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Politique Publié le lundi 12 décembre 2011 | L’expression

Taux de participation aux élections : Les Ivoiriens ont toujours traîné les pas

Les élections législatives n’ont jamais mobilisé les électeurs depuis le retour du multipartisme. Voici les chiffres qui le prouvent.

Avec l’auto-exclusion du Fpi et ses satellites, les législatives d’hier ressemblaient à un match amical entre partenaires de la famille houphouëtiste. Le principal enjeu de ce scrutin : le taux de participation. Il n’atteindra pas les records de la présidentielle où on a dépassé les 80% aux deux tours. Cela va être présenté par le parti de Laurent Gbagbo comme un « succès » à mettre à son compte, les électeurs ayant « massivement » répondu à son appel de boycott.

En réalité, si le traumatisme de la crise postélectorale est encore vivace, si parfois le choix des candidats a frustré nombre d’électeurs, les enjeux des législatives sont peu motivants aux yeux des populations qui ne perçoivent pas toujours le rôle des députés. La députation et les autres élections locales (municipales et régionales) n’ont jamais véritablement mobilisé les foules en Côte d’Ivoire. Pour le premier scrutin législatif du retour du multipartisme, cela a été un fiasco au niveau de la mobilisation. Sur 4.700. 000 inscrits, 32%

68% d’abstention en 1990

d’électeurs ont pris part au vote, soit 68% d’abstention. Le Pdci a obtenu 163 sièges, le Fpi venant en deuxième position avec neuf députés. Au scrutin de novembre 1996 qui a vu la participation de 29 partis dont le Rdr et le Fpi, qui avaient boycotté la présidentielle de 1995, le taux de participation a plafonné à 45%. Le Pdci avait raflé la mise avec 146 députés contre 14 pour le parti d’Alassane et 14 pour celui de Laurent Gbagbo. Le taux de participation chute au scrutin du 10 décembre 2000.

Les élections n’ont pas eu lieu dans 29 circonscriptions du Nord représentant 32 députés suite au retrait du Rdr qui manifestait contre l’exclusion de son champion, Alassane Ouattara. Seulement 33% des électeurs se sont rendus aux urnes au cours du premier scrutin organisé sous les soleils de la refondation. Le même scénario se répète en mars 2001 où tous les grands ténors du marigot politique ivoirien participent aux élections municipales. Selon les chiffres de la Commission nationale électorale (Cne), 41% de l’électorat ont participé au vote remporté par le Rdr avec 61 communes, contre 56 pour le Parti démocratique de Côte d`Ivoire (Pdci), 35 pour les candidats indépendants et 33 pour le Front populaire ivoirien (Fpi).

En juillet de l’année suivante, les électeurs ne se sont pas bousculés pour les premières élections des conseils généraux de départements et de districts. Sur 5 413 212 inscrits, il y a donc eu 1 516 307 votants, soit une participation de 28,01 %. Le Rdr a obtenu 24,8 % des suffrages et 10 départements, le Fpi, 20,6 % et 18 départements, et le Pdci, 19,7 % et 18 départements. L’Udpci, sous sa seule étiquette, obtenait 4 % des voix et 3 départements, tandis que diverses listes indépendantes obtenaient 3 % des voix et 5 départements. Les présidentielles non plus n’ont pas toujours drainé du monde.

En 1995, le ministère de l’Intérieur annonçait un taux d’abstention de 43,97%. Mais ce chiffre n’a pas pris en compte les circonscriptions où le vote n’a pu se dérouler à cause du boycott « actif » lancé par le « Front républicain » constitué par le Fpi et le Rdr. A la présidentielle de 2000 où Laurent Gbagbo et Guei Robert étaient les ténors devant plusieurs petits poucets, le taux d’abstention s’est élevé à 63%. Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié avaient été exclus de cette élection.

Nomel Essis
Légende : Il est fréquent de voir des centres de vote clairsemés lors des législatives en Côte d’Ivoire.
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