Les élections législatives ont eu lieu le 11 décembre 2011. Cela fait donc exactement cinq jours que le vote s’est déroulé. Mais jusqu’à hier, la Cei n’avait toujours pas donné les résultats globaux du scrutin. C’est une grande honte pour les tenants actuels du pouvoir et la preuve que la Côte d’Ivoire est tombée très bas. En effet, c’est en 1980 qu’ont eu lieu les premières élections libres pour la désignation des députés à l’Assemblée nationale. C’était au temps du parti unique et le scrutin se déroulait au sein du Pdci-Rda. Avant cette époque, les députés étaient nommés par Félix Houphouët-Boigny. Mais déjà à cette époque, et alors même que les moyens de communication n’étaient pas aussi développées, les résultats étaient disponibles dans les 24h. Les premiers résultats tombaient le même jour de l’élection aux environs de 23 heures et cela se faisait en direct à la télévision nationale. Nous sommes aujourd’hui en 2011. C’est-à-dire 31 ans plus tard. Les moyens de communication se sont grandement améliorés. Aujourd’hui, on peut, par exemple, expédier de l’argent à ses parents résidant à l’intérieur du pays via son téléphone portable. Et c’est paradoxalement dans un tel contexte où la Cei dispose de tous les moyens technologiques pour travailler efficacement et en temps réel, qu’elle se montre incapable de donner les résultats des législatives 72 h après. Pour expliquer ce retard dans l’annonce des résultats des législatives, la Cei argue que cela est lié au fait que le transport des procès verbaux (Pv) se fait de façon physique. Mais pourquoi alors que la Cei dispose des moyens techniques et électroniques pour acheminer en un temps record les résultats du vote, elle préfère l’option physique ? La réponse à cette question est à rechercher dans les accusations selon lesquelles la Cei voudrait manipuler les chiffres des législatives. Cette manipulation pourrait, dit-on, se situer à deux niveaux : au plan du taux de participation et celui de la représentativité par groupe ethnique au sein du futur Parlement. S’agissant du taux de participation, le constat général est que le mot d’ordre de boycott lancé par le Fpi a été largement suivi par les Ivoiriens. Tout le monde a constaté la très faible affluence enrégistrée, dimanche dernier. De sorte que, de l’avis de tous, le taux de participation ne peut pas accéder les 20%. Le Fpi situe même ce taux à 14,33%. Tout porte à croire que la Cei retarde l’annonce des résultats pour, sans doute, manipuler le taux de participation afin de l’élever au moins au niveau du taux de 2000 qui était de 33,1%. En ce qui concerne la représentativité en termes de groupe ethnique dans l’hémicycle, il est évident que la future Assemblée nationale sera à coloration nordiste. En effet, la quasitotalité des candidats du Rdr sont du nord. Et ils sont candidats de façon exclusive dans toutes leurs régions du nord où le découpage électoral biaisé a assuré au Rdr, 74 députés, avant la compétition électorale. Mais ils sont également candidats dans les autres régions du pays. Et les résultats partiels donnent déjà au Rdr plus de 125 députés. Le retard voulu par la Cei pourrait donc être également compris comme l’occasion que le pouvoir se donne pour négocier avec certains élus du Rdr à l’effet de diluer un peu le caractère régionaliste que pourrait refléter le futur Parlement.
Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
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