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Politique Publié le jeudi 1 décembre 2011 | L’Inter

Transfert de Gbagbo à la CPI - Les leçons d`une triste fin

L'image est saisissante: les grilles d'une prison qui se referme doublement sur l'ex-chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, quelque temps après son atterrissage à la Haye au Pays- Bas. Tel un rideau qui tombe pour annoncer la fin d'une scène, celle des dix années de règne de Laurent Gbagbo. Ce qui n'était pour certains qu'une vue de l'esprit est devenu réalité depuis la nuit de mardi 29 novembre dernier. Ainsi donc, l'ancien chef de l'Etat est au chaud dans les geôles de la Haye, à des milliers de kilomètres de son pays. Une triste fin pour un homme d'Etat qui aura rythmé la vie politique ivoirienne ces dix dernières années. On n'en serait pas là si l'ex-homme fort d'Abidjan ne s'était pas obstiné à vouloir confisquer le pouvoir après avoir perdu la présidentielle du 30 novembre 2010. Pour bien d'observateurs, Laurent Gbagbo est victime de son entêtement à s'accrocher au pouvoir en dépit des appels incessants de la quasi-totalité de la communauté internationale à y renoncer. Pendant près de quatre mois, il est resté sourd à toutes les interpellations, a rusé avec le chapelet de médiateurs qui se sont employés à le convaincre d'admettre la victoire de son adversaire, Alassane Ouattara. Et pourtant, depuis la certification du représentant spécial des Nations unies d'alors, Young Jin Choi, jusqu'à l'ultime arbitrage du panel des cinq chefs d'Etat de l'Union africaine, qui a tranché le 10 mars 2011, tous arrivaient à la même conclusion : la défaite de l'ancien chef de l'Etat. Mais celui-ci va tenter un passage en force que n'ont pas voulu cautionner les Etats-Unis et la France en particulier, très regardants sur l'alternance comme principe démocratique. C'est donc pour donner un signal fort à tous les dirigeants politiques africains qui sont tentés par l'exemple de Gbagbo que celui-ci a été contraint par la force à quitter le pouvoir ; ce qui lui vaudra d'être mis aux arrêts et incarcéré à Korhogo, pour finalement prendre la route de la Haye. Moralité : la tentation de confiscation du pouvoir peut conduire à la Cpi. L'autre leçon de ce tournant historique de l'histoire de la Côte d'Ivoire, c'est que la défiance envers la communauté internationale a des limites. L'arrestation de Gbagbo, suivie de son transfèrement à la Haye, peut apparaître comme la sanction suprême infligée par la communauté internationale à un homme d'Etat qui l'aura défiée tout au long de son règne, notamment depuis l'éclatement de la rébellion de septembre 2002. Adossé à des partisans fanatisés et instrumentalisés à souhait, il avait toujours su miser sur eux pour narguer la communauté internationale. Sa défiance envers les puissants, fondée sur un prétendu combat contre l'impérialisme occidental, a fini par se retourner contre lui. C'est que pour le Premier ministre Guillaume Soro, Gbagbo avait poussé trop loin le bouchon, au point que ces puissants du monde s'étaient jurés d'avoir sa peau. Avec le transfèrement de l'ex-homme fort d'Abidjan à la Cpi, on peut dire qu'ils ont finalement eu le dernier mot. Aujourd'hui seul dans sa cellule, loin de ses courtisans et autres laudateurs zelés, il apprend, à ses dépens hélas, que ces obligés et thuriféraires l'auront finalement conduit à sa perte en l'encourageant à s'engager dans un combat de fou qu'il a fini par perdre.
Assane NIADA
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