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Politique Publié le lundi 12 décembre 2011 | Soir Info

La législative et ses fausses notes

La Côte d’Ivoire a-t-elle réussi son test, grandeur nature, d’organiser des élections législatives censées ramener définitivement la paix dans le pays et faciliter la réconciliation nationale ? Au lendemain du premier scrutin de l’ère Ouattara, la réponse à cette question ne coule pas de source. Toutefois, si plusieurs indicateurs ne permettent pas forcément de conclure à un fiasco sur toute la ligne, il faut cependant avoir l’humilité de reconnaître que toutes les conditions, notamment sur le plan de la sécurité n’étaient pas réunies. L’explosion d’une roquette dans une foule de militants qui fait plusieurs morts et des blessés, de nombreux QG de candidats saccagés, un candidat tué par une sorte d’ulcère de burili aux relents mystiques, des militants et partisans bastonnés… au total cinq morts et de nombreux dégâts matériels sont de sérieux faits qui rappellent à notre souvenir, en tant que témoin de l’histoire, la barbarie dont avaient été victimes des représentants du candidat de l'ex-Lmp au nord, lors du deuxième tour de la présidentielle, de l’agression physique de certains militants du Rhdp dans le Sud et dans l’Ouest, mais que l’on avait vite fait de démentir arguant qu’aucune mouche ne les avait touchés. Les élections législatives 2011, il faut le dire, auront certes eu le mérite de doter la Côte d’Ivoire d’un parlement légitime, mais elles auront surtout donné la preuve que les Ivoiriens sont devenus un peuple désormais friand de violence et qui en abuse. D’autant plus que, très souvent, il a recours à cette forme d’expression pour solutionner certains problèmes. Cela a été hélas, le cas récemment. Pour en revenir à la question, si l’on estime que les pertes en vies humaines enregistrées à Grand-Lahou, ainsi que les blessés dans les affrontements à l’arme blanche dans certaines localités, ajoutés à la destruction de matériels de campagne de certains candidats, à l’empêchement de certains électeurs d’aller voter…ne peuvent pas constituer de points obscurs dans l’organisation de ces élections, on peut alors se réjouir que notre pays ait réussi, en la matière, son test. Mais si l’on admet que des élections démocratiques crédibles sont celles qui sont ouvertes, libres et qui se déroulent dans un environnement paisible avec la présence de toutes les forces politiques, on pourrait alors avoir des doutes sur la certification du scrutin du 11 décembre 2011. L’absence du Front populaire ivoirien dans le starting-block n’enlève certes pas à ces élections toute sa crédibilité, mais elle entame tout de même ses caractères démocratique, libre et ouvert. Tout comme, elle sera préjudiciable pour le Fpi, lui-même qui manquera au débat parlementaire pendant les cinq ans à venir. Il aurait donc fallu s’entourer de tous les éléments qui garantissent l’organisation d’une élection inclusive, dans un environnement totalement sécurisé pour espérer relever le défi. Le taux de participation aurait été meilleur et on aurait fait aux Ivoiriens l’économie de ces accrochages et autres actes de violence inutiles lors de ce scrutin. Cela est d’autant vrai qu’un candidat, en l'occurrence Cissé Bacongo, avait dénoncé le fait que son adversaire du Pdci, N’Dohi Raymond faisait campagne avec de nombreuses personnes en armes. Pour lui, il était inconcevable que des hommes en armes soient aussi visibles dans le cadre d’une élection. On peut dire que la remarque était très pertinente, vu que les Ivoiriens sont encore traumatisés par tout ce que la Côte d’Ivoire a vécu ces derniers mois. Mais seulement, nombreux sont les Ivoiriens qui ont marqué leur surprise face à la complainte de ce cadre du Rdr dont le parti n’avait pas vu d’inconvénient au fait que les présidentielles se tiennent avant le désarmement des ex combattants des Fafn. Comment donc, Cissé Bacongo peut-il, aujourd’hui, s’offusquer de voir des hommes en armes en nombre impressionnant dans le cortège de son adversaire ? De même qu’il est difficile de comprendre qu'Anaky Kobenan, président du Mfa, membre du Rhdp, également favorable à la ténue de la présidentielle avant le désarmement, trouve que la présence de nombreux éléments des Frci sur le terrain entrave la bonne conduite de la campagne de son candidat à Doropo. Il faut avoir le courage de dire que si le désarmement avait eu lieu avant les élections présidentielles, les législatives se seraient déroulées sans accroc et les Ivoiriens seraient sortis massivement pour élire leurs représentants à l’Assemblée nationale. Le dire ce n’est guère mettre en cause la crédibilité de ces élections, mais c’est rappeler simplement à la conscience des uns et des autres cette pensée du Père Henri-Dominique Lacordaire (religieux, prédicateur, journaliste et homme politique français) qui mentionne que «l’injustice appelle l’injustice, la violence engendre la violence». Au regard de tout ce qui a précédé le scrutin du dimanche 11 décembre 2011, il ressort clairement que ces élections législatives censées ramener la paix, après environ une décennie de crise politico-militaire pourraient créer d’autres difficultés dans le processus de réconciliation déjà suffisamment complexe. Ceci dit, permettez que nous revenions, pour finir, sur la première comparution de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale le 05 décembre dernier. L’on retient que l’ex-chef de l’Etat a subtilement profité de cette tribune pour, habilement, redonner des raisons d’espérer à ses partisans dont nombre avaient commencé à être gagnés par le découragement et la démobilisation. «Je suis là et nous irons jusqu’au bout». Un bout de phrase qui a suffi pour que certains parmi eux se mettent naïvement à rêver au retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire et pourquoi pas aux commandes du navire ivoire. Il faut éviter de bailler aux corneilles. Le Woody ne semble pas avoir pris un ticket de retour. Tout porte à croire que c’était un aller simple. Mais…sait-on jamais.
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