Dans le box des accusés, lundi dernier, à la Cour pénale internationale, Laurent Gbagbo a vainement tenté de renverser la situation en sa faveur. En réalité, l’ancien chef de l’Etat est bien parti pour séjourner longtemps en prison.
C’est peine perdue ! Aucune des postures qu’il a présentées, lundi dernier, face à ses juges à La Haye, ne pourront garantir à Laurent Gbagbo, une relaxe au terme du procès marathon qui l’attend. Ni la posture de la victime des machinations ivoiro-françaises, ni celle du brave, ne pourraient le sauver. Et pour cause, dans l’histoire des procès contre ses prévenus, la Cpi n’a jusque-là jamais prononcé de non-lieu. Croire que l’ancien homme fort d’Abidjan pourrait faire exception à la règle relève donc du pari. Pis, les faits pour lesquels le chef de file des frontistes est poursuivi, sont d’une telle gravité qu’il est difficile d’envisager qu’il puisse être relâché au terme du marathon judiciaire. Car, selon l’acte d’accusation qui lui sera présenté lors de la prochaine audience prévue le 18 juin 2012, Laurent Gbagbo est poursuivi pour sa responsabilité en tant que « coauteur indirect, de quatre chefs de crimes contre l’humanité qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences postélectorales survenues en Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011 ». L’ancien président ivoirien qui voulait s’accrocher au pouvoir, devra donc répondre des 3000 morts enregistrés lors des violences post-électorales. Outre les femmes massacrées au rond-point de la mairie et au marché d’Abobo, Laurent Gbagbo doit répondre des actes de barbarie (tuerie par immolation, exécutions sommaires) commis par ses partisans à Yopougon, à Cocody. Mais l’auteur de la célèbre phrase « mille morts à gauche, mille morts à droite, j’avance », doit également répondre de l’enlèvement, de la séquestration et du meurtre d’Yves Lambelin et de ses infortunés amis du Novotel du Plateau. Rien que pour ces crimes, il y a fort à parier que l’ancien détenu de Korhogo finira sa vie dans des geôles. Mais, selon toute vraisemblance, les défenseurs de droits de l’Homme et autres victimes de ses dix ans de règne, ne manqueront pas l’occasion de l’accabler. En effet, les dossiers relatifs à la centaine de morts lors de sa prise de pouvoir, la dizaine de femmes violées à l’école de police en 2001, la centaine de militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), massacrés en 2005, à Abobo, les victimes des escadrons de la mort imputées à son régime ou encore l’enlèvement et la séquestration du journaliste franco-canadien, l’assassinat du journaliste de Radio France internationale, Jean Hélène, le bombardement de la base française de Bouaké, seront sûrement exhumés pour être versés dans les chefs d’inculpations. « Ce serait extraordinaire qu’il puisse s’en sortir avec toutes ces affaires sales qui le suivent depuis des années », fait remarquer un défenseur des droits de l’Homme, habitué des procès de la Cpi. « Son adresse, lundi, devant la chambre préliminaire 3 doit plutôt être comprise comme un dernier baroud d’honneur. N’oubliez pas que c’est un tribun et, en tant que tel, en toutes circonstances, il se croit en meeting. Depuis qu’on l’accuse, l’avez-vous vu faire acte de repentance ou afficher de la compassion pour les victimes et leurs familles », s’interroge encore notre interlocuteur. De source judiciaire bien informée, le prisonnier Gbagbo risque pas moins de cinquante ans de réclusion.
Marc Dossa
C’est peine perdue ! Aucune des postures qu’il a présentées, lundi dernier, face à ses juges à La Haye, ne pourront garantir à Laurent Gbagbo, une relaxe au terme du procès marathon qui l’attend. Ni la posture de la victime des machinations ivoiro-françaises, ni celle du brave, ne pourraient le sauver. Et pour cause, dans l’histoire des procès contre ses prévenus, la Cpi n’a jusque-là jamais prononcé de non-lieu. Croire que l’ancien homme fort d’Abidjan pourrait faire exception à la règle relève donc du pari. Pis, les faits pour lesquels le chef de file des frontistes est poursuivi, sont d’une telle gravité qu’il est difficile d’envisager qu’il puisse être relâché au terme du marathon judiciaire. Car, selon l’acte d’accusation qui lui sera présenté lors de la prochaine audience prévue le 18 juin 2012, Laurent Gbagbo est poursuivi pour sa responsabilité en tant que « coauteur indirect, de quatre chefs de crimes contre l’humanité qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences postélectorales survenues en Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011 ». L’ancien président ivoirien qui voulait s’accrocher au pouvoir, devra donc répondre des 3000 morts enregistrés lors des violences post-électorales. Outre les femmes massacrées au rond-point de la mairie et au marché d’Abobo, Laurent Gbagbo doit répondre des actes de barbarie (tuerie par immolation, exécutions sommaires) commis par ses partisans à Yopougon, à Cocody. Mais l’auteur de la célèbre phrase « mille morts à gauche, mille morts à droite, j’avance », doit également répondre de l’enlèvement, de la séquestration et du meurtre d’Yves Lambelin et de ses infortunés amis du Novotel du Plateau. Rien que pour ces crimes, il y a fort à parier que l’ancien détenu de Korhogo finira sa vie dans des geôles. Mais, selon toute vraisemblance, les défenseurs de droits de l’Homme et autres victimes de ses dix ans de règne, ne manqueront pas l’occasion de l’accabler. En effet, les dossiers relatifs à la centaine de morts lors de sa prise de pouvoir, la dizaine de femmes violées à l’école de police en 2001, la centaine de militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), massacrés en 2005, à Abobo, les victimes des escadrons de la mort imputées à son régime ou encore l’enlèvement et la séquestration du journaliste franco-canadien, l’assassinat du journaliste de Radio France internationale, Jean Hélène, le bombardement de la base française de Bouaké, seront sûrement exhumés pour être versés dans les chefs d’inculpations. « Ce serait extraordinaire qu’il puisse s’en sortir avec toutes ces affaires sales qui le suivent depuis des années », fait remarquer un défenseur des droits de l’Homme, habitué des procès de la Cpi. « Son adresse, lundi, devant la chambre préliminaire 3 doit plutôt être comprise comme un dernier baroud d’honneur. N’oubliez pas que c’est un tribun et, en tant que tel, en toutes circonstances, il se croit en meeting. Depuis qu’on l’accuse, l’avez-vous vu faire acte de repentance ou afficher de la compassion pour les victimes et leurs familles », s’interroge encore notre interlocuteur. De source judiciaire bien informée, le prisonnier Gbagbo risque pas moins de cinquante ans de réclusion.
Marc Dossa