Au cours de cette édition du ‘’Café littéraire’, parrainée par M. Laurent-Dona Fologo, qui a eu pour cadre la Bibliothèque nationale, le mercredi 14 décembre 2011, René Babi a fait un exposé sur son œuvre intitulée «Amédée Pierre, Le Dopé National, Grand maître de la parole», en hommage au rossignol qui a rangé définitivement le micro depuis le 30 novembre 2011. L’ancien président du CES (Conseil Economique et Social), Laurent Dona-Fologo a émis le vœu que les artistes patriotes en fuite dans les pays limitrophes reviennent pour continuer à valoriser la culture ivoirienne. Il a aussi fustigé le fait que les Ivoiriens ne lisent plus compte tenu des nouveaux moyens de communication. Le parrain a donc invité les Ivoiriens à lire davantage. «Plus vous lisez, vous retenez plus et vous vous cultivez», a-t-il fait savoir. Laurent Dona-Fologo a aussi salué le riche patrimoine culturel du pays Bété à travers l’œuvre musicale du ‘’Dopé National’’. Pour lui, il y a du savoir-faire en pays Bété. «Les Bété ont de grands artistes, de grands footballeurs et de grands professeurs», a-t-il souligné. «J’ai parrainé deux festivals de danses à Gagnoa. La culture Bété est riche en couleurs», précise-t-il. Avant d’ajouter : «De la façon dont on parle de Youssour N’Dour au Sénégal, Papa Wemba en RD Congo, je voudrais qu’on parle ainsi de la Côte d’Ivoire à travers ses artistes. C’est en Côte d’Ivoire que Manu Dibango, Boncana Maïga, Tshala Muana et bien d’autres se sont forgés. Il a remercié René Babi et l’a encouragé dans cette lancée». Selon l’auteur, ce titre évocateur illustre bien « la maîtrise de la langue Bété» par l’artiste. « J’ai exploré l’univers culturel d’Amédée Pierre. Il a quinze noms qu’il utilise selon les circonstances. Tous ont des significations bien déterminées», a-t-il dit. Avant d’énumérer quelques-uns, dont «Gbegou Dali Zouzou» qui signifie «le coq qui envoie la musique», «Djézi Kanon» qui caractérise la «bravoure», etc. Pour l’auteur, Amédée Pierre avait « le verbe poétique ». Et cette dimension poétique, basée sur la langue du terroir qui domine toute l’œuvre musicale du chanteur, a décomplexé les Ivoiriens dans l’utilisation de leurs langues maternelles, a-t-il lu sous la plume de Laurent Gbagbo. René Babi a relevé le fait que les Ivoiriens ne valorisent pas suffisamment leur culture. «Ne négligeons pas ce que nous sommes. Dieu ne se trompe pas en faisant ce que nous sommes. Si Dieu nous a fait Dida, Bété, Baoulé…, faisons l’effort de valoriser ce que nous sommes. Soyons fiers de notre culture. Décomplexons-nous comme Amédée Pierre nous a décomplexés dans la chanson», a-t-il exhorté les Ivoiriens. Le Pr Sery Bailly, a, quant à lui, fait savoir qu’il fait partie des témoins privilégiés de l’œuvre d’Amédée Pierre. C’est pourquoi, il a remercié René Babi de valoriser l’œuvre culturelle de l’artiste disparu.
E.K
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