Dans le film culte «Les larmes du soleil», l’acteur américain Bruce Willice à la recherche d’une ressortissante américaine perdue dans un bourbier africain, lançait avec une ironie acerbe, «Dieu a déjà quitté l’Afrique.» Cette réalisation, une caricature très réussie du rôle de l’Occident dans les crises africaines, dévoile par la même occasion, tout le cynisme déployé par les pays développés pour faire mains basses sur les richesses du continent noir. Dieu n’a pas quitté l’Afrique. Mais ce sont surtout les occidentaux qui menacent la paix en Afrique avec une politique totalement injuste qui tranche avec les discours servis dans les rendez-vous internationaux. Vu les derniers développements que viennent de connaitre la crise ivoirienne avec le transferement du Président Gbagbo à la Cpi, le ministre Koné Katinan a en tout cas raison de parler de «la victoire de la magouille et des réseaux.» Tout va désormais à l’envers, ou tout marche sur la tête dans ce nouveau monde dirigé par les multinationales. Les grandes rencontres sur la démocratie et la bonne gouvernance ne sont que des simples déclarations de principes. Et pas plus. Les grandes puissances montrent de plus en plus qu’elles n’ont pas pour ambition de développer le continent africain. Mais surtout la France, grande amie de l’Afrique et qui veut aimer l’Afrique plus que les Africains montre qu’elle reste sans état d’âme. Ce n’est pas le bien être des populations qui la préoccupe. Mais ce qu’elle gagne ici. On va vu le roi Sarkozy décharger une grande haine contre le Président dans cette crise postélectorale. Il voulait par tous les moyens, avoir sa tête. La France avait juré de l’avoir comme elle l’a fait pour Sankara et autres. Au plus fort de la crise de 2004, Michel Barnier alors patron du Quai d’Orsay ne sait pas empêcher de confier dans le milieu françafricain que Gbagbo a des idées dangereuses pour la politique de la France en Afrique. On a donc vu la France s’en prendre violemment au pouvoir Gbagbo lorsqu’il a voulu libérer la Côte d’Ivoire de la rébellion. Et pourtant, l’Elysée était totalement partant pour cette opération. Des dizaines d’Ivoiriens ont été massacrés par l’armée française sans que personne ne soit inquiété dans les rangs du pouvoir parisien incarné au moment des faits par Chirac. Même la justice internationale qui développe aujourd’hui une promptitude horrible en Côte d’Ivoire est restée de marbre, parce que ceux qui ont été tués en novembre 2004 étaient justes de petits africains qui ne sont même pas des nègres. En fait dans cet épisode de la crise ivoirienne, le bourreau s’est sans la moindre honte, érigé en victime. On connaît la suite. Un peu plus tard, Bernard Kouchner tout puissant ministre des Affaires étrangères de Sarkozy clarifie la position de son pays en des termes très clairs. «La France n’oublie jamais» s’est-il permis de dire en parlant de la Côte d’Ivoire. Et il a même été suivi dans cette démarche par la quasi-totalité de l’élite politique hexagonale. Sur le continent, la France reste unie pour ses intérêts. Les socialistes qui dirigent l’empire des assurances l’ont signifié au président Affi lors d’un sommet de l’International socialiste en Amérique latine. «Vous savez que votre projet d’Assurance maladie universelle nous gêne» lui ont-ils confié. On comprend donc tout dans la crise ivoirienne. La France préfère adouber des Présidents à vie comme Compaoré, Wade, Faure Eyadema et autres. Elle ne veut en réalité pas de démocratie sur le continent. Paris milite et ses multinationales préfèrent plutôt des Etats sans véritables lois républicaines avec des pouvoirs d’Opérette pour mieux organiser le pillage de ses ressources. Par exemple au Niger, la France fait la pluie et le beau temps avec son puissant groupe Aréva qui exploite l’uranium de ce pays. Plus de 60% de l’électricité consommée en Hexagone provient du Niger, pourtant rongé par la misère. Ce pays donne à un prix dérisoire son uranium à la France alors que toutes ses régions sont plongées dans le noir par manque d’électricité. Ainsi va la vie en Afrique selon le bon vouloir de l’empire gaulois. C’est aussi ce qui se passe désormais en Côte d’ivoire. Sarkozy prétend que c’est Ouattara qui a gagné l’élection présidentielle. Si tel est le cas, pourquoi Paris se croit-il obligé de porter à bout de bras un pouvoir qu’on dit être le choix des ivoiriens. Et donc issu des urnes. Là se trouve toute la question. Car les ivoiriens sont ahuris de voir la Côte d’Ivoire revivre de plain-pied, une recolonisation à visage découvert. On se rend compte que loin des discours purement politiciens il n’y a que la volonté de la France qui compte en Afrique. Sarkozy n’a pas pu enterrer la Françafrque. Pourtant il avait prévu cela. Bien au contraire, il n’a fait que la renforcer. Foccart n’est pas mort. Car la France ne veut pas de démocratie dans ses colonies.
Guehi Brence
Guehi Brence