Capitale de la rébellion ivoirienne durant près d'une décennie, Bouaké (centre) espère grâce aux législatives de dimanche renouer avec une "normalité" qui commence à se concrétiser avec le retour progressif, et parfois contesté, de l'Etat ivoirien.
Tout juste rendu au pouvoir central, le siège des Forces nouvelles (FN) est désert, hormis quelques gardes, symbole de temps qui changent. Cette rébellion contrôla le nord du pays après son putsch raté de 2002, avant de porter le président Alassane Ouattara au pouvoir en avril au terme de deux semaines de guerre.
A quelques pas de là, un électeur, le Dr B. Diané sort du "lycée classique", jadis prestigieux, devenu centre de vote en ce jour de mobilisation modeste.
Il attend du scrutin "la normalisation de la situation" du pays comme de Bouaké, la deuxième ville ivoirienne (estimée à 800.000 habitants), explique-t-il à l'AFP.
Durant la rébellion a régné ici "une atmosphère +sans foi ni loi+" mais "les pouvoirs publics reviennent", se félicite le médecin, selon lequel de nombreux électeurs ne sont pas allés voter faute d'avoir compris l'importance du Parlement.
Aux corridors d'entrée de la ville, jadis tenus par les FN, sont depuis quelques semaines postés policiers, gendarmes et douaniers, marque la plus forte d'un retour de l'Etat. Dans les rues, souvent ravagées, des policiers règlent la circulation.
"La normalité, il la faut rapidement", insiste un jeune sans travail, Edmond Aman, après avoir voté dans son village de Trainou, enclavé dans Bouaké: "l'Etat doit redéployer les fonctionnaires comme avant".
Pour beaucoup cependant, les FN, qui avaient instauré leur propre administration, n'ont pas encore partout plié bagage.
braquages
Emploi et sécurité vont de pair, juge Edmond: ceux à qui on dit de "déposer les armes après 10 ans" dans la rébellion, "ils vont manger quoi?". "Livrés à eux-mêmes", ils vont "aller se mettre sur les routes" pour faire des braquages, souligne-t-il, pointant l'insécurité persistante.
Des habitudes oubliées doivent aussi être réapprises après une décennie hors norme, comme celle de payer ses factures d'électricité et d'eau, malgré de nombreux grincements de dents dans la population. Mais pour Karidia Fofana, vendeuse de pagnes, "il est temps de payer, on doit le comprendre".
A travers les rues, d'innombrables échoppes et même des grands magasins ne sont plus que gravats, amas de tôles ou de planches.
La ministre de la Salubrité urbaine, Anne Ouloto, surnommée "Maman bulldozer" pour sa politique "Pays propre" menée sans état d'âme, est passée par là: des constructions illégales sont rasées, comme à Abidjan.
Bravant les autorités, Aboubacar Berté a déjà réinstallé les étals où il vend téléphones portables et livres scolaires, mais remâche sa colère: "on devait nous caser d'abord avant de casser!"
Ce père de famille en veut surtout au Premier ministre Guillaume Soro: chef des FN, "il a vécu avec nous à Bouaké, il connaît nos problèmes", s'étonne Aboubacar, pas pressé d'aller glisser un bulletin dans l'urne.
Assis sur sa moto rutilante après avoir voté, Kisma Kourech bavarde à l'ombre avec d'autres jeunes du quartier "Air France". Ils sont contents de "leur président", mais le retour des services fiscaux à Bouaké, avec l'obligation de dédouaner et faire immatriculer les véhicules, passe mal.
Entre 80.000 et 100.000 FCFA (de 120 à 150 euros) pour ces formalités, c'est "trop cher", disent-ils en choeur. L'un d'eux "compte sur les futurs députés" pour arracher un rabais.
Tout juste rendu au pouvoir central, le siège des Forces nouvelles (FN) est désert, hormis quelques gardes, symbole de temps qui changent. Cette rébellion contrôla le nord du pays après son putsch raté de 2002, avant de porter le président Alassane Ouattara au pouvoir en avril au terme de deux semaines de guerre.
A quelques pas de là, un électeur, le Dr B. Diané sort du "lycée classique", jadis prestigieux, devenu centre de vote en ce jour de mobilisation modeste.
Il attend du scrutin "la normalisation de la situation" du pays comme de Bouaké, la deuxième ville ivoirienne (estimée à 800.000 habitants), explique-t-il à l'AFP.
Durant la rébellion a régné ici "une atmosphère +sans foi ni loi+" mais "les pouvoirs publics reviennent", se félicite le médecin, selon lequel de nombreux électeurs ne sont pas allés voter faute d'avoir compris l'importance du Parlement.
Aux corridors d'entrée de la ville, jadis tenus par les FN, sont depuis quelques semaines postés policiers, gendarmes et douaniers, marque la plus forte d'un retour de l'Etat. Dans les rues, souvent ravagées, des policiers règlent la circulation.
"La normalité, il la faut rapidement", insiste un jeune sans travail, Edmond Aman, après avoir voté dans son village de Trainou, enclavé dans Bouaké: "l'Etat doit redéployer les fonctionnaires comme avant".
Pour beaucoup cependant, les FN, qui avaient instauré leur propre administration, n'ont pas encore partout plié bagage.
braquages
Emploi et sécurité vont de pair, juge Edmond: ceux à qui on dit de "déposer les armes après 10 ans" dans la rébellion, "ils vont manger quoi?". "Livrés à eux-mêmes", ils vont "aller se mettre sur les routes" pour faire des braquages, souligne-t-il, pointant l'insécurité persistante.
Des habitudes oubliées doivent aussi être réapprises après une décennie hors norme, comme celle de payer ses factures d'électricité et d'eau, malgré de nombreux grincements de dents dans la population. Mais pour Karidia Fofana, vendeuse de pagnes, "il est temps de payer, on doit le comprendre".
A travers les rues, d'innombrables échoppes et même des grands magasins ne sont plus que gravats, amas de tôles ou de planches.
La ministre de la Salubrité urbaine, Anne Ouloto, surnommée "Maman bulldozer" pour sa politique "Pays propre" menée sans état d'âme, est passée par là: des constructions illégales sont rasées, comme à Abidjan.
Bravant les autorités, Aboubacar Berté a déjà réinstallé les étals où il vend téléphones portables et livres scolaires, mais remâche sa colère: "on devait nous caser d'abord avant de casser!"
Ce père de famille en veut surtout au Premier ministre Guillaume Soro: chef des FN, "il a vécu avec nous à Bouaké, il connaît nos problèmes", s'étonne Aboubacar, pas pressé d'aller glisser un bulletin dans l'urne.
Assis sur sa moto rutilante après avoir voté, Kisma Kourech bavarde à l'ombre avec d'autres jeunes du quartier "Air France". Ils sont contents de "leur président", mais le retour des services fiscaux à Bouaké, avec l'obligation de dédouaner et faire immatriculer les véhicules, passe mal.
Entre 80.000 et 100.000 FCFA (de 120 à 150 euros) pour ces formalités, c'est "trop cher", disent-ils en choeur. L'un d'eux "compte sur les futurs députés" pour arracher un rabais.