Question : Dr Joseph Martial Ahipeaud, vous êtes le 1er Secrétaire général et fondateur de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Vous avez eu des rapport très conflictuels avec le Président Houphouët-Boigny sous le régime duquel vous avez dirigé cette FESCI. Cela fait aujourd’hui 18 ans qu’il est décédé. Qu’est-ce que vous retenez de lui et vous a-t-il confié un message pour la Côte d’Ivoire ?
"Je crois que je ne suis pas la bonne personne à qui il faut poser cette question. Pour la simple raison que moi je suis son fils. Mon père et le Président Houphouët étaient de grands amis et c’est le Président Houphouët qui s’est occupé de nous quand notre père est décédé en 1977. Donc en tant que fils, j’ai eu des rapports très conflictuels mais très civilisés avec le vieux. On avait une vision un peu contradictoire. Parce qu’il était le Président de la République et moi j’étais le jeune syndicaliste bouillant qui avait une vision de la démocratie et qui pensait que l’avenir de la Côte d’Ivoire passait forcément par la démocratie.
Aujourd’hui, je suis un peu plus âgé. Et je peux tirer des conclusions par rapport à cette époque-là. Je pense que le Président Houphouët avait l’œil et l’expérience de ses 90 ans. Et, nous, nous étions des enfants de 20 ans. Il avait une différence énorme entre nous. C’est pour cela qu’à notre dernière rencontre entre le 5 et 6 mars 1993, nous avions eu 5 heures de discussion. Il nous avait confié qu’il avait compris notre combat. Et qu’il souhaitait que nous travaillions ensemble. Parce qu’il avait vu que nous étions des gens intègres. Parce que, malgré le fait que j’ai été sous sa coupe depuis mon enfance et après le décès de mon père, je n’ai plus remis les pieds à la Présidence quand je suis devenu le Secrétaire général de la FESCI. Je n’ai plus vu "Tonton Berkiri" (Ndlr : le Secrétaire général de la Présidence et du gouvernement de 1960 jusqu’à la mort d’Houphouët le 7 décembre 1993). Donc je suis resté intègre vis-à-vis du pouvoir jusqu’à ce que ce jour-là, il me convoque avec mes camarades de la FESCI et qu’il le dise clairement devant eux. Il a même dit et Berkiri l’a repris en disant qu’il voyait en moi le caractère de mon père. Quelqu’un de principes et très intègre etc. Donc pour me résumer, à la vie de la vie entre le 5 et 6 mars 93, le Président nous a dit : "J’ai foi en vous. J’ai vu que vous vous battez pour la Côte d’Ivoire. Je sais que vous n’êtes pas corrompus parce que vous souhaitez le bien-être de notre pays. Je pars en France, quand je reviens, je souhaite éventuellement vous associer, bien sur si vous le voulez, à un certain nombre de dispositifs. Je vais vous intégrer dans le processus de gestion de l’Université. Et avec l’expérience que vous aurez acquis vous comprendrez ce que je prévoyais pour la Côte d’Ivoire". Maintenant, quand moi, je regarde depuis 18 ans, depuis sa disparition, je peux dire qu’on a vraiment blessé le Vieux. Parce qu’on a été des fous furieux qui n’étaient pas conscients de ce que représentait le Président Houphouët-Boigny comme trésor pour notre pays. Et là, à la limite, j’ai été profondément peiné de me rendre compte que j’avais posé des actes qui ont pu le blessé. Et aujourd’hui, s’il y avait des possibilités de m’excuser, je le ferais. Parce que c’est un Grand Monsieur. J’ai découvert pendant ces 18 ans, avec mes voyages à l’extérieur du pays, mes contacts en France, à Londres, aux USA, dans les pays du Golf et dans bien d’autres pays africains, que la Côte d’Ivoire et l’Afrique de cette époque où il était encore vivant, c’était Houphouët qui les faisait. Pour l’avoir bafoué, pour avoir posé des actes tout à fait difficiles, je suis aujourd’hui au niveau des regrets. C’est un véritable et sincère regret".
Source : lebanco.net
"Je crois que je ne suis pas la bonne personne à qui il faut poser cette question. Pour la simple raison que moi je suis son fils. Mon père et le Président Houphouët étaient de grands amis et c’est le Président Houphouët qui s’est occupé de nous quand notre père est décédé en 1977. Donc en tant que fils, j’ai eu des rapports très conflictuels mais très civilisés avec le vieux. On avait une vision un peu contradictoire. Parce qu’il était le Président de la République et moi j’étais le jeune syndicaliste bouillant qui avait une vision de la démocratie et qui pensait que l’avenir de la Côte d’Ivoire passait forcément par la démocratie.
Aujourd’hui, je suis un peu plus âgé. Et je peux tirer des conclusions par rapport à cette époque-là. Je pense que le Président Houphouët avait l’œil et l’expérience de ses 90 ans. Et, nous, nous étions des enfants de 20 ans. Il avait une différence énorme entre nous. C’est pour cela qu’à notre dernière rencontre entre le 5 et 6 mars 1993, nous avions eu 5 heures de discussion. Il nous avait confié qu’il avait compris notre combat. Et qu’il souhaitait que nous travaillions ensemble. Parce qu’il avait vu que nous étions des gens intègres. Parce que, malgré le fait que j’ai été sous sa coupe depuis mon enfance et après le décès de mon père, je n’ai plus remis les pieds à la Présidence quand je suis devenu le Secrétaire général de la FESCI. Je n’ai plus vu "Tonton Berkiri" (Ndlr : le Secrétaire général de la Présidence et du gouvernement de 1960 jusqu’à la mort d’Houphouët le 7 décembre 1993). Donc je suis resté intègre vis-à-vis du pouvoir jusqu’à ce que ce jour-là, il me convoque avec mes camarades de la FESCI et qu’il le dise clairement devant eux. Il a même dit et Berkiri l’a repris en disant qu’il voyait en moi le caractère de mon père. Quelqu’un de principes et très intègre etc. Donc pour me résumer, à la vie de la vie entre le 5 et 6 mars 93, le Président nous a dit : "J’ai foi en vous. J’ai vu que vous vous battez pour la Côte d’Ivoire. Je sais que vous n’êtes pas corrompus parce que vous souhaitez le bien-être de notre pays. Je pars en France, quand je reviens, je souhaite éventuellement vous associer, bien sur si vous le voulez, à un certain nombre de dispositifs. Je vais vous intégrer dans le processus de gestion de l’Université. Et avec l’expérience que vous aurez acquis vous comprendrez ce que je prévoyais pour la Côte d’Ivoire". Maintenant, quand moi, je regarde depuis 18 ans, depuis sa disparition, je peux dire qu’on a vraiment blessé le Vieux. Parce qu’on a été des fous furieux qui n’étaient pas conscients de ce que représentait le Président Houphouët-Boigny comme trésor pour notre pays. Et là, à la limite, j’ai été profondément peiné de me rendre compte que j’avais posé des actes qui ont pu le blessé. Et aujourd’hui, s’il y avait des possibilités de m’excuser, je le ferais. Parce que c’est un Grand Monsieur. J’ai découvert pendant ces 18 ans, avec mes voyages à l’extérieur du pays, mes contacts en France, à Londres, aux USA, dans les pays du Golf et dans bien d’autres pays africains, que la Côte d’Ivoire et l’Afrique de cette époque où il était encore vivant, c’était Houphouët qui les faisait. Pour l’avoir bafoué, pour avoir posé des actes tout à fait difficiles, je suis aujourd’hui au niveau des regrets. C’est un véritable et sincère regret".
Source : lebanco.net