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Politique Publié le mercredi 14 décembre 2011 | L’expression

A propos du choix des candidats au Rdr/ Alain Lobognon : « Il y a eu de la manipulation… »

© L’expression Par Nathan Kone
Activités gouvernementales: le Secrétaire national à la Gouvernance, Méité Sindou chez le Ministre de la jeunesse et du service civique, Alain Lobognon
Lundi 28 novembre 2011. Abidjan. Cabinet du ministre de la Jeunesse et du service civique. Le Ministre Alain Lobognon reçoit M. Méité Sindou, le Secrétaire national à la Gouvernance et au renforcement des capacités
Le ministre de la Promotion de la jeunesse et du Service civique, Alain Lobognon, candidat indépendant à Fresco, a remporté les législatives face aux candidats du Rdr, du Pdci et un indépendant. Dans cette interview-vérité, le directeur de communication des ex-Forces nouvelles parle de l’avenir des FN et dénonce les “mauvais choix“ des responsables du Rdr.

Parmi les 14 ministres-candidats, vous étiez le seul indépendant. Qu’est-ce que cette victoire représente pour vous?

Elle représente une rupture dans l’histoire de Fresco, car c’est la première fois, dans cette localité, que les populations choisissent un candidat indépendant au détriment des candidats des partis politiques. C’est une rupture pour moi en ce sens que j’ai été connu comme un chef rebelle durant neuf ans et aujourd’hui, cette victoire dans le Sud profond de la Côte d’Ivoire permet de croire que les choses ont changé, les lignes ont bougé et que la Côte d’Ivoire est en train de changer effectivement.


Certains de vos camarades des ex-FN ont été élus députés comme vous dans d’autres localités. N’est-ce pas là le début d’une nouvelle ère politique pour l’ex-rébellion?

Bien sûr. Dans certains pays, il y a eu des rébellions et elles n’ont pas toujours eu la transformation nécessaire, la mutation politique qu’il aurait fallu avoir. Ces partis de groupes rebelles vus ailleurs sont vite passés dans l’oubli soit de façon négative soit en devenant de simples quidams. Ici, nous avions estimé, au sortir de notre conclave des 9 et 10 septembre 2011 à Bouaké, qu’il fallait poursuivre le combat là où les débats se mènent pour la démocratie. Aujourd’hui, nous sommes présents à l’Assemblée nationale. Nous aurons l’occasion de choisir officiellement le groupe parlementaire qu’il faut. Je ne trahirai pas de secret pour dire qu’au départ, je devais être candidat du Rdr ; ce qui veut dire que je serai membre de la coalition qui va soutenir le président de la République, Alassane Ouattara, au Parlement.


Votre ancienne famille politique, le Rdr ne vous a pas fait confiance pour la représenter à Fresco. Comment ressentez-vous ce rejet ?

Je ne dirai pas que le Rdr ne m’a pas soutenu, bien au contraire; il m’a soutenu à Fresco. On a vu des responsables et des militants de base se mobiliser autour de ma candidature. Je dirai que dans cette histoire, il y a eu un peu de manipulation qui a fait qu’au moment de prendre la bonne décision, le parti, à travers les responsables qui géraient les choix des candidats, n’ont pas suivi nos propositions. Celles-ci étaient pourtant simples: permettre au parti d’élargir la base à Fresco à travers ma candidature et la suppléance qui venait avec moi pour cette élection législative. Malheureusement, ma proposition n’a pas été retenue. Mais cela ne m’a pas empêché d’être élu avec le soutien de la base. Celle-ci continuera d’exister, car le Rdr a vu le jour en 1994 ici à Fresco. Les précurseurs sont là, les militants également. Ils attendaient certainement un leadership gagnant pour permettre au parti d’être véritablement présent dans cette région du Gôblê, située dans le département de Fresco.


Etes-vous déçu de la direction du Rdr ?

Non, pas du tout! Les responsables du Rdr sont connus. C’est un président qui a été élu à l’issue d’une élection et un secrétaire général nommé par le président. C’est un organe intérimaire qui a été chargé de conduire les élections législatives. Je pense que les réformes vont se faire. Je ne suis nullement déçu de quelqu’un. Bien au contraire, je suis heureux de savoir que la direction s’est trompée sur son choix.
 

 
Votre choix politique d’abord au Rdr et ensuite dans les Forces nouvelles avait amené certains de vos parents à vous combattre à Fresco. Est-ce que les choses ont changé aujourd’hui?

Ce qu’il y a d’exceptionnelle dans cette élection, c’est que pendant 5 ans, je vais conduire le leadership du développement dans ce département. Ceux qui m’ont combattu ont leur place dans le train que nous allons mettre en marche. Ils m’ont combattu, c’est normal car ils avaient des opinions politiques qui n’étaient pas miennes. J’ai respecté leurs choix, ils ont aussi respecté le mien. Au moment des élections, j’ai vu certains venir me soutenir pendant que d’autres lançaient des mots d’ordre de boycott, mais j’ai aussi vu des militants de base décider de ce qui devait être leur avenir. Aujourd’hui, la confiance qui a été placée en moi me permet de ne plus regarder à gauche ou à droite pour chercher d’abord l’avis de ceux qui m’ont soutenu ou le consensus avec ceux qui m’ont combattu. Il s’agira pour moi de permettre à la région de sortir du sous-développement. Pendant cette élection, nous avons pu constater les problèmes de santé, d’éducation et de routes auxquels sont confrontées nos populations. Nous pensons pouvoir apporter des solutions à ces problèmes. Et dans 5 ans, on fera le bilan.
 

Si vous devriez choisir entre le poste de ministre et celui de député, quel serait votre choix?

La décision appartient au chef de l’Etat. C’est lui seul qui m’a reçu le 1er juin 2011 pour me dire que sur proposition du Premier ministre, il m’avait choisi pour conduire les destinées du ministère de la Promotion de la Jeunesse et du Service civique. Ce jour-là, il m’a fait savoir qu’il attendait beaucoup de moi et je pense que la confiance n’est pas encore rompue. Dans tous les cas, la décision appartiendra au chef de l’Etat et il n’avait jamais été dit qu’à l’issue des résultats, que vous soyez vainqueur ou battu, vous seriez chassés du gouvernement.


Réalisée à Fresco Ben Ayoub
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