbagbo à la CPI intervient à quelques mois de la fin du mandat, en juin 2012, de Luis Moreno-Ocampo, dont le successeur doit être choisi dans le courant du mois de décembre.
"Je ne sais pas quelle a été la contribution de Luis Moreno-Ocampo mais bien sûr, c`est très commode pour lui que cela se soit passé à ce moment", souligne Christophe Paulussen, chercheur à l`institut Asser, spécialisé en justice internationale.
ndy/mlm/aub