Les Ivoiriens ont voté hier. Un peu plus de 12 mois après les 2 tours de la présidentielle qui ont consacré au pouvoir le président Alassane Ouattara, la Côte d'Ivoire a renoué avec les élections par les législatives. Un scrutin, qui s'est déroulé dans une ambiance très relaxe et calme, sans incident majeur sur l'ensemble du territoire contrairement au ton des campagnes, qui avait commencé à faire douter quant au bon déroulement de ce rendez-vous électoral. Le fait marquant des élections d'hier, c'est le peu d'engouement des Ivoiriens sortis très peu nombreux pour accomplir ce devoir civique. En 2001, les députés de la 9ème législature ont été élus avec un taux de participation tournant autour de 32% après une présidentielle, qui a enregistré une participation de moins de 60%. Mais, pour la 10ème législature, la très faible affluence des électeurs dans les lieux de vote présage d'un taux de participation largement en deçà des espérances après un engouement inédit aux 2 tours de la présidentielle qui ont battu des records de plus de 80% de participation. Pour la même liste électorale, qui a servi aux législatives, l'on pourrait enregistrer un très grand écart de participation liés à plusieurs facteurs conjugués. D'abord, et c'est le cas de le dire, les législatives tout comme l'ensemble des élections locales ont toujours suscité peu d'engouement chez les électeurs, qui n'y voient pas d'enjeu comme pour le choix du président de la République. Donc, a priori, il ne devait pas avoir à redire quant à la faiblesse du taux de participation à ces élections. Cependant, à y voir de près, il y a beaucoup à redire sur ces législatives en Côte d'Ivoire qui pourraient enregistrer l'un des plus bas taux, sinon le plus bas taux de participation,. Ce scrutin, faut-il le noter, intervient au lendemain d'une crise post-électorale aiguë, qui a vu des milliers de morts (3000 officiellement) et des dizaines de milliers d'autres déplacés dispersés sur l'étendue du territoire ou exilés dans des pays voisins. Combien ne sont-ils encore les réfugiés au Liberia et surtout au Ghana où cohabitent dans des camps des partisans aussi bien de l'ex-majorité présidentielle (LMP) et du Rassemblement des Houphouétistes (RHDP, coalition au pouvoir)? En effet, l'on oublie parfois que les premiers réfugiés au Ghana sont les déplacés du RHDP, qui ont déserté la commune d'Abobo, théâtre des premiers affrontements à l'époque du commando invisible, avant d'être rejoints dans leur exil par les militants de LMP, fuyant à leur tour les atrocités d'Abidjan au lendemain de la chute de Laurent Gbagbo. Aujourd'hui, au Ghana, comme au Liberia ou d'autre pays de la sous-région, ce sont des dizaines de milliers d'Ivoiriens qui ont été exclus des législatives de ce dimanche 11 décembre 2011, tirant ainsi vers le bas le taux de participation. Conséquemment toujours à la crise post-électorale, ils sont aussi nombreux, ces électeurs gagnés par la psychose de la présidentielle, qui n'ont pas voulu sortir de chez eux et voter, par peur de paraître et ou se faire étiqueter comme partisans d'un camp et en subir d'éventuelles représailles. Pour le moins qu'on puisse dire, voter hier, était synonyme de militantisme pour le RHDP dans certaines localités où seul des courageux ont osé sortir.
Ainsi, dans des régions, même des militants RHDP ont préféré éviter le risque en n'allant pas s'afficher dans un bureau de vote. Sans compter des intimidations par endroit, dans certaines circonscriptions où le ton entre des adversaires issus des partis alliés du RHDP, ont dissuadé des électeurs à aller voter. Un autre phénomène et non des moindres, qui a dû peser dans le peu d'engouement enregistré à ce scrutin, c'est bien celui du ''parachutage'' des candidats. A savoir, le choix dans beaucoup de localités de têtes de liste méconnues des électeurs, qui n'ont vu que peu d'intérêt à se mobiliser dans les urnes. Une élection n'est-elle pas avant tout le rapport d'un candidat avec une population électorale? Enfin, l'on pourra épiloguer autant que possible sur la question, mais, il y a le mot d'ordre de boycott du Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo, qui aura pesé dans la faiblesse du taux de participation à ces dernières législatives. En effet, et ce n'est un secret pour personne, les partisans de l'ex-président de la République déchu ont observé une véritable ''abstention active'' à ce scrutin. Que de messages par SMS n'ont circulé pour dissuader les Ivoiriens à aller dans les urnes. Pour les dirigeants actuels de l’opposition, le faible taux de participation qui sortira de ces consultations électorales est déjà une victoire. En lançant leur mot d'ordre de boycott, c'est ce défi que les partisans de Laurent Gbagbo lançaient aux nouvelles autorités après l'échec des négociations devant aboutir à leur participation à ce scrutin. Pari gagné pour Laurent Akoun et ses camarades? On pourrait le dire. Les dirigeants de LMP, représentant officiellement 46% du corps électoral de la présidentielle passée, peuvent tirer profit de ces législatives organisées quelque peu contre leur avis. L'opposition, qui se prononce aujourd'hui, va capitaliser ce manque d'engouement des électeurs comme un cinglant désaveu de ces derniers au nouveau régime. De là à réclamer leur majorité et relancer le débat sur les résultats de la présidentielle de 2010, il n' y a qu'un pas que cette opposition n'a pas hésité à franchir. Objectif atteint donc pour Laurent Akoun et ses camarades qui jubilent déjà. En somme, fallait-il organiser ce scrutin dans les conditions dans lesquelles elles l'ont été hier? En tout cas, il y a débat. Surtout qu'on sortait d'une présidentielle assez difficile comme celle qu'a connue la Côte d'Ivoire l'année dernière. Il aurait été certainement loisible de prendre son mal en patience et se donner tous les moyens d'organiser une élection susceptible de taire toutes les supputations. Mais comme le dit si bien l'adage, le vin est tiré, il faudra le boire peu importe son goût. La réalité est que la Côte d'Ivoire vient d'avoir ses nouveaux députés. Et ce sont eux qui devront penser l'avenir législatif du pays.
Félix D.BONY
Ainsi, dans des régions, même des militants RHDP ont préféré éviter le risque en n'allant pas s'afficher dans un bureau de vote. Sans compter des intimidations par endroit, dans certaines circonscriptions où le ton entre des adversaires issus des partis alliés du RHDP, ont dissuadé des électeurs à aller voter. Un autre phénomène et non des moindres, qui a dû peser dans le peu d'engouement enregistré à ce scrutin, c'est bien celui du ''parachutage'' des candidats. A savoir, le choix dans beaucoup de localités de têtes de liste méconnues des électeurs, qui n'ont vu que peu d'intérêt à se mobiliser dans les urnes. Une élection n'est-elle pas avant tout le rapport d'un candidat avec une population électorale? Enfin, l'on pourra épiloguer autant que possible sur la question, mais, il y a le mot d'ordre de boycott du Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo, qui aura pesé dans la faiblesse du taux de participation à ces dernières législatives. En effet, et ce n'est un secret pour personne, les partisans de l'ex-président de la République déchu ont observé une véritable ''abstention active'' à ce scrutin. Que de messages par SMS n'ont circulé pour dissuader les Ivoiriens à aller dans les urnes. Pour les dirigeants actuels de l’opposition, le faible taux de participation qui sortira de ces consultations électorales est déjà une victoire. En lançant leur mot d'ordre de boycott, c'est ce défi que les partisans de Laurent Gbagbo lançaient aux nouvelles autorités après l'échec des négociations devant aboutir à leur participation à ce scrutin. Pari gagné pour Laurent Akoun et ses camarades? On pourrait le dire. Les dirigeants de LMP, représentant officiellement 46% du corps électoral de la présidentielle passée, peuvent tirer profit de ces législatives organisées quelque peu contre leur avis. L'opposition, qui se prononce aujourd'hui, va capitaliser ce manque d'engouement des électeurs comme un cinglant désaveu de ces derniers au nouveau régime. De là à réclamer leur majorité et relancer le débat sur les résultats de la présidentielle de 2010, il n' y a qu'un pas que cette opposition n'a pas hésité à franchir. Objectif atteint donc pour Laurent Akoun et ses camarades qui jubilent déjà. En somme, fallait-il organiser ce scrutin dans les conditions dans lesquelles elles l'ont été hier? En tout cas, il y a débat. Surtout qu'on sortait d'une présidentielle assez difficile comme celle qu'a connue la Côte d'Ivoire l'année dernière. Il aurait été certainement loisible de prendre son mal en patience et se donner tous les moyens d'organiser une élection susceptible de taire toutes les supputations. Mais comme le dit si bien l'adage, le vin est tiré, il faudra le boire peu importe son goût. La réalité est que la Côte d'Ivoire vient d'avoir ses nouveaux députés. Et ce sont eux qui devront penser l'avenir législatif du pays.
Félix D.BONY