Le triomphe du camp du président ivoirien Alassane Ouattara aux législatives du 11 décembre risque de créer des crispations chez ses alliés et chez les partisans de l`ancien chef d`Etat Laurent Gbagbo, auxquels il doit tendre la main, estiment des experts.
Arrivé au pouvoir par les armes, après une crise postélectorale ayant fait quelque 3.000 morts de décembre 2010 à avril 2011, M. Ouattara se retrouve avec une Assemblée à sa main: ses députés ont à eux seuls la majorité, et avec le renfort de leurs alliés la domination est écrasante.
Le Rassemblement des républicains (RDR), le parti présidentiel, "doit avoir la victoire modeste", explique à l`AFP Gilles Yabi, du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).
"Le risque, c`est que le RDR soit perçu de plus en plus comme le représentant d`une sorte de revanche du nord contre le sud", met-il en garde.
Il garde l`image du parti des "nordistes" ou "dioula", terme générique recouvrant les ethnies de cette région majoritairement musulmane.
Les "dioula" ont été longtemps stigmatisés, vus comme des étrangers ou traités en citoyens de seconde zone au nom de l`"ivoirité", thème qui a empoisonné pendant deux décennies le débat politique dans ce pays de forte immigration.
Déjà, le camp du président déchu Laurent Gbagbo - dont les partisans se recrutent particulièrement dans les ethnies de l`ouest et du sud - monte au créneau contre un Parlement "tribaliste", après avoir boycotté le scrutin.
"Regardez les noms des députés RDR, il n`y a presque que des +dioula+", affirme un responsable pro-Gbagbo sous couvert d`anonymat.
Mais du côté du pouvoir on fait valoir que le RDR n`est plus cantonné dans le nord, qu`il est enraciné presque partout, à commencer par Abidjan.
"lame de fond"
La victoire du RDR correspond à "une lame de fond historique et sociologique", estime un diplomate africain en poste à Abidjan. "Les nordistes se sont disséminés dans le pays, l`ont métissé, malgré les efforts faits par (l`ex-président Henri Konan) Bédié et Gbagbo pour casser cette tendance".
Dans un contexte toujours fragile, "Ouattara doit démontrer qu`il est le président de tous les Ivoiriens", avance Christian Bouquet, professeur de géographie à l`université de Bordeaux (France) et auteur d`une "Géopolitique de la Côte d`Ivoire".
Ex-parti unique relégué au rôle de second, le Parti démocratique de Côte d`Ivoire (PDCI) de M. Bédié, bastion du groupe ethnique akan (centre, sud), est devenu après des années de déchirements l`allié principal de M. Ouattara entre les deux tours de la présidentielle de novembre 2010.
Le PDCI "va peut-être se crisper, surtout si le RDR profite des résultats des législatives pour s`arroger tous les postes-clés", alerte M. Bouquet. "Ouattara sait que se séparer du PDCI serait mortel pour lui et qu`il doit rassurer les Ivoiriens", assure le diplomate.
Le maintien du chef de l`ex-rébellion Guillaume Soro au poste de Premier ministre, pourrait cependant renforcer les frustrations dans les rangs du PDCI, à qui ce poste a été promis fin 2010.
Mais c`est surtout en direction du camp Gbagbo que des gestes devraient être faits: la réconciliation est plus que jamais au point mort après le transfèrement de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l`humanité et le boycott des législatives.
Le régime, juge Gilles Yabi, doit s`inscrire dans "une logique d`ouverture" et rechercher un "large consensus" avec les organisations de la société civile et les partis non représentés à l`Assemblée.
"La main a toujours été tendue", réplique le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné
Arrivé au pouvoir par les armes, après une crise postélectorale ayant fait quelque 3.000 morts de décembre 2010 à avril 2011, M. Ouattara se retrouve avec une Assemblée à sa main: ses députés ont à eux seuls la majorité, et avec le renfort de leurs alliés la domination est écrasante.
Le Rassemblement des républicains (RDR), le parti présidentiel, "doit avoir la victoire modeste", explique à l`AFP Gilles Yabi, du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).
"Le risque, c`est que le RDR soit perçu de plus en plus comme le représentant d`une sorte de revanche du nord contre le sud", met-il en garde.
Il garde l`image du parti des "nordistes" ou "dioula", terme générique recouvrant les ethnies de cette région majoritairement musulmane.
Les "dioula" ont été longtemps stigmatisés, vus comme des étrangers ou traités en citoyens de seconde zone au nom de l`"ivoirité", thème qui a empoisonné pendant deux décennies le débat politique dans ce pays de forte immigration.
Déjà, le camp du président déchu Laurent Gbagbo - dont les partisans se recrutent particulièrement dans les ethnies de l`ouest et du sud - monte au créneau contre un Parlement "tribaliste", après avoir boycotté le scrutin.
"Regardez les noms des députés RDR, il n`y a presque que des +dioula+", affirme un responsable pro-Gbagbo sous couvert d`anonymat.
Mais du côté du pouvoir on fait valoir que le RDR n`est plus cantonné dans le nord, qu`il est enraciné presque partout, à commencer par Abidjan.
"lame de fond"
La victoire du RDR correspond à "une lame de fond historique et sociologique", estime un diplomate africain en poste à Abidjan. "Les nordistes se sont disséminés dans le pays, l`ont métissé, malgré les efforts faits par (l`ex-président Henri Konan) Bédié et Gbagbo pour casser cette tendance".
Dans un contexte toujours fragile, "Ouattara doit démontrer qu`il est le président de tous les Ivoiriens", avance Christian Bouquet, professeur de géographie à l`université de Bordeaux (France) et auteur d`une "Géopolitique de la Côte d`Ivoire".
Ex-parti unique relégué au rôle de second, le Parti démocratique de Côte d`Ivoire (PDCI) de M. Bédié, bastion du groupe ethnique akan (centre, sud), est devenu après des années de déchirements l`allié principal de M. Ouattara entre les deux tours de la présidentielle de novembre 2010.
Le PDCI "va peut-être se crisper, surtout si le RDR profite des résultats des législatives pour s`arroger tous les postes-clés", alerte M. Bouquet. "Ouattara sait que se séparer du PDCI serait mortel pour lui et qu`il doit rassurer les Ivoiriens", assure le diplomate.
Le maintien du chef de l`ex-rébellion Guillaume Soro au poste de Premier ministre, pourrait cependant renforcer les frustrations dans les rangs du PDCI, à qui ce poste a été promis fin 2010.
Mais c`est surtout en direction du camp Gbagbo que des gestes devraient être faits: la réconciliation est plus que jamais au point mort après le transfèrement de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l`humanité et le boycott des législatives.
Le régime, juge Gilles Yabi, doit s`inscrire dans "une logique d`ouverture" et rechercher un "large consensus" avec les organisations de la société civile et les partis non représentés à l`Assemblée.
"La main a toujours été tendue", réplique le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné