Expo 1985. Jamais une exposition n’a connu un tel succès en Côte d’Ivoire. Toutes les composantes du commerce et de l’industrie étaient représentées. Une foule immense convergeait chaque jour sur les berges de la lagune Ebrié, à la Riviera, sur la route de l’Hôtel du Golf. Le succès était si remarquable que des jours furent ajoutés au programme préétabli par les organisateurs. Des exposants vinrent de la sous-région comme de l’Europe et des Amériques. Ma maison d’édition que je représentais à Expo 85 n’avait jamais vendu autant de livres de littérature générale en quelques jours. Au cours de la cérémonie de clôture, le gouvernement avait pris l’engagement ferme de construire un parc d’exposition sur la route de Port-Bouët. Aucun exposant ne pouvait s’imaginer qu’il n’y aurait pas Expo 87. Moi-même, d’habitude sceptique sur les projets du gouvernement, j’étais pour une fois optimiste. Depuis 1985, jusqu’à une date encore récente on nous parlait encore et toujours de ce parc d’exposition à venir. Et voilà que débute cette semaine, la 19ème Foire Internationale de Dakar, la FIDAK. Je dis bien la dix-neuvième. Pour ceux qui ont vu cette foire ou qui la verront tous les soirs au journal télévisé de la RTS, savent l’attraction qu’elle joue et draîne sur Dakar. Cette foire de Dakar vise un marché de 2OO OOO OOO de personnes. C'est-à-dire attirer toute la sous-région. Ils ont compris, à Dakar, que le tourisme peut se faire autrement. Le tourisme, ce n’est par forcément des charters avec des « toubabs » venant passer quelques jours dans une case et dépensant quelques petits billets pour acheter des souvenirs exotiques. Cela peut, effectivement, augmenter le nombre de touristes sur le plan des statistiques mais une foire internationale comme celle qu’on a vu en 1985 et celle tous les deux ans à Dakar font venir beaucoup plus de touristes dans un pays. Une foire internationale à Abidjan, qui est la capitale de la sous-région, sera la plus grande attraction de l’année. Les gens viendront de partout du monde. Le commerce et l’industrie de la Côte d’Ivoire verront leur performance s’accroître. On aura en quelques jours autant de touristes que dans une année. Je ne connais pas le plan d’action de tous les ministères, notamment ceux du ministère du Commerce et du ministère du Tourisme mais depuis des mois, malgré de nombreux chantiers mis en marche, je n’ai jamais entendu parler de la construction d’un grand parc d’exposition à Abidjan. Les petites expositions sectorielles sont importantes mais une grande exposition générale est beaucoup plus importante pour l’image de la Côte d’Ivoire. De nombreux décideurs ivoiriens connaissent le CICES, le Centre International des Echanges de Dakar sans parler du parc d’exposition de la porte de Versailles à Paris. Ils savent tous que ces parcs d’expo sont des maillons importants pour toute l’industrie et le commerce d’un pays et surtout pour une venue massive de touristes dans le pays. Comment comprendre alors que la Côte d’Ivoire n’arrive pas, depuis 1985, à construire un véritable parc d’exposition ? Pourquoi continuer chaque année à faire des expositions sectorielles en « squatant » des hôtels ou des terrains nus sur lesquels on dresse des bâches ? Le tourisme ivoirien sera avant tout un tourisme commercial et industriel. Et c’est ce qui nous fera venir du monde. Il ne faut pas voir que le Blanc dans le tourisme. Avec notre Président « américain », il est évident qu’une promesse programmée sera réalisée. Sans doute que je n’ai pas entendu encore parler de la construction d’un parc d’exposition comme le CICES à Dakar et que ce gouvernement a déjà tout prévu. Alors attendons. Mais dans l’attente allons à Dakar ou regardons de notre salon, sur la télé sénégalaise, le plus grand rassemblement de la capitale sénégalaise. Mais nous avons aussi la possibilité d’aller à Issia. On ne parle pas beaucoup de cette ville dans les plans du tourisme en Côte d’Ivoire. Issia est une véritable attraction dans le domaine du tourisme intérieur et peut le devenir sur le plan international avec un minimum d’organisation et de promotion. Issia attire autant de monde que la Basilique de Yamoussokro. Issia c’est la grotte mariale, c’est notre Lourdes. Il faut s’y rendre pour comprendre que le miracle est de tous les jours. Le tourisme en Côte d’Ivoire sera aussi religieux. On sait que les Africains sont très portés vers le spirituel et surtout les miracles de Dieu. Or, la Côte d’Ivoire dispose d’une grotte de miracles à Issia. Demandez à toutes ces femmes stériles qui ont été à Issia, à toutes celles qui n’avaient pas de mari et qui ont vu leurs vœux exaucés devant la grotte mariale d’Issia. Je dis bien que c’est notre Lourdes. Quand quelque chose marche dans tous les domaines il est évident que c’est ce qui est à la base du succès. Les candidats aux législatives ne tarderont pas à le comprendre si ce n’est déjà fait. Faire le tourisme autrement, c’est avant tout l’ouverture à tout ce qui peut intéresser et attirer la femme. Ceux qui ont exposé en 1985 et ceux qui se sont rendus à Dakar et à Issia n’auront pas besoin d’images pour le comprendre. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Isaïe Biton Koulibaly
Isaïe Biton Koulibaly
