Ses partisans tombent de haut. La marche de Laurent Gbagbo à la Haye déchire le voile des illusions. Pour toutes ces femmes et pour tous ces hommes va-t-en-guerre, aveuglés par la doctrine du repli identitaire, l’ouvrage de leur vie vient d’être détruit. Certes, pour beaucoup, et en premier les plus frénétiques, cet exil lointain, ce départ sans retour reste encore abstrait parce qu’ils ne perçoivent pas, du moins pas suffisamment, le fossé qui se creuse entre eux et leur «Dieu». Même si tous n’en ont pas conscience, il est évident qu’une scission s’opère de fait entre le rêve et la réalité. Plusieurs années vont être nécessaires pour que la l’écheveau soit démêlé. Comme en écho, la direction du Front populaire ivoirien (FPI) proclame son indignation. Mais, ce ne sont que des mots sonores. Sans résultat. En tout état de cause, avec « cette disparition » de Laurent Gbagbo, le parti qu’il a fondé et qui n’a pas voulu s’émanciper, disparaît en tant que force politique. Tous ses projets y compris même les plus abjects manigancés depuis l’étranger. Il n’est plus qu’une coquille vide, une simple étiquette. L’illusion de « il reviendra » s’évanouit dans la boue des tranchées et dans les torrents de sang des hécatombes d’Abobo. On espère que la cour pénale va raviver la mémoire de l’assassinat de millier d’Ivoiriens, questionner le souvenir des meurtres de Yves Lambelin et Stéphane De Di Rippert, ces crimes symboles de la haine et de la méchanceté humaine. Le Fpi doit maintenant apprendre à porter le deuil subi par tout un peuple provoqué par son «Grand Homme».
Lanciné Bakayoko
Lanciné Bakayoko