Législatives et réconciliation nationale / Cnrd : tout est mélangé

Le Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd), coalition de partis politiques proches de l’ex-chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo, est lézardé en ce qui concerne la réconciliation nationale et les élections législatives. Si cette organisation n’a pas désormais deux têtes, elle est à tout le moins divisée au plan numérique et au niveau des approches. D’un côté, se trouve ‘’l’aile dure’’ conduite par Bernard B. Dadié, et influencée par le Front populaire ivoirien (Fpi, ex-parti au pouvoir), amené par Miaka Oureto et Laurent Akoun, respectivement président intérimaire et secrétaire général. Ce Cnrd est totalement en rupture de ban avec le pouvoir en place, et semble déterminé à ne pas fléchir sur ses revendications qui sont, entre autres, la libération des cadres et militants de l’ex-régime détenus, le retour des exilés pro-Gbagbo, et la recomposition de la Commission électorale indépendante (Cei) notamment avec la parité au niveau des Commissaires pour le Cnrd et le Rhdp. Cette coalition politique refuse de participer aux élections législatives tant que ses préoccupations ne sont pas prises en compte. La position de ce Cnrd s’est radicalisée avec le transfèrement de l’ex-président Laurent Gbagbo à La Haye. ‘’Le Cnrd se retire de tout processus de réconciliation nationale’’, avaient déclaré ses membres dans une déclaration musclée à l’encontre du pouvoir. De l’autre côté, existe un Cnrd qui a lâché du lest et qui poursuit ‘’le dialogue républicain’’ avec le pouvoir Ouattara. Ce Cnrd conduit par Gervais Coulibaly, le président du Cap-Udd, et Mel Eg Théodore de l’Udci (encore en exil), bien que ne reniant pas officiellement son soutien à l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, n’entend pas se faire hara kiri. Il vient de décider de participer aux élections législatives et au processus de réconciliation nationale, après une rencontre, le lundi 5 décembre 2011 avec le ministre de l’Intérieur. Le Cnrd version Gervais Coulibaly est revenu sur sa décision de ‘’tout arrêter’’ à la suite du transfèrement le 29 novembre 2011, de Laurent Gbagbo à la Cpi. La première division au Cnrd est intervenue au moment des dépôts de candidature pour les élections législatives. Le groupe de Miaka, par une déclaration, s’est abstenu de prendre part à la compétition quand celui de Gervais Coulibaly annonçait qu’il prendrait part aux législatives. La seconde division s’est produite lundi dernier avec le retour du groupe Gervais Coulibaly dans les processus électoral. Ce retour s’est effectué après que le groupe de Miaka a annoncé des actions de protestation sur le terrain, contre le transfèrement de Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, le constat est net. Tout est mélangé au Cnrd. Cela est d’autant vrai que dans un communiqué signé de son secrétaire général, le lundi 5 décembre 2011, le Cnrd de Bernard Dadié, a désavoué celui de Gervais Coulibaly. ‘’La direction du Cnrd conduite par Bernard Binlin Dadié n’a pas commis le groupe dirigé par Monsieur Gervais Coulibaly-Delinpelna pour mener des négociations avec les autorités nationales sur les élections législatives du 11 décembre 2011’’, précise le communiqué. Il se susurre que Gervais Coulibaly et son groupe pourrait être radiés par le groupe de Bernard Dadié. L’ancien porte-parole de Gbagbo se laissera-t-il faire ? La guerre est ouverte entre les (ex) alliés.

BAMBA Idrissa