A l’instar des autres secteurs de la culture ivoirienne, le conte opère un retour en force avec la caravane de conte Abidjan-Dakar, tenu du 8 au 10 décembre au Goethe institut d’Abidjan…
« Comment parvenir à un pont entre l’oralité et l’écrit ? » et « Conte et cohésion sociale ». C’est par ces thèmes que les conteurs ivoiriens et leurs homologues venus du Sénégal et de l’Allemagne ont, pendant trois jours, contribué à faire revivre le conte en Côte d’Ivoire. Après une phase pédagogique, où 35 enseignants ont été formés aux techniques de l’oralité autour du thème « Conte et histoire dans l’enseignement », les ‘‘ maîtres’’ de l’oralité africaine ont démontré, à travers leurs différentes prestations, que le conte pouvait encore faire rêver.
Massamba Guèye, Julia Klein, Taxi conteur…
Le Sénégalais, Massamba Guèye, a été le conteur le plus actif de la caravane de conte Abidjan-Dakar lancée jeudi 8 décembre. A la faveur de ces différentes prestations au Goethe Institut d’Abidjan, le conteur a émerveillé l’assistance avec des histoires denses et animées. Réconciliation nationale en Côte d’Ivoire et en Casamance, élections, corruption… Massamba Guèye a fait le tour des maux qui minent le continent africain. Il a ensuite demandé aux Ivoiriens d’emprunter dans l’union le chemin de la réconciliation. « J’avais décidé de ne plus revenir en Côte d’Ivoire. L’année dernière, j’étais présent ici parce qu’on venait parler d’oralité. Les gens étaient tristes et renfermés. Je suis revenu cette année et je rencontre des gens plus ouverts. Il est bon de faire des concerts pour la réconciliation, mais ouvrons des espaces où les gens se parlent. Je demande aux Ivoiriens de se regarder dans les yeux et de ne pas oublier que l’essentiel est de regarder ensemble dans la même direction », a-t-il soutenu avant de menacer les va-t-en guerre par son célèbre cri de guerre : ‘‘Le conte règle des comptes à ceux qui pensent qu’ils ne doivent rendre des comptes qu’à leur compte bancaire’’. Intervenant sur la problématique d’établir un pont entre l’oralité et l’écrit, le conteur ivoirien, Taxi-conteur, a présenté sa propre expérience. Pour l’auteur, l’écrit isole pendant que l’oralité permet de s’ouvrir au monde. « Le conteur qui part de l’oralité est sûr de lui. Il est disposé à partager. L’oralité permet de s’ouvrir au monde et de connaître l’autre. Même une société marquée par l’écrit comme la France compte aujourd’hui près de 150 festivals de contes», a-t-il indiqué. Taxi-conteur dit militer pour la promotion, la diffusion et la restitution des contes recueillis par son équipe dans le cadre du projet H2O, qui a parcouru toutes la sous -région pour recenser des contes.
… pour un passage de témoin.
Une préoccupation partagée par le numéro un du Bureau des arts et de la formation (Bac), Zié Coulibaly. Ce professeur à l’Institut national des arts pense qu’il faut mettre l’accent sur la formation des artistes pour la renaissance du conte ivoirien et préparer par la même occasion le passage de flambeau. « Le thème de cette rencontre, l’établissement d’un pont entre l’oralité et l’écrit, cadre avec la volonté de formation du bureau des arts et de la formation. On ne devient pas conteur par hasard. Il faut privilégier la formation afin d’assurer la renaissance de notre art. On parle de plus en plus de renaissance de la Côte d’Ivoire. Cela se fera à travers le conte », a-t-il affirmé. La caravane a pris fin ce samedi par une soirée spectacle des conteurs Alexis Djisso, Thérèse Yao, Julia Klein, Glai Brigitte, Massamba Gueye et Taxi –compteur au Goethe institut d’Abidjan.
Fofana Ali (Stagiaire)
Légende : Pendant trois jours, le Goethe institut d’Abidjan a accueilli les conteurs sénégalais, allemands et ivoiriens.
Massamba Guèye aux Ivoiriens
« Quand la haine est racontée, elle devient amour »
Quel bilan peut-on faire de cette caravane du conte Dakar-Abidjan après trois jours de travaux et de spectacles ?
C’est un bilan positif. Nous avons assisté au brassage de toutes les générations et de tous les peuples au Goethe Institut d’Abidjan. Un brassage culturel où toutes les langues africaines ont été mises à contribution dans les différents spectacles. Je pense que c’est ce que méritent la Côte d’Ivoire et l’Afrique. Que notre culture soit portée au niveau le plus élevé.
Vous êtes particulièrement heureux, car finalement votre message pour une reconnaissance du mérite du conteur ivoirien Taxi-conteur a été entendu par le public ?
Taxi-Conteur est une référence pour tous les conteurs africains. Deux choses sont essentielles avec lui. Premièrement, aujourd’hui avec les spectacles de Taxi-Conteur dans le monde, on se rend compte que l’Afrique n’a pas besoin de tendre la main. Et deuxièmement, il parle de son pays, la Côte d’Ivoire, dans tous ses spectacles. Pour ces deux choses, tout jeune africain doit s’inspirer de Taxi-Conteur. Pour nous autres conteurs, Taxi-Conteur représente la Côte d’Ivoire dans ce qu’elle a de positif.
Comment expliquez-vous que l’Afrique, berceau de l’oralité, ait du mal à imposer son conte ?
Les gens ont décidé de ne plus être des africains. Nous sommes un peuple de l’oralité où 60 à 70% ne savent pas écrire. Les intellectuels qui dirigent l’Afrique ont décidé d’imposer leur point de vue minoritaire.
On a découvert avec Massamba Guèye des contes très critiques sur les hommes politiques africains. Que reprochez-vous aux leaders africains ?
Je suis aussi un intellectuel africain avec un doctorat. Mais ce que je n’accepte pas, c’est que ces Africains veuillent écraser la vraie Afrique. Je n’ai aucun problème avec les politiciens africains. J’ai plutôt un problème avec la mal gouvernance.
Quelle pourrait être la contribution du conte pour la réconciliation des Ivoiriens ?
Il faut regrouper les Ivoiriens pour qu’ils puissent se parler. Le conte est un instant d’échange. Faire des contes dans les quartiers, c’est permettre aux gens de raconter leur mal. Quand la haine est racontée, elle devient amour. Et la cohésion sociale viendra du respect mutuel.
F.A (Stagiaire)
Légende : Le conteur sénégalais, Massamba Guèye, propose le conte aux Ivoiriens pour réussir la réconciliation.
« Comment parvenir à un pont entre l’oralité et l’écrit ? » et « Conte et cohésion sociale ». C’est par ces thèmes que les conteurs ivoiriens et leurs homologues venus du Sénégal et de l’Allemagne ont, pendant trois jours, contribué à faire revivre le conte en Côte d’Ivoire. Après une phase pédagogique, où 35 enseignants ont été formés aux techniques de l’oralité autour du thème « Conte et histoire dans l’enseignement », les ‘‘ maîtres’’ de l’oralité africaine ont démontré, à travers leurs différentes prestations, que le conte pouvait encore faire rêver.
Massamba Guèye, Julia Klein, Taxi conteur…
Le Sénégalais, Massamba Guèye, a été le conteur le plus actif de la caravane de conte Abidjan-Dakar lancée jeudi 8 décembre. A la faveur de ces différentes prestations au Goethe Institut d’Abidjan, le conteur a émerveillé l’assistance avec des histoires denses et animées. Réconciliation nationale en Côte d’Ivoire et en Casamance, élections, corruption… Massamba Guèye a fait le tour des maux qui minent le continent africain. Il a ensuite demandé aux Ivoiriens d’emprunter dans l’union le chemin de la réconciliation. « J’avais décidé de ne plus revenir en Côte d’Ivoire. L’année dernière, j’étais présent ici parce qu’on venait parler d’oralité. Les gens étaient tristes et renfermés. Je suis revenu cette année et je rencontre des gens plus ouverts. Il est bon de faire des concerts pour la réconciliation, mais ouvrons des espaces où les gens se parlent. Je demande aux Ivoiriens de se regarder dans les yeux et de ne pas oublier que l’essentiel est de regarder ensemble dans la même direction », a-t-il soutenu avant de menacer les va-t-en guerre par son célèbre cri de guerre : ‘‘Le conte règle des comptes à ceux qui pensent qu’ils ne doivent rendre des comptes qu’à leur compte bancaire’’. Intervenant sur la problématique d’établir un pont entre l’oralité et l’écrit, le conteur ivoirien, Taxi-conteur, a présenté sa propre expérience. Pour l’auteur, l’écrit isole pendant que l’oralité permet de s’ouvrir au monde. « Le conteur qui part de l’oralité est sûr de lui. Il est disposé à partager. L’oralité permet de s’ouvrir au monde et de connaître l’autre. Même une société marquée par l’écrit comme la France compte aujourd’hui près de 150 festivals de contes», a-t-il indiqué. Taxi-conteur dit militer pour la promotion, la diffusion et la restitution des contes recueillis par son équipe dans le cadre du projet H2O, qui a parcouru toutes la sous -région pour recenser des contes.
… pour un passage de témoin.
Une préoccupation partagée par le numéro un du Bureau des arts et de la formation (Bac), Zié Coulibaly. Ce professeur à l’Institut national des arts pense qu’il faut mettre l’accent sur la formation des artistes pour la renaissance du conte ivoirien et préparer par la même occasion le passage de flambeau. « Le thème de cette rencontre, l’établissement d’un pont entre l’oralité et l’écrit, cadre avec la volonté de formation du bureau des arts et de la formation. On ne devient pas conteur par hasard. Il faut privilégier la formation afin d’assurer la renaissance de notre art. On parle de plus en plus de renaissance de la Côte d’Ivoire. Cela se fera à travers le conte », a-t-il affirmé. La caravane a pris fin ce samedi par une soirée spectacle des conteurs Alexis Djisso, Thérèse Yao, Julia Klein, Glai Brigitte, Massamba Gueye et Taxi –compteur au Goethe institut d’Abidjan.
Fofana Ali (Stagiaire)
Légende : Pendant trois jours, le Goethe institut d’Abidjan a accueilli les conteurs sénégalais, allemands et ivoiriens.
Massamba Guèye aux Ivoiriens
« Quand la haine est racontée, elle devient amour »
Quel bilan peut-on faire de cette caravane du conte Dakar-Abidjan après trois jours de travaux et de spectacles ?
C’est un bilan positif. Nous avons assisté au brassage de toutes les générations et de tous les peuples au Goethe Institut d’Abidjan. Un brassage culturel où toutes les langues africaines ont été mises à contribution dans les différents spectacles. Je pense que c’est ce que méritent la Côte d’Ivoire et l’Afrique. Que notre culture soit portée au niveau le plus élevé.
Vous êtes particulièrement heureux, car finalement votre message pour une reconnaissance du mérite du conteur ivoirien Taxi-conteur a été entendu par le public ?
Taxi-Conteur est une référence pour tous les conteurs africains. Deux choses sont essentielles avec lui. Premièrement, aujourd’hui avec les spectacles de Taxi-Conteur dans le monde, on se rend compte que l’Afrique n’a pas besoin de tendre la main. Et deuxièmement, il parle de son pays, la Côte d’Ivoire, dans tous ses spectacles. Pour ces deux choses, tout jeune africain doit s’inspirer de Taxi-Conteur. Pour nous autres conteurs, Taxi-Conteur représente la Côte d’Ivoire dans ce qu’elle a de positif.
Comment expliquez-vous que l’Afrique, berceau de l’oralité, ait du mal à imposer son conte ?
Les gens ont décidé de ne plus être des africains. Nous sommes un peuple de l’oralité où 60 à 70% ne savent pas écrire. Les intellectuels qui dirigent l’Afrique ont décidé d’imposer leur point de vue minoritaire.
On a découvert avec Massamba Guèye des contes très critiques sur les hommes politiques africains. Que reprochez-vous aux leaders africains ?
Je suis aussi un intellectuel africain avec un doctorat. Mais ce que je n’accepte pas, c’est que ces Africains veuillent écraser la vraie Afrique. Je n’ai aucun problème avec les politiciens africains. J’ai plutôt un problème avec la mal gouvernance.
Quelle pourrait être la contribution du conte pour la réconciliation des Ivoiriens ?
Il faut regrouper les Ivoiriens pour qu’ils puissent se parler. Le conte est un instant d’échange. Faire des contes dans les quartiers, c’est permettre aux gens de raconter leur mal. Quand la haine est racontée, elle devient amour. Et la cohésion sociale viendra du respect mutuel.
F.A (Stagiaire)
Légende : Le conteur sénégalais, Massamba Guèye, propose le conte aux Ivoiriens pour réussir la réconciliation.
