Les populations de la ville de Gagnoa ont, dans leur ensemble, salué le transfèrement de l’ex-chef d’Etat Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale. «C’est une grande joie pour moi d’apprendre que notre bourreau a enfin quitté Korhogo pour répondre de ses actes devant le procureur Ocampo», a fait savoir hier, Sanago Amadou, commerçant au quartier Dioulabougou. Il est suivi dans ses propos par Zokou Marc Wilfried, en service dans une société de la place: «L’inculpation de Gbagbo sonne comme la fin de l’impunité en Côte d’Ivoire. Car nous savons tous comment l’impunité règnait dans ce pays. Il n’hésitait pas à armer des miliciens et autres mercenaires pour tuer froidement nos jeunes enfants qui devaient assurer la relève », s’est-il réjoui. Non sans demander au président Ouattara d’user de tout son pouvoir pour procéder au transfèrement des autres détenus qui sont dans les prisons de Korhogo et de Bouna devant cette juridiction internationale: «Que tous ceux qui ont commis des crimes dans notre pays paient pour tout le mal qu’ils nous ont fait», a-t-il poursuivi. Certains habitants que nous avons interrogés au quartier Babré et quartier Soleil, estiment pour leur part, que l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo mérite d’être transféré à la CPI parce qu’il a, selon eux, été coupable de plusieurs crimes: «C’est notre frère, mais il faut reconnaître que sa femme l’a vraiment induit en erreur. Nous savons tous que c’est cette dame qui l’a poussé à faire la guerre lors de la crise post-électorale. C’est pourquoi nous tenons pour responsable de cette inculpation, Mme Simone Ehivet Gbagbo qui mérite elle aussi d’être transférée à la CPI », martèlent pour leur part deux jeunes gens qui se sont confiés à nous sous le couvert de l’anonymat. Mais chez certains militants du FPI que nous avons interrogés, c’est la désolation totale qui se lisait sur leur visage après l’annonce du transfèrement de Laurent Gbagbo:«Les hommes sont méchants. Qu’est ce que Gbagbo a fait au bon Dieu pour qu’il mérite un tel sort?», s’interroge Serge Gouaméné, un gérant de cabine téléphonique. Qui pense pour sa part, que Dieu opérera très bientôt, un miracle afin de sortir l’ex-chef de l’Etat ivoirien, de sa cellule du quartier pénitencier de la Haye. Gbili Gbalou, le fédéral du FPI de Gagnoa a, dès l’annonce de cette nouvelle, pleuré comme un gamin à chaudes larmes à la vue des images de son leader qui passaient en boucle sur toutes les télévisions étrangères.
Gervais Amany (à Gagnoa)
Gervais Amany (à Gagnoa)