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Politique Publié le jeudi 1 décembre 2011 | L’Inter

Apres son extradition - Les derniers instants de Gbagbo avant son départ pour la Haye

© L’Inter
Laurent GBAGBO président de la république de Côte d`Ivoire
La réaction des Korhogolais

A la vue de l’avion qui a transporté l’ancien président, Laurent Gbagbo, atterrir à la Haye, au Pays-Bas pour être jugé, Fanta Cissé a eu du mal à retenir ses larmes : « c’est vraiment triste tout ça. Il aurait pu lâcher ce pouvoir qu’il ne serait pas là aujourd’hui ». Une réaction partagée par plusieurs autres téléspectateurs dont Touré Souhalio, employé dans une unité de production de la place. « Ça fait vraiment pitié. On aurait pu éviter tout cela », a-t-il indiqué très tôt le matin, hier à 13h, pendant le journal télévisé au quartier 14. Les Korhogolais, pour la plupart, semblaient surpris du transfèrement de Laurent Gbagbo le mardi dernier. Tous faisaient un commentaire sur ce départ inopiné de leur hôte. Certes, chacun s’attendait plus ou moins à le voir quitter un jour Korhogo, mais personne ne savait quand. De sorte que la nouvelle de son extradition a laissé pantois plus d’un. Comment l’ancien président a-t-il vécu ses derniers instants sur le territoire ivoirien ? Quelle a été sa réaction quand il lui a été signifié au tribunal qu’il serait extradé en direction de la Haye ? Ce sont autant de préoccupations que nous avons voulu savoir. Un employé à l’aéroport de Korhogo, témoin de l’embarquement de l’ancien président, a bien voulu en dire plus : « hier (ndlr : le mardi), nous savions que quelque chose allait se passer dans la mesure où l’aéroport était hautement surveillé. Mais on était loin d’imaginer que Laurent Gbagbo serait extradé. Aux environs de 18h 10mn, nous voyions arriver un long cortège de véhicule à l’aéroport. A la vue d’un gros 4X4 noir, nous avions crû que le commandant Fofié se déplaçait. Les militaires se sont rapidement déployés, augmentant l’effectif de ceux qui étaient déjà sur place. A notre grande surprise, nous voyons sortir Laurent Gbagbo du 4X4, chemise blanche et un pantalon couleur kaki. Tous ses cheveux ont blanchi et il avait le visage triste. Sincèrement, je n’ai jamais eu aussi pitié de ma vie. Nous qui étions là étions partagés entre l’émotion de vivre un événement inédit et la pitié de voir quelqu’un qui a dirigé ce pays le quitter pour répondre de ses actes. De ma position, j’ai cru le voir menotté. Mais ça peut être faux parce que nous étions quand même à une distance où il était difficile de vérifier cela. Il était encadré par des gens jusqu’à ce qu’il disparaisse dans l’avion ». Une autre source proche de la résidence qui abritait l’ancien chef d’Etat nous a confié que Laurent Gbagbo a refusé de manger la veille de son départ pour la CPI. « Même le mardi, avant d’aller au tribunal, il faisait pitié à voir. Il était pensif et refusait tout ce qu’on lui donnait », nous a-t-il confié. De l’avis de notre informateur, Laurent Gbagbo croyait dur comme fer que jusqu’à la dernière minute, l’espoir de rester en Côte d’Ivoire était encore permis.
« Il a refusé de manger »
Mais au tribunal de Korhogo, les choses se sont passées autrement. Sur place, il lui a été signifié qu’il quittait la ville pour la Haye. Il n’a même pas eu le temps de repartir chez lui prendre quelque chose. Ce fut un coup dur pour l’ancien locataire de la Présidence ivoirienne, qui aurait eu, selon une source digne de foi, du mal à monter dans le véhicule qui devait le transporter à l’aéroport. Il aurait été aidé par le Commandant Fofié Kouakou Martin, selon un employé du tribunal. « Nous sommes soulagés de le voir partir. Parce que sa présence était inquiétante ici. Quelque chose lui serait arrivé qu’on aurait le monde entier sur notre dos. La justice internationale fera son travail. Le fait même qu’il ait duré ici nous pesait. On avait commencé à se poser trop de questions », nous a indiqué Berthé Issouf, président des jeunes de la cité du Poro. « Nous savons qu’il y a des personnes qui sont contre ce départ, mais nous pensons que c’était nécessaire dans la mesure où il y a eu trop de violations graves des droits de l’Homme sous son régime », déclare-t-il. Pour Silué Kolotioma, vendeur de carburant au quartier Soba, les dirigeants de l’ex-régime auraient pu sauver leur champion en demandant pardon. « Ils croyaient qu’il reviendrait au pouvoir après tout ce qu’il a fait. Malheureusement pour eux... », commente-t-il. Aux yeux de Doumbia Ibrahim alias Nivaquine, cadre des Forces nouvelles, l’extradition de Gbagbo servira de leçon à tous les dirigeants qui seraient tentés de faire comme lui. En tout cas à Korhogo, la plupart des personnes rencontrées éprouvent de la pitié pour l'ancien chef de l'Etat et réalisent à quel point l’existence de l’homme est précaire.
Y.DOUMBIA (Envoyé spécial à Korhogo)
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